UNE NUIT A POMPEI - Alain JAUBERT
- Par hervegautier
- Le 20/08/2009
- Dans Alain JAUBERT
- 0 commentaire
N°364– Aout 2009
UNE NUIT A POMPEI - Alain JAUBERT – Gallimard.
Des la première page, le ton érotique est donné par la description d'une femme nue, même s'il s'agit d'une statue, celle d'Aphrodite callipyge, quand même! Qu'elle se trouve au musée de Naples fait ressurgir des souvenirs intimes au narrateur. D'ailleurs le titre et la ville antique de Pompéi où les mœurs étaient plus que libres ne laissaient que peu de doutes sur le thème du récit. L'exergue non plus d'ailleurs qui reproduit une inscription lue sur les murs de la ville « Nous habitons ici. Que les dieux nous rendent heureux ». La référence à la nuit et la présence tutélaire du Vésuve ont, elles aussi, une charge sensuelle particulière, la mort qui menace la vie comme le temps émousse le désir et les performances. Après tout, tant mieux me suis-je, cela pourra être un moment agréable dans notre époque qui se veut de plus en plus moralisatrice.
Naples sera donc ce fil d'Ariane et l'auteur évoque à la fois son dépucelage, en Italie à l'âge de 18 ans puis, plus tard, alors qu'il est adulte, exactement sexagénaire nous conte des jeux amoureux dans ces ruines romaines en compagnie de deux femmes, une star de cinéma anglaise à peu près du même âge que l'auteur et une archéologue italienne beaucoup plus jeune, spécialiste des graffitis érotiques de l'antiquité romaine. Une nuit d'été, chaude à tous les sens du terme, évidemment! Le narrateur n'est pas avare de descriptions évocatrices, celles de la plastique féminine autant que les mosaïques gardées dans des cabinets secrets de la cité pompéienne, cachées à la vue de nos sociétés pudibondes mais où les anciens ne dissimulaient rien de leur appétit pour la vie et pour les plaisirs de l'amour. L'auteur se complait en descriptions où il est question de la prostitution masculine et féminine, la pédérastie étant une composante de plaisir des Romains et il n'oublie pas non plus les illustrations locales mettant en scène des ménades, satyres et des phones ... avec force détails anatomiques. Le tout est parsemé de citations latines assez gaillarde puisées pour la plupart sur les murs de Pompéi. Tout est donc réuni pour construire cette ambiance d'art de vivre à la romaine, de jouir du moment présent, et pas seulement à cause du climat!
Pendant cette nuit unique, les personnages qui ne peuvent évidemment pas se livrer constamment à des jeux sexuels, se racontent des histoires, mais toujours sur le même thème, avec, à la fin une évocation du Marquis de Sade qui paraît un peu incontournable. L'archéologue donnent des précisions « culturelles »... Mais aussi les deux femmes présentes se livrent-elle à une sorte de concours anatomique ce qui ramène le lecteur à la description de la Vénus Callipyge du début.
Alors, est-ce une évocation du mariage de l'art, de la vie et de l'obscène, de la jeunesse évanouie, de la vieillesse et de ses regrets, un moment libertin ou un hymne à la beauté des femmes, opposition entre notre civilisation plus réservée, plus censurée, mais aussi plus obsédée par le sexe et celle des Romains plus volontiers débridée et libre? Un amour de la vie et une fascination de la mort? Une opposition entre Eros et Thanatos?Est-ce l'illusion prêtée par le roman par rapport à la réalité de l'auteur? L'imagination débordante de ce dernier ou ses propos hâbleurs? Le tout ensemble peut-être!
Du style, je dirai simplement qu'il est plaisant à lire, bien écrit ... mais j'ai eu un peu de mal à aller au bout, certains passages étant un peu longs et fastidieux, parce que trop « anecdotiques ».
©Hervé GAUTIER – Aout 2009.http://hervegautier.e-monsite.com
Ajouter un commentaire