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la feuille volante

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran

 

N°979– Octobre 2015

 

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran Eric-Emmanuel Schmitt – Albin Michel.

 

Finalement il n'est pas mal ce petit, Moïse, Momo comme l'appelle Ibrahim, l'épicier arabe de la rue Bleue, le seul arabe de la rue juive. A 13 ans il casse sa tire-lire pour aller aux putes, c'est sa façon à lui d'être baptisé et d'être un homme. Il y a pire comme rite de passage même s'il se sent bien seul. C'est sans doute un peu prématuré, mais il grandit plus vite que les autres enfants de son âge, puisque son père, un avocat sans cause, est viré du cabinet où il travaille et le quitte comme sa mère et son frère l'avaient fait auparavant. Sa solitude s'aggrave encore, mais il décide de faire semblant que son père est toujours avec lui, mais quand même, c'est un sacré coup… et ce n'est que le début ! Sur les conseils avisés de son ami, il apprend même à sourire et cette arme bien pacifique se révèle efficace et lui ouvre bien des portes qui auparavant lui étaient fermées. Heureusement qu'il a M. Ibrahim qui lui donne un Coran, ce qui, à un juif, est un cadeau assez original. Ce qu'il l'est encore plus c'est que son ami arabe ne lui parle pas comme un religieux mais comme un homme simple et bon qu'il est. Momo, le juif, devient Mohammed aussi naturellement que cela.

 

J'y ai lu une fable sur la tolérance, l'acceptation de l'autre tel qu'il est et non pas tel qu'on voudrait qu'il soit, comme un récit initiatique du passage de l'enfance à l'âge adulte, avec pas mal d'aphorismes sérieux et d'autres moins. Cela se veut drôle mais je ne suis pas bien sûr que cela le soit vraiment, à force de nous répéter que la vie est belle, qu'elle n'est pas triste (comme c'est écrit sur la 4° de couverture) on peut le croire, mais on n'est quand pas obligé parce que tout cela, c'est dans les romans seulement. C'était plutôt une bonne idée de nous raconter cette histoire en mélangeant à la fois les générations ( le vieil homme et l'enfant ) et les religions (le juif et l'arabe) mais ce conte philosophique, même s'il est plein d'enseignements et de bon sens, me paraît un peu trop optimiste, bien loin de la réalité, de la vraie vie...

 

C'est bien écrit, agréable à lire, poétique, émouvant parfois, humoristique souvent, plein d'un espoir un peu surréaliste, une manière de leçon de vie un peu trop idyllique. Au début, je m'attendais à autre chose ... Dans cette longue nouvelle, l'auteur renoue avec le thème de la mort, celle d'Ibrahim qu'il oppose à la vie, celle de Momo. Elle continuera celle de son ami. Eric-Emmanuel Schmitt les décline dans le cadre d'une fable qui emporte l'adhésion du lecteur même s'il garde à l'esprit qu'il est dans une fiction. Personnellement, de part mon expérience, je ne partage pas sa vision de la vie, pour autant, j'ai été conquis par son talent de conteur et je continuerai à faire perdurer, dans la cadre de la découverte de son œuvre, cette agréable sensation d'être ailleurs. Cela me réconciliera peut-être avec l'espèce humaine, sinon, tant pis pour moi !

 

J'ai abordé l’œuvre d'Eric-Emmanuel Schmitt avec « L'enfant et la dame rose » (La Feuille Volante n°749) et j'avoue que cela m'avait bien plu.

 

Hervé GAUTIER – Octobre 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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