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la feuille volante

Il nuovo venuto

N° 1492- Août 2020.

 

Il nuovo venuto - Marco Vichi – TEA Editeur.

 

Près de chez Bordelli, à Florence, en 1965 , un homme , Totuccio Badalamenti, a été assassiné, une paire de ciseaux plantée dans la nuque. Le commissaire ne le connaissait pas mais le voyait souvent passer dans sa Porsche rouge . Il venait du sud et c’est sans doute pour cela qu’on l’appelait « le nouveau venu ». Officiellement il était agent immobilier mais en réalité c’était un affairiste, usurier profiteur et maître chanteur qui n’était guère apprécié dans le quartier. Un tel personnage ne peut qu’avoir des appuis et cela ne va pas faciliter son enquête. Effectivement il ne trouve rien à part quelques photos de jeunes femmes dont une, celle d’une certaine Marisa, dont il aimerait bien en savoir davantage. D’autres suivront qui ont pu faire l’objet de chantage et ses investigations lui révèlent une liste de débiteurs de la victime qui pourraient être autant de meurtriers potentiels. Ça lui promet pas mal de recherches et surtout de tâtonnements et pour le meurtre, il sait seulement que la victime a été exécutée... par un gaucher ! D’autre part l’autopsie de Badalamenti révèle la présence d’une bague gravée d’un nom inconnu et avalée avant sa mort . Ça part vraiment dans tous les sens et notre commissaire est perdu, d’autant qu’il est partagé entre son devoir qui est d’élucider ce meurtre et de faire régner l’ordre public et le peu de sympathie que lui inspire la victime. Cela révèle son côté fragile et ses états d’âme.

De son côté Piras, son fidèle adjoint, est en convalescence en Sardaigne, et, au motif qu’un policier est toujours en service, s’intéresse à ce qui est officiellement le suicide de son cousin Benigno, mais un détail le trouble dont évidemment il parle par téléphone avec le commissaire et qui le fait douter de l’authenticité du suicide. Alors que Bordelli est confronté à un grand nombre de coupables potentiels, Piras n’a rien. Ce roman relate donc deux enquêtes parallèles, compliquées et pleines de rebondissements. Ce sont peut-être deux bons policiers mais malgré la qualité de leurs investigations et leur imagination, ils sont tout aussi démunis l’un que l’autre. Ils savent néanmoins pouvoir compter l’un sur l’autre.

Quand Bordelli voit un mort, cela lui rappelle la guerre qu’il a faite contre les nazis et les fascistes et à laquelle il a survécu ; il l’évoque avec pas mal d’analepses et peut-être un peu trop. Il se souvient de ses compagnons d’armes, morts eux aussi et cela ne contribue pas à lui remonter le moral. C’est pourtant des souvenirs de guerre qui vont permettre à Piras, trop jeune cependant pour l’avoir faite, d’éclaircir, avec la complicité de Bordelli, l’affaire qui l’occupe. Le commissaire observe le monde autour de lui avec l’actualité du moment, quelques jours avant les festivités de Noël et du nouvel an que l’auteur nous détaille au rythme du calendrier. Ces fêtes seront honorées comme il se doit par des recettes de cuisine écrites et réalisées pour Bordelli par son ami Ennio Bottarini dit Botta, par ailleurs familier des prisons, ce qui témoigne de la volonté de notre commissaire de toujours faire bonne chère.

Je le trouve vraiment sympathique ce commissaire, humain, émouvant et compatissant aussi, surtout quand il choisit de passer du temps à l’hôpital auprès d’un brigadier qui va mourir. C’est peut-être aussi pour lui, et à l’invite de ce collègue, une occasion de réfléchir sur le sens de son métier de policier, de la vie et de la mort. Il est toujours un peu en marge comme s’il était partagé entre ses amitiés authentiques pour les truands dont il tolère les petits écarts, sa complicité avec Rosa, l’ancienne prostituée dont peu ou prou il partage la vie, son addiction à l’alcool et au tabac, et son métier de policier. Il jette toujours sur le monde le même regard désabusé et mélancolique.

 

Comme d’habitude, j’ai lu ce roman en italien, pour le plaisir de la langue et aussi parce que, à ma connaissance il n’y a pas de traduction. J’ai goûté le suspense mais j’ai noté quand même quelques longueurs.

 

©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com

 

 
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