la feuille volante

Dernier carnaval

La Feuille Volante n° 1232

Dernier Carnaval – Patrick Tringale.

 

Joss, un petit voyou en libération conditionnelle, cherche à vendre des objets qu'il a volés chez Korouma, un caïd de Ménilmontant. Ce n'est pas vraiment une bonne idée, non seulement parce que son butin a été maigre mais surtout parce que Joss s'est mis dans la tête de le revendre, ce qui a fortement déplut à ce Korouma qui le fait kidnapper, le menace et convint Alex, un ancien militaire exclus de l'armée pour indiscipline et frère de frère de Joss, de retrouver les traces de Gianluca di Franco, un ami du caïd disparu depuis quelques temps et dont la dernière adresse connue est Belém (Brésil). Cela ne lui laisse pas vraiment le choix et de plus ça le sortira de sa routine de tenancier d'un minable pizzeria et de ses passades sans lendemain. Le voilà donc parti pour le Brésil, mais ce n'est que le début de ses aventures. Nous sommes dans un polar et l'auteur ne mégote pas sur l'érotisme, l'alcool, la drogue, le décor interlope des bouges et des bordels parfois déguisés en respectables motels, sur les scènes incontournables de bagarres entre bandes rivales, la rencontre avec des putes, sur la corruption, les flics retors, l’organisation mafieuse qui dépouille les touristes de leur argent et de leur passeport et bien sûr cette ambiance où les êtres ne savent pas si le soir ils seront encore en vie, bref sur tout ce que ce genre littéraire à l'habitude d'exploiter. Sur place, il ne perd pas de vue sa mission mais sa situation d'étranger n'incite pas à la coopération de la population locale. Il ne tarde pas à s'apercevoir que les choses ne sont pas exactement comme il les imaginait et surtout qu'il n'était pas le seul à rechercher ce fameux Gianluca, toujours insaisissable. En tout cas, pendant ce temps Joss, désormais en rupture de conditionnelle, patiente dans sa cave et chaque jour compte s'il veut le revoir vivant.

 

Parmi la faune de gens que croise Alex, il y en a un qui tranche, c'est ce fameux et insaisissable Gianluca di Franco qui, pour être l'ami de Korouma, et à ce titre sans doute un individu peu recommandable, n'en est pas moins amateur d'art, plus spécialement attentif à l’œuvre du collectionneur et peintre impressionniste français Gustave Caillebotte. Ce roman est émaillé de nombreux renseignements sur la peinture et sur l'histoire et la géographie du Brésil, sur l'origine de certains mots, ce qui, à mes yeux est un intérêt supplémentaire, nonobstant l'ambiance de polar. On ne coupe pas non plus à la violence, au sang, laux meurtres, à une histoire d'amour entre Alex et Dalila, une belle jeune brésilienne qui accepte de l'aider à retrouver Gianluca, ni aux activité traditionnelles des délinquants avec poursuites effrénée des flics, chantage, trahison, vol spectaculaire dans une banque (un fait réel selon l'auteur) ni à des passages un peu surréalistes dont on ne sait pas s'ils sont dus à l'ivresse d'Alex, à la magie du fleuve Amazone, ou à la présence de Dalila à ses côtés. Bien sûr, puisque nous sommes au Brésil, on n'évite pas non plus la carte postale des écoles de samba, avec musique à fond et corps de femmes envoûtées par la danse et la chaleur, le carnaval qui fait tout oublier pour quelques jours et auquel chacun a à cœur de participer.

 

Je remercie Babelio et les éditions du Masque de m'avoir permis de lire ce roman. Même s'il ne m'a pas enthousiasmé, il y a peut-être un effet collatéral à cette lecture ; le texte est émaillé de phrases et de citations portugaises. Je crois que, peut-être à cause de cela, j'ai eu envie d’apprendre cette langue.

 

 

 

 

© Hervé GAUTIER – Mars 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]

 
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