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la feuille volante

ALABAMA SONG - Gilles LEROY

 

N°337– Avril 2009

ALABAMA SONG – Gilles LEROY– Mercure de France. [Prix Goncourt 2007]

 

 

Scott Filtzgerald est un écrivain que je n'aime pas ou plus exactement dans l'univers littéraire de qui je ne suis jamais parvenu à entrer.

 

Pour autant ici, il s'agit de Zelda, son épouse dont l'auteur nous offre une biographie tout en nous avertissant qu'il s'agit d'une fiction. On s'y perd un peu, d'autant que pour ceux qui connaissent le parcours de l'écrivain américain et de son épouse, les similitudes biographiques sont troublantes, je dirai qu'il n'y a même que cela. Entendons-nous bien, cela ne me gêne pas, c'est même plutôt bien trouvé et bien rendu. Ces deux êtres que tout oppose, ces improbables adolescents en réaction contre leur milieu qui se rencontrent, finissent par s'aimer, par se marier, par écrire [surtout lui], par connaître le succès puis la déchéance et l'oubli, c'est bien eux, même s'il leur est prêté des sentiments, des amours et des situations qui, pour être possibles n'en sont pas moins l'objet de supputations. L'auteur se glisse dans la peau de Zelda,au point de rédiger le texte à la première personne, la fait parler et confier au lecteur ses joies, ses peines, ses angoisses et notamment celle d'être phagocytée par un mari contre qui elle doit lutter...Nous sommes là dans le domaine de la création, inspirée par des faits réels et ce n'est quand même pas moi qui vais trouver à redire. C'est d'ailleurs un thème original qui mérite bien qu'on s'y attarde et qui est de nature à être le prétexte d'une réflexion. D'autre part, évoquer ces deux vies marquées par le sceau de la démesure, de l'excès, de l'autodestruction, c'était plutôt un bon sujet!

Que Zelda ait été la source d'inspiration de Scott, son pigmalion mais aussi que leur couple ait connu l'amour, la haine la déchéance, c'est là le parcours véridique d'un créateur et de son épouse qui faisaient ensemble plus qu'un ménage traditionnel que les parents de cette femme auraient sans doute rêvé pour leur fille.

Qu'elle ait trouvé la mort dans un incendie accidentel, c'est à dire de la manière (un peu différente quand même) dont on éliminait les sorcières, les folles, les rebelles, c'est plutôt une fin à sa mesure et qui lui ressemble. Que l'auteur puisse dire d'elle qu'elle ne pouvait périr dans les flammes parce qu'elle était une salamandre : c'est magique et c'est même d'une certaine manière un hommage, qu'il suppose qu'elle ait été assommée par les médicaments et que, donc, elle n'ait pas été consciente et que le sommeil l'ait fait passer directement de la léthargie à la mort, pourquoi pas?.

Qu'elle ressemblât à ces ciels d'Alabama, orageux, impétueux, diluviens, porteurs de mort aussi, puis ensuite bleus d'azur, cela c'était bien elle. Que ce récit emprunte son titre à une chanson des Doors est plutôt bienvenu... à cause des paroles.

 

Pourtant, il y a quelque chose qui me gêne dans ce récit que j'ai pourtant lu avec gourmandise et attention, quelque chose qui tient sans doute à la façon peu conventionnelle dont le texte est écrit. Il est peu convenu et volontairement provocateur, ce qui n'est pas pour me déplaire. Ce n'est pas non plus les allers et retours dans le temps qui tressent petit à petit une atmosphère un peu malsaine en tout cas tout à fait propice à cette ambiance qui a baigné cette union pendant toute sa durée. Ce n'est pas non plus ce dernier chapitre plus actuel où l'auteur apparaît peut-être en filigranes, peut-être à contre-jour. Il y est question de cette impossibilité d'écrire parce que l'autre, l'amant, l'interdit. Cette lutte, c'est un peu celle de Zelda contre Scott?

 

 

©

Hervé GAUTIER – Avril 2009.

Hervé GAUTIER – Avril 2009.

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