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la feuille volante

Valentine Goby

N°822 – Octobre 2014.

ANTONIO OU LA RESISTANCE Valentine Goby – Ronan Badel- Éditions Autrement.

On connaissait la Guerre d'Espagne vue par des écrivains engagés (Hemingway, Bernanos, Malraux...), à ma connaissance, ce conflit n'avait encore jamais été évoqué à travers les yeux d'un enfant. Nous sommes en 1939 après la victoire de Franco, Antonio, 12 ans, rejoint, avec sa mère et sa sœur, Jorge, son père interné en France au camp d'Argelès sur mer. Pour cela ils ont traversé les Pyrénées et sont internés dans un « Campo civil » réservé au femmes et aux enfants. Ces hommes n'étaient libérés que s'ils trouvaient du travail en France et la déclaration de guerre a vidé les campagnes, leur permettant ainsi d'échapper à l'enfermement. C'est heureusement ce qui arrive à Jorge.

Nous connaissons tous les grandes batailles qui ont émaillé ce conflit, les noms de généraux, les exactions de part et d'autre mais bien entendu Antonio n'a vu que l'éclatement de sa famille, son père qui s'engage dans la Milice en 1936, son enfance volée par la guerre, les réfugiés qui fuient devant les troupes fascistes. Antonio n'est qu'un enfant mais il apprend vite le français qui lui servira plus tard quand toute la famille sera libre.

Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que le républicains espagnols contre qui nous n'étions pas en guerre furent parqués comme des criminels dans le sud de la France dans des conditions indignes du « pays des droits de l'homme », au mépris des règles élémentaires de l'hospitalité et du respect de la personne humaine. Beaucoup y trouvèrent la mort à cause du froid, de la faim, des maladies et des mauvais traitements. On a parlé à ce sujet « des camps du mépris » ou même une partie de la population française locale a profité de la détresse de ces pauvres gens. Même séparés de leur famille, même maintenus prisonniers, ils n'ont pas perdu espoir en évitant le mensonge officiel qui voulait les faire revenir en Espagne où ils seraient immanquablement fusillés. Il faut aussi souligner qu'ils ne nous ont pas tenu rigueur de cette épreuve puisqu’ils ont pris une part active à la Résistance dans le cadre des FTP puisque ce combat contre le fascisme allemand était aussi le prolongement de leur guerre perdue. Ils se sont également engagés dans l'armée régulière puisqu'un contingent d'Espagnols, la 9° compagnie(la Nueve) de la 2°DB, a participé à la libération de la France et de Paris.

On a minimisé et même un peu oublié le rôle joué par ces combattants en faveur de la libération. Un tel engagement sans faille des Espagnols pour notre Patrie a amené certains chef de réseaux de résistance du sud de la France à donner leur parole de soldat d'aider, à la fin de la 2° guerre mondiale ces mêmes Espagnols a reconquérir leur pays contre Franco. Il y a même eu des coups de mains de l'autre côté de la frontière, mais le pouvoir politique s'est rapidement attaché à contrecarrer ce genre de velléités. La France ruinée par la guerre n'avait ni les moyens ni surtout l'envie d'entamer un nouveau conflit. Ce fut quand même vécu comme une trahison de la part des Espagnols. Cependant ils s'intégrèrent à la population, contribuèrent au redressement économique de la France qui mérita une nouvelle fois son qualificatif de « creuset », ce « melting pot » si cher aux USA !

Le style est naïf, simple, comme celui d'un enfant, ce qui apporte une note d’émotion dans ce récit dramatique d'une période volontairement et malheureusement oubliée par l'Histoire. Je note que cette édition a une réelle valeur pédagogique pour le maintien de cette mémoire.

©Hervé GAUTIER – Octobre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

  • ANTONIO OU LA RESISTANCE

    N°822 – Octobre 2014.

    ANTONIO OU LA RESISTANCE Valentine Goby – Ronan Badel- Éditions Autrement.

    On connaissait la Guerre d'Espagne vue par des écrivains engagés (Hemingway, Bernanos, Malraux...), à ma connaissance, ce conflit n'avait encore jamais été évoqué à travers les yeux d'un enfant. Nous sommes en 1939 après la victoire de Franco, Antonio, 12 ans, rejoint, avec sa mère et sa sœur, Jorge, son père interné en France au camp d'Argelès sur mer. Pour cela ils ont traversé les Pyrénées et sont internés dans un « Campo civil » réservé au femmes et aux enfants. Ces hommes n'étaient libérés que s'ils trouvaient du travail en France et la déclaration de guerre a vidé les campagnes, leur permettant ainsi d'échapper à l'enfermement. C'est heureusement ce qui arrive à Jorge.

    Nous connaissons tous les grandes batailles qui ont émaillé ce conflit, les noms de généraux, les exactions de part et d'autre mais bien entendu Antonio n'a vu que l'éclatement de sa famille, son père qui s'engage dans la Milice en 1936, son enfance volée par la guerre, les réfugiés qui fuient devant les troupes fascistes. Antonio n'est qu'un enfant mais il apprend vite le français qui lui servira plus tard quand toute la famille sera libre.

    Il n'est peut-être pas inutile de rappeler que le républicains espagnols contre qui nous n'étions pas en guerre furent parqués comme des criminels dans le sud de la France dans des conditions indignes du « pays des droits de l'homme », au mépris des règles élémentaires de l'hospitalité et du respect de la personne humaine. Beaucoup y trouvèrent la mort à cause du froid, de la faim, des maladies et des mauvais traitements. On a parlé à ce sujet « des camps du mépris » ou même une partie de la population française locale a profité de la détresse de ces pauvres gens. Même séparés de leur famille, même maintenus prisonniers, ils n'ont pas perdu espoir en évitant le mensonge officiel qui voulait les faire revenir en Espagne où ils seraient immanquablement fusillés. Il faut aussi souligner qu'ils ne nous ont pas tenu rigueur de cette épreuve puisqu’ils ont pris une part active à la Résistance dans le cadre des FTP puisque ce combat contre le fascisme allemand était aussi le prolongement de leur guerre perdue. Ils se sont également engagés dans l'armée régulière puisqu'un contingent d'Espagnols, la 9° compagnie(la Nueve) de la 2°DB, a participé à la libération de la France et de Paris.

    On a minimisé et même un peu oublié le rôle joué par ces combattants en faveur de la libération. Un tel engagement sans faille des Espagnols pour notre Patrie a amené certains chef de réseaux de résistance du sud de la France à donner leur parole de soldat d'aider, à la fin de la 2° guerre mondiale ces mêmes Espagnols a reconquérir leur pays contre Franco. Il y a même eu des coups de mains de l'autre côté de la frontière, mais le pouvoir politique s'est rapidement attaché à contrecarrer ce genre de velléités. La France ruinée par la guerre n'avait ni les moyens ni surtout l'envie d'entamer un nouveau conflit. Ce fut quand même vécu comme une trahison de la part des Espagnols. Cependant ils s'intégrèrent à la population, contribuèrent au redressement économique de la France qui mérita une nouvelle fois son qualificatif de « creuset », ce « melting pot » si cher aux USA !

    Le style est naïf, simple, comme celui d'un enfant, ce qui apporte une note d’émotion dans ce récit dramatique d'une période volontairement et malheureusement oubliée par l'Histoire. Je note que cette édition a une réelle valeur pédagogique pour le maintien de cette mémoire.

    ©Hervé GAUTIER – Octobre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com