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la feuille volante

Vous plaisantez, monsieur Tanner

N° 1493- Août 2020.

 

Vous plaisantez, monsieur Tanner – Jean-Paul Dubois- Éditions de l’Olivier

 

Il faut se méfier des successions autant que des artisans qui sont destinés à rénover les immeubles qui les composent. Pour les premières on a toujours des surprises à la réception quant aux seconds, ils vous trouvent toujours de bonnes raisons pour majorer les factures et augmenter les délais tout en n’oubliant pas de vous noyer sous une montagne d’arguments techniques auxquels vous ne comprenez rien mais vous laissent dans une situation de dépendance, tout en dénigrant le travail fait auparavant par un concurrent sans oublier de se plaindre en dénonçant les impôts, les charges, la conjoncture... Tout cela vise évidemment à emporter votre accord pour le devis qui ne garantit rien, les autorisent à vous assurer qu’au moins avec eux vous faites une bonne affaire, vous avez eu raison de leur faire confiance et que ne le regretterez pas! Et s’ils vous donnent un conseil, c’est toujours un conseil d’ami, même si vous ne le connaissez ni d’Eve ni d’Adam ! Les prétextes ne manquent pas qui illustrent davantage leur imagination que leurs capacités professionnelles, la survenue de miracles permanents qui font douter de l’efficacité des sanctuaires religieux, et, bien entendu, s’il y a des erreurs, elles ne peuvent évidemment pas leur être imputées ; bref on a la désagréable impression de voyager entre incompétence et arnaque. Et gare à vous si vous êtes tenté d’exercer un droit de regard sur leur travail et pire encore si vous avez l’outrecuidance de travailler sur leur chantier. Vous n’êtes là que pour faire le chèque, vous n’êtes que le vulgaire payeur, en évitant évidemment les remarques. Et tant pis pour vos insomnies ! C’est ce qui est arrivé à Paul Tanner, documentaliste animalier qui menait une existence paisible et solitaire avant de faire l’héritage d’une vieille bâtisse à rénover.

 

Dans le panel qui nous est ici présenté, je remarque qu’il y a bien souvent des travailleurs immigrés, plus ou moins « payé au noir », illustration du concept du « travailleur détaché » ou du « plombier polonais », surtout au moment où on nous exhorte à consommer « français » pour contribuer à réduire le chômage.

 

Les artisans, tous corps de métiers confondus, sont souvent ainsi, charlatans, voleurs, vicieux, incapable, illuminés, fumistes , profiteurs... même s’il y en a , heureusement, qui font leur travail honnêtement. Ils sont à l’image de la société humaine.

 

D’après l’auteur il s’agit là d’un récit véridique qui s’est déroulé sur plusieurs années et personnellement je veux bien le croire parce que, peu ou prou, nous avons tous eu, à un moment ou à un autre, ce genre d’expérience. Ce coup de gueule, bien dans le style de Jean-Paul Dubois, est donc le bienvenu. Depuis que je lis cet auteur, j’apprécie son phrasé enlevé et surtout son humour et c’est bien sur ce ton et en courts chapitres qu’il entend traiter ce sujet pourtant sérieux et qui vous dégoûte d’être propriétaire de votre maison ou de votre appartement. Il faut en effet rire de tout parce que, dans cette société sans boussole ou on nous affirme tout et le contraire de tout avec le même sérieux, rire est vraiment tout ce qui nous reste pour supporter ce qui chaque jour nous tombe dessus.

 

 

©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com

 

 
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