la feuille volante

La méthode du crocodile

N° 1514 – Novembre 2020

 

La méthode du crocodile – Maurizio de Giovanni - Fleuve Noir.

Traduit de l’italien par Jean Luc Defromont.

 

A la suite d’une dénonciation malveillante, l’inspecteur Guiseppe Lojacono, accusé d’avoir eu des contacts avec la Mafia est déplacé d’Agrigente en Sicile à Naples. Comme un drame n’arrive jamais seul, sa femme l’a quitté le privant de la présence de sa fille, ses collègues le méprisent, sauf peut-être le brigadier Guiffrè  et il est carrément mis sur la touche. Un soir qu’il était de garde, il constate la mort d’un adolescent tué d’une balle dans la tête devant chez lui avec autour de son corps des mouchoirs en papier imbibés de larmes comme si l’assassin avait pleuré ! Plus tard deux jeunes de milieux sociaux différents sont également assassinés selon le même mode opératoire avec toujours autour d’eux les mêmes mouchoirs et la presse locale parle alors d’un homme qu’elle surnomme « le crocodile » qui, selon la légende pleure avant d’exécuter ses victimes. Malgré les réticences de ses collègues, la substitut du procureur, la belle Laura Piras, l’intègre au sein de l’équipe d’enquêteurs. En effet Lojacono découvre que le tueur est un homme discret, invisible même, qui attend patiemment, dans l’ombre le moment favorable pour tuer. Ce choix d’adolescents appartenant à des couches sociales diverses et dissemblables ressemble à un acte gratuit, le fait d’un déséquilibré ou un crime rituel; le modus operandi évoque la Camorra mais Lojacono n’y croit pas trop et devant cette série de crimes atypiques décide de raisonner autrement au grand dam des autres policiers, mais, malheureusement pour eux, cette intuition, au vrai une idée un peu folle, retient l’attention de la magistrate au point qu’elle participe activement elle-même à sa mise en œuvre. Cela fait appel à la mémoire de chacun, à son intimité, au temps qui passe mais n’efface rien du désir d’une vengeance diabolique et ainsi révélera ce qui échappe aux autres enquêteurs : le mobile de tous ces meurtres que rien ne relie à priori entre eux.

 

Dans la conclusion de cette affaire, l’échec se mêlera au succès parce que Lojacono n’est finalement pas si seul. Il y a cette magistrate qui lui témoigne de l’intérêt mais aussi Letizia, la patronne de la trattoria où il prend ses repas. Ce sont ses deux véritables soutiens dans cette affaire, mais c’est une autre histoire. C’est pour L’inspecteur non seulement l’occasion de sortir de l’anonymat où la hiérarchie l’avait cantonné un peu vite mais surtout c’est la consécration de sa qualité de bon policier. Il en fait une affaire personnelle et c’est un combat entre deux solitaires, deux invisibles, un flic et un assassin, tous les deux aux prises avec leurs fantômes personnels.

 

C’est un roman policier passionnant, bien écrit, avec des analyses psychologiques pertinentes malgré un contexte difficile où des parents sont confrontés à la mort de leur enfant. L’auteur maintient, par une architecture originale, le suspense jusqu’à la fin. Ce fut pour moi un agréable moment de lecture.

 

J’ai commencé à lire les romans policiers de Maurizio de Giovanni avec la série consacrée au commissaire Ricciardi. Ici c’est un autre genre de policier qui nous est présenté et dont l’auteur déclinera ses enquêtes dans une autre suite à laquelle je serai volontiers attentif.

 

 

 
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Commentaires

  • MOUADA
    • 1. MOUADA Le 29/11/2020
    Bonjour,
    Je découvre votre blog.
    Votre écriture est juste, équilibrée, vous donnez envie de vous lire et de découvrir les livres qui vous avez appréciés.
    Merci.

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