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la feuille volante

HISTOIRE DE LA ROCHELLE – Sous la direction de Marcel Delafosse (†).

 

N°592– Août 2012.

HISTOIRE DE LA ROCHELLE – Sous la direction de Marcel Delafosse ().

Éditions Privat.

Cet ouvrage collectif publié en 2002 est une nouvelle édition reprise, complétée et augmentée d'un ancien ouvrage portant le même titre, chez le même éditeur dans la collection « Pays et villes de France » publié en 1985.

Les rédacteurs sont professeurs d'Université (Robert Favreau, Etienne Trocmé), maître de recherche au CNRS (Louis Pérouas), conservateurs (Olga de Sainte-Affrique, Marcel Delafosse(†). C'est assez dire que le document qui est ainsi livré au lecteur est un ouvrage de référence sur l'histoire de cette ville d'exception depuis sa fondation jusqu'à la période contemporaine.

Cette « ville bénie des dieux » n'est principalement connue actuellement que par le festival des « Francofolies » et par les tours emblématiques de son port. Sans vouloir minimiser ces références très médiatiques, ce livre nous fait entrer dans les arcanes de l'histoire riche et palpitante de cette cité qui, au départ n'était qu'un modeste village de pêcheurs entouré de marais. A partir de l'an mil, et sans doute un peu par hasard, il se transforme en une cité qui ne cessera de grandir, de s'affirmer tout au long de sa vie pour devenir une des toutes premières villes de la côte atlantique.

Grâce à cet ouvrage extrêmement bien documenté et pédagogiquement présenté, nous voyons cette cité, depuis sa création vivre et évoluer. Elle a été tour à tour anglaise, grâce à Aliénor d'Aquitaine, française à partir de 1224, puis à nouveau anglaise à la suite du traité de Brétigny de 1360 mais a toujours marqué son attachement à la couronne de France à laquelle elle est à nouveau rattachée en 1372.

mais a toujours marqué son attachement à la couronne de France. Au début elle a abrité nombre de congrégations religieuses puis est devenue protestante et même une place forte, pour redevenir ensuite catholique surtout à partir de la fin du siège.

Le XVII° siècle correspondit à l'essor colonial, celui du commerce et de la « course » qui enrichirent la ville et la dotèrent d'une architecture riche et originale. Lui succéda le XVIII°siècle pendant lequel le catholicisme revint en force, s'établit dans la ville et avec lui l'esprit de tolérance prôné par le siècle des Lumières qui a permis la cohabitation entre les deux communautés. Il en résulta l’émergence d'une nouvelle forme de société axée notamment sur la culture et un nouvel art de vivre ensemble.

La Révolution a été à La Rochelle singulièrement modérée, loin de l’agitation parisienne. Quant au XIX° siècle, il fut « trop calme » selon l'expression des auteurs, mais le dynamisme inhérent à cette ville s'est à nouveau manifesté à la fin de cette période. La ville a consolidé son port de pêche, s'est installée dans l'industrialisation puis à nouveau dans le commerce international. Lorsque les crises successives eurent atténué ces activités, ce furent la culture, le savoir et le tourisme qui émergèrent et s'installèrent durablement.

Très tôt la cité a dû sa richesse à son port d'où partaient le sel et le vin de l'Aunis. Puis des navires ont été armés, destinés au négoce avec les pays du nord, l'Afrique et les colonies ultramarines puis les Amériques, au commerce « en droiture » et «  triangulaire », enrichissant considérablement La Rochelle et en ont fait une cité longtemps convoitée. Si la perte du Canada et le révocation de l’Édit de Nantes, les guerres l'ont affaiblie, elles ne l'ont pas anéantie. Son activité commerciale a connu des périodes fastes de grande prospérité mais elle a aussi frôlé la ruine, on l'a même menacée de destruction, mais ses habitants ont toujours su comment la faire perdurer dans une paix relative favorable au commerce et à la vie en société. Autour notamment de ses édiles, elle a su relever les nombreux défis économiques sociaux qui se sont présentés, a su affirmer sa spécificité, son originalité, son sens de l’innovation, son amour de la liberté qui font d'elle, et définitivement, une cité « belle et rebelle ».

Elle a donné à la France nombre de savants, juristes, militaires de haut rang, marins, écrivains et artistes. Son architecture urbaine exceptionnelle, son climat, sa douceur de vivre, ses attraits ont toujours fait d'elle une ville peuplée, attrayante, tolérante, véritable creuset, riche de diversités sociales et culturelle. On peut probablement regretter que Le Corbusier n'ait pas pu y donner toute la mesure de son talent mais Eugène Fromentin aurait aujourd’hui du mal à reconnaître « sa pauvre province », dans cette cité faite de pierre blanche et de toits ocres, bien différente de cette « vieille cité huguenote, grave, discrète avec ces maisons d'un luxe sévère aux façades sombres ».

L'histoire nous enseigne les grandes évolutions des idées et peuples. C'est une discipline indispensable dans le vaste domaine de la connaissance et de la culture. J'ai personnellement, et depuis toujours, une passion pour cette ville et un tel ouvrage ne peut que me conforter dans mes certitudes.

©Hervé GAUTIER – Août 2012.http://hervegautier.e-monsite.com

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