la feuille volante

Rupture

La Feuille Volante n° 1174

Rupture – Olaf Candau – Éditions Paulsen.

 

Parce que son meilleur ami est mort et qu'il en ressent une trop grande culpabilité, l'auteur choisit de tout quitter, sa femme, sa fille en bas âge, sa maison, son métier de guide alpin pour fuir à pied à travers l'Europe. Cela peut être considéré comme une désertion, une fuite de ses responsabilités familiales et professionnelles. Cette pérégrination un peu surréaliste l'amène de France au Tibet en passant par des pays comme le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, sur la mer Caspienne sur laquelle il navigue quelques heures dangereusement. Il fait bien sûr des rencontres extraordinaires, celle d'un loup, celle d'hommes aussi paumés que lui ou simplement épris de liberté et désireux d'élargir leur horizon et de changer leur vie, celle de la police aussi. Il renoue avec la nature et la vie sauvage entre forêts, montagnes et grands espaces. Pas vraiment SDF, il est tour à tour fuyard parce que cette société ne lui convient plus, vagabond, routard, voyageur puis renoue avec la vie quand le Tibet et l'Himalaya lui offrent ses pentes à escalader. D'une certaine façon, la montagne qu'il avait quittée en France le rattrape, lui permettant, sinon de reprendre confiance, à tout le moins de mettre un point final à ses errements. Le séjour au Tibet, l'ascension du « toit du monde » est pour lui comme une thérapie . Face au défi de l'escalade, il ne songe plus à sa fuite en avant, comme si, en venant là, il avait atteint son but,. Il retrouve les gestes techniques du guide de haute montagne, son sens de l’organisation, de la logistique. Oublié ses vagabondage hasardeux avec des vêtements de récupération et une nourriture aléatoire, il redevient un professionnel de l'alpinisme avec l'envoi, depuis la France de son équipement et bénéficie même du concours d'un de ses amis, miraculeusement venu jusqu'au Tibet. Les dangers de l'ascension lui rappellent l'idée de la mort qui l'avait un peu abandonné lors de son long périple terrestre. Après tout, ce serait une « belle fin » pour un alpiniste ! Son séjour tibétain avec tout le contexte religieux et même mystique qui s'attache à cette région l'aide-t-il a se rapprocher de l'idée de Dieu ou de celle qu'il s'en fait ?

 

Je sais gré à l'auteur d'avoir, dans un post-scriptum, précisé qu'il s'agit d'une fiction. Pourtant le mot « roman » n'apparaît pas sur la page de garde comme c'est, je crois, l'habitude. A aucun moment je n'ai cru à cette histoire et surtout pas à cette crise de la quarantaine ou cette obsession du temps qui passe et de la jeunesse qui s'enfuit. Je peux comprendre qu'un bouleversement qui intervient dans la vie puisse déclencher une réaction, mais encore une fois, cette histoire ne m'a pas convaincu. Nos réflexes sont parfois imprévisibles, c'est vrai, quant à la culpabilisation dont il est question, tout cela me paraît trop artificiel, trop judéo-chrétien. Ici, Si on en croit cette histoire, c'est la vie qui a prévalu, avec, il faut le dire, une bonne dose de chance. Cela fait un peu trop figure de « happy-end ». !

 

Moi, j'ai un moment pensé à une recherche de la mort, peut-être pour rejoindre dans le néant cet ami décédé. La culpabilité qu'il ressentait face à cette mort, avait-elle besoin, pour s'éteindre, de passer par cette épreuve physique hors du commun ? Pourquoi pas ? Quant au voyage, nous savons qu'il ne guérit pas l'âme mais pour assumer son besoin de liberté, dans notre société standardisée et soumise à des contingences multiples, que l'auteur ait choisi cette forme d'action est recevable, surtout dans le contexte d'un roman ;

 

Je ne sais trop pourquoi, je suis allé au terme de ce roman, pas par intérêt en tout cas, pas non plus pour la langue, bien quelconque dans laquelle il est écrit. En réalité, je me suis un peu ennuyé.

 

© Hervé GAUTIER – Octobre 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]

 
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