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la feuille volante

Rafaël ALBERTI

  • Quelques mots sur Rafaël ALBERTI [1902-1999].

     

    N°595– Octobre 2012.

    Quelques mots sur Rafaël ALBERTI [1902-1999].

     

    Cet homme qui est reconnu comme un poète espagnol majeur, membre de la « Génération de 27 »[ Ce mouvement littéraire espagnol composé majoritairement de poètes est né entre 1923 et 1927 et a disparu au moment de la Guerre Civile. Il a voulu faire la synthèse entre la poésie traditionnelle espagnole inspirée par le gongorisme et l'avant-garde esthétique européenne de l'époque illustrée notamment par le surréalisme en la faisant évoluer du classicisme vers un langage plus libre et esthétiquement plus pur] se destinait originellement à la peinture.

     

    D'origine italienne par ses deux grands-pères, Rafaël, cinquième enfant d'une famille qui en compta six, naît et grandit à Santa Maria, un petit port près de Cadix. Il reçut une éducation bourgeoise, religieuse et classique mais s’ennuya fort chez les jésuites qu'il quitta au bout de 4 ans. La mer restera un grand thème de son inspiration.

    Alors qu'il était encore adolescent, la famille s'installa à Madrid où il put s'initier à la peinture au musée du Prado. Pourtant, à la mort de son père, en 1920, il se mit à écrire. Sa santé fragile affirma cette nouvelle vocation et son premier recueil « Marinero en tierra » reçoit le Prix national de littérature. Publiée en 1925, cette œuvre lui permet d’entamer une longue et fructueuse amitié avec la poète Juan Ramon Jimenez, chef de file de la « génération de 27 ». En 1927, il est au nombre des jeunes poètes, dont Frederico Garcia Lorca, qui se réunissent pour célébrer le tricentenaire de la mort du poète baroque espagnol, Luis de Gongora.

     

    Rapidement, le gongorisme, en vogue à l'époque, laisse dans son écriture la place au surréalisme ce qui l'amène à rencontrer d'autres poètes. En 1930, il épouse Maria Terésa Leon avec qui il se consacre au théâtre. Il adhère également au parti communiste. Il présente notamment une pièce « Firmin Galàn » à la gloire d'un jeune capitaine républicain, fusillé en 1930 pour avoir soulevé la garnison de Jaca contre le pouvoir royal. Cette œuvre inaugure la nouvelle orientation de son écriture, résolument tournée vers les luttes sociales. En 1931, la seconde république est proclamée en Espagne. Il participe à la guerre civile mais à partir de 1939 s’exile en France (où il rencontre le poète chilien Pablo Neruda), en Argentine, en Italie. Après la mort de Franco il rentre en Espagne en 1977 où il meurt en 1999.

    Au pied de l'avion qui le ramena dans sa patrie il eut cette phrase qui définit bien l'esprit de transition démocratique entre l'ancienne et la nouvelle Espagne : « J'ai quitté l'Espagne avec la poing fermé et je retourne avec la main ouverte en signe de concorde entre tous les Espagnols. »

     

    La première phase de son œuvre (1925-1927) s'inscrit dans la tradition de la poésie espagnole. Il y exprime la contemplation de la nature et l'expression des sentiments. Il sacrifie ensuite au gongorisme (1928), précieux et métaphorique, emprunt d'une métrique lourde pour finalement se consacrer au surréalisme et à une versification libre. Là, son vers se peuple d'images et parfois de violence. Bizarrement, ce cycle se referme sur une œuvre consacrée aux grands comiques du cinéma muet (« Yo era un tonto y lo que he visto me a hecho dos tontos » 1929). Ensuite vient la poésie politique inspirée du marxisme révolutionnaire à partir de l'avènement de la seconde république. L'exil (1939-1977) inaugure une écriture empreinte de nostalgie.

     

    En France, ses poèmes ont été popularisés par le chanteur Paco Ibanez (notamment « A galopar » ou « Ballade de celui qui ne connut jamais Grenade »).

     

    Rafaël Alberti reste, malgré ses années d'exil, un poète représentatif de son temps et de son pays.

     

    ©Hervé GAUTIER – Octobre 2012.http://hervegautier.e-monsite.com