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la feuille volante

J'ABANDONNE – Philippe Claudel

N°622– Janvier 2013.

J'ABANDONNE – Philippe Claudel - Éditions Balland.

L'auteur met en scène un homme simple, encore jeune mais veuf qui s'occupe comme il peut de sa fille de quelques mois. Pour vivre, il travaille à l'hôpital, mais par dans n'importe quel service. L'hypocrisie administrative lui donne le titre de psychologue mais, même si, pour exercer son emploi il faut une bonne dose de psychologie : Il est chargé d'annoncer aux familles la mort d'un proche à la suite d'un accident et d'obtenir leur accord pour prélever sur le cadavre des organes nécessaires à la vie des vivants. C'est sans doute pour cela qu'on les appelle « les hyènes », du nom de ces charognards qui attendent la mort de leurs proies pour se repaître de leurs restes.

Il a besoin de ce travail pour s'occuper de sa fille puisqu'elle n'a plus que lui au monde. Elle est toute sa vie et il voudrait qu'elle reste le plus longtemps possible dans le doux cocon de l'enfance ! Il la confie pourtant à cette baby-sitter un peu déjantée pour qui la vie se limite aux rave-parties, au piercing, à la drogue... Dans une société secouée par les difficultés économiques, avoir un travail de fonctionnaire, c'est à dire ne pas craindre le licenciement et le chômage est une sécurité à laquelle on tient. Après tout, même si, comme la plupart des gens, il n'a pas vraiment choisi ce métier, il est quand même plus sûr de le garder. Mais il vit mal ses fonctions et chaque chose dans son environnement, les mendiants dans la rue, les affiches publicitaires agressives, tout le bouleverse et son métier « lui fait mal ». Il est de plus en plus fragilisé par les événements et ce n'est pas ceux qui font son quotidien à l'hôpital qui vont lui rendre le moral.

Pourtant il n'est pas laid et pas non plus indifférent aux femmes. Il pourrait refaire sa vie, comme on dit, mais il perd de plus en plus les pédales et met en parallèle sa vie à lui et celle de cette femme encore jeune, veuve, qui vient de perdre la fille unique de 17 ans. Comme le dit son collègue, il prend peut-être trop sur lui. Apparemment, en ce qui concerne celui qui travaille avec lui, il est loin de tout cela. Il prend cet emploi comme un gagne-pain, loin des états d'âme. Il est même, d'une certain façon, très professionnel, c'est à dire froid et insensible dans l'exécution de sa tâche. Et puis, du côté personnel, il est plutôt superficiel, ne s'encombre pas de détails, pour lui son univers c'est les matchs de foot, les conversations salaces, les apparences hypocrites et la machine à café. C'est à peu près tout.

Et puis tout d'un coup, parce qu'il est en face de cette femme qui pleure, cette femme qui a perdu sa fille qu'elle ne reverra plus, qui est tout d'un coup l’image de tout ceux qui ont perdu un proche, il pète les plombs, porte le deuil de tous les morts, en veut à son collège d'être aussi primaire et obnubilé par ce sale métier, veut se donner la mort, revit à son tour le moment où on lui a annoncé qu'un drame s'était produit lors de la naissance de sa fille et qu'il fallait qu'il vienne à la clinique.... Celui qui lui a annoncé cela faisait le même métier que lui. La vie sera peut-être la plus forte ?

Comme pour beaucoup d'écrivains, j'ai rencontré Philippe Claudel par hasard. Après tout la publication, les librairies et les bibliothèques sont faites pour cela. J'apprécie chez lui le style fluide qui m'engage à poursuivre mon parcours de lecteur, même si ici je n’ai pas vraiment ressenti du plaisir à cette lecture, à cause du thème choisi peut-être ?.

 

©Hervé GAUTIER – Janvier 2013.http://hervegautier.e-monsite.com

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