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la feuille volante

L'ENFER - DANTE.

N°663– Juillet 2013.

L'ENFER - DANTE.

Dante (1265-1321) fait partie de ces célèbres auteurs dont on ne retient même pas le nom de famille (Alighieri), un peu comme pour Rousseau pour qui on privilégiait le prénom (je me souviens que certains de mes professeurs de français l'appelaient parfois Jean-Jacques) sans doute par affection parce qu'ils ont exprimé quelque chose de profondément humain.

De sa trilogie, « La divine Comédie », considérée à juste titre comme l'un des chefs-d’œuvre de la littérature, on ne retient bien souvent que « l'enfer », prenant sans doute en compte qu'il existe bien, mais ici-bas, au quotidien et en tout cas davantage que le « Paradis ». Cette œuvre commencée en 1306 est bien celle de sa vie mais on oublie aussi qu'il est l'auteur de différents traités (« De vulgaris eloquantia », » « Il convivo », « De Monarchia »). C'est, pour l'époque, une manière très originale et novatrice d'écrire puisque l'auteur se met lui-même en scène. De plus Dante écrit en langue toscane (et non pas en latin comme c'est l'usage à l'époque), c'est à dire en italien, un voyage initiatique au cours duquel il va rencontrer diverses personnalités appartenant à l'histoire, au mythe ou des contemporains de l'auteur. C'est aussi une œuvre monumentale et chrétienne, une réflexion sur la vie et sur la mort où se mélangent l'imaginaire, les allégories et l'histoire. Cela dure pendant toute la semaine sainte de l'année 1300. En compagnie de Virgile il passe les 9 cercles de l'enfer, les 7 gradins du purgatoire puis accèdent aux 9 sphères du paradis où Virgile ne pourra accéder puisque, mort avant l'avènement du Christ, il n'a pu être sauvé par Lui. C'est en revanche sa muse, Beatrice Portinari, qui va lui ouvrir les portes du Paradis où elle est déjà et le guider dans « l'empyrée », lui offrant le salut en compagnie de Saint Bernard.

Mais revenons à « L'Enfer ». Il est la première des trois parties de la « Divine Comédie » et comporte 34 chants subdivisé en tercets. Quand Lucifer fut précipité par Dieu sur la terre, sa chute forma une sorte d'entonnoir qui est l'enfer et la masse ainsi déplacée s'érigea en montagne créant le purgatoire. L'enfer est donc au centre de la terre, le domaine de Lucifer et comporte un lac gelé, le cocyte. La structure de l'enfer est composée de 9 cercles (trois fois trois qui est un nombre sacré) et plus on descend plus on s'éloigne de Dieu et plus grand est le poids des péchés. A chaque cercle de l'enfer correspond un vice.

Au début, Dante lui-même, égaré dans une forêt obscure, image du vice, tente de gravir une colline lumineuse, incarnation de la vertu . Une panthère, un lion et une louve qui sont le symbole du mal s'opposent à son passage et il rencontre Virgile qui l'invite à visiter le monde des morts. Il sera sont guide pour l'enfer et le Purgatoire. Béatrice, elle, lui montera le Paradis. Ils arrivent ensemble aux portes de l'Enfer où on peut lire cette phrase peut encourageante « Abandonnez toute espérance, vous qui entrez. », franchissent l'Achéron et Dante s'évanouit. Ensuite ils parcourent le 1° cercle, les Limbes, où sont les âmes qui n'ont pas reçu le baptême comme Virgile et comme Homère. Dans ce cercle Dante rencontre d'autres grands hommes. Dans le deuxième cercle est réservé aux « pécheurs de la chair », le troisième aux gourmands, le quatrième aux avares et aux prodigues, le cinquième où se trouvent les eaux su Styx aux colériques, aux rancuniers, aux mélancoliques puis Virgile et son compagnon arrivent à la cité de Dité. Dans le sixième il rencontre les hérétiques puis dans le septième, divisé en trois girons, ce sont les violents qui y sont enfermés et tourmentés. Le huitième, appelé aussi Malesfosse est divisé en dix fossés concentriques, les bolges. On y rencontre les prévaricateurs, les hypocrites, les devins, les sorciers, les voleurs. Le neuvième cercle est réservé aux traîtres.

Dante peint ce lieu où se retrouve tout le mal de la terre et où sont châtiés ceux qui l'ont pratiqué. C'est le voyage d'un vivant parmi les morts, le témoignage d'un homme à qui Dieu a permis, par l'entremise d'un poète, d'entrevoir le monde d'après la mort. C'est donc un récit directement inspiré de la théologie du Moyen-Age, l'œuvre propitiatoire d'un pécheur quand on sait l'emprise de l’Église sur ses fidèles et la peur qu'inspirait la mort et les éternels tourments de l'enfer. C'est un récit à la fois épique et lyrique, révélateur d'une certaine forme de vérité, didactique aussi qui s'inspire largement de Virgile et d'Homère mais où chacun peut y aller de son commentaire. On ne s'en est d'ailleurs pas privé, faisant dire à Dante ce qu'il n'a probablement jamais voulu dire. On y a vu aussi et ce n'est probablement pas faux, une sorte manière de régler ses comptes notamment contre la ville de Florence qui l'a vu naître mais qui l'a exilé et où il ne repose même pas actuellement.

On peut s'interroger sur le terme « Comédie » qui n'est pas vraiment opportun dans la cas d' « l'Enfer ». C'est que, à l'époque, tout poème dont la conclusion était heureuse méritait ce nom, ce qui est le cas puisqu'il s'achève sur le Paradis, quant au terme « Divine », le thème seul le justifie amplement.

Cette lecture a pour moi quelque chose d'exceptionnel surtout lorsque, en regard de la traduction française est également écrit le texte en italien : c'est une musique.

© Hervé GAUTIER - Juillet 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com









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