la feuille volante

PIERRE AUTIZE.

  • A PROPOS DE PIERRE AUTIZE.

    Je publie à nouveau ce texte déjà ancien pour que Pierre Autize ne soit pas oublié.

     

    N°41

    Avril 1990

     

     

     

    A PROPOS DE PIERRE AUTIZE.

     

    Dans le prolongement du n°57 de Poètes Niortais consacré Pierre Autize, je voudrais ici, de nouveau, jeter un regard sur l’œuvre de ce «poète du terroir », comme il aime à être appelé.

     

    Cette manière d’aborder ses écrits contenus dans vingt sept recueils et surtout des dizaines de revues de poésie auxquelles il participe activement, est nécessairement subjective. Dans une étude que je lui ai consacrée en 1988, il m’a paru intéressant d’analyser sa poétique sous le double éclairage du «poète de la condition humaine » et du «poète naïf ».

     

    Avant tout, le professeur de Lettres qu’il a été s’est toujours attaché à la forme, rappelant à l’occasion qu’il est un poète classique, c’est à dire que si, comme créateur, il privilégie l’inspiration, il n’en bannit pas moins l’écriture automatique, respectant scrupuleusement les règles de la prosodie qui, à ses yeux, ne sont pas une entrave à l’expression poétique. Ainsi égrène-t-il les ballades, rondels, sonnets et autres rondeaux…

     

    Cette étude a révélé un personnage plein de paradoxes et, contrairement à la première impression qu’on peut avoir de lui, il est d’abord le « poète de l’humaine condition » et ce n’est pas sans raison que Bernard Aurore l’a dit «poète-paysan ». De son terroir du Bas-Poitou, et donc de l’humanité, il a dit les peines, les joies, le dur labeur qui était celui de ses parents, de ses ancêtres. De sa famille il a retracé le parcours difficile, la vie ingrate qui n’ont pas, pour autant, laissé le citadin qu’il a toujours été insensible au travail de l’homme, aux injustices de la société, à la solitude.

     

    Si les épreuves ne l’ont pas épargné, si deuils et douleurs m’ont meurtri, il semble que l’écriture ait été pour lui une invite à exorciser ce mal, à panser ces plaies. Comme chacun, il a connu le doute, l’amour et l’amitié, mais lui en a parlé…

     

    En effet, quand on connaît cet homme, on ne peut pas ne pas être frappé par l’importance qu’il accorde à l’amitié de ses semblables et l’intimité qui est la sienne nous est rapportée dans ses poèmes. Ce n’est pas abusivement qu’on parle toujours de lui comme «le poète de la joie de vivre » ; il ne dément pas ce qualificatif, cherchant délibérément ce qui est bien dans la vie et en excluant tout ce qui est mal. C’est un a priori qui le caractérise bien et il convient de le respecter…

     

    Un autre aspect de son écriture me paraît intéressant : c’est celui du «poète-naïf ». On comprendra ici que cette naïveté est toute littéraire et ne saurait être péjorative. La première chose, je l’ai dit, est que ses poèmes sont rimés et si le puriste peut trouver quelques faux-pas dans ses textes au regard de la métrique, cela reste une querelle d’experts. La seconde est la répétition des mêmes mots au point parfois que la rime se devine. Le balancement du vers quant à lui, pour être classique, n’en est pas moins un peu ronronnant.

    Le réel reste pratiquement sa seule source d’inspiration et quand il peint la nature (Le Marais Poitevin), elle ne saurait être que luxuriante, verdoyante, apaisante, accueillante. Quand Il parle de l’Autize, cette rivière à laquelle il a emprunté son nom, c’est une femme qu’il voit en elle. Son bestiaire est peuplé de «copains » à qui il donne des noms familiers et qu’il croque d’une plume alerte.

    Enfin Pierre Autize me paraît avoir gardé une âme d’enfant qui fait de lui «un poète sans angoisse ». Il reste, à mes yeux, un créateur, quelqu’un qui a, comme l’a dit Malraux, arraché quelque chose à la mort.

     

     

     

    © Hervé GAUTIER.