Querelle autour d'un petit cochon itilianissime à San Salvario
- Par hervegautier
- Le 28/07/2015
- Dans Amara Lakhous
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N°940– Juillet 2015
Querelle autour d'un petit cochon itilianissime à San Salvario – Amara Lakhous – Actes Sud.
Traduit de l'italien par Élise Gruau.
C'est l'histoire d'un journaliste italien, Enzo, qui devrait être à Turin en train de faire son métier mais qui est à Marseille avec une jeune et jolie finlandaise, Taïna, avec qui il espère bien coucher. Il reçoit un appel téléphonique de son rédacteur en chef l’informant que quatre albanais ont été assassinés selon le même « modus operandi ». Pour ne pas lui avouer son escapade marseillaise il invente toute une histoire abracadabrante selon laquelle ces meurtres ne seraient qu'un début dans la lutte à mort que se livrent les clans roumains et albanais et bien sûr ce scoop se retrouve en « une » du journal. Sauf que, quand on commence à mentir d'une façon aussi grossière, c'est rare si cela en se retourne pas contre le menteur. L'histoire s'emballe donc et pour faire bonne mesure on évoque une (ou plusieurs) « gorge profonde » et le « Watergate », le tout sur fond d'immigration, de fantasmes médiatiques. C'est l'occasion pour l'auteur de se livrer à une critique du journalisme autant que de la société italienne qui s'est constituée avant tout d'immigration intérieure, les Italiens du Sud remontant vers le nord pour y chercher du travail.
Et le cochon dans tout cela ? Il se prénomme Gino, il est supporter de la Juventus (eh oui) et c'est l'animal de compagnie de Joseph, un immigré nigérian du quartier populaire de San Salvario où habite Enzo et qui attend de recevoir sa famille au titre du rapprochement. Jusque là rien à redire, sauf qu'une main anonyme a décidé de lâcher le goret dans la mosquée du quartier et de filmer la scène, histoire d'y mettre un peu d'animation. Tout le monde s'y met pour protester mais Joseph qui jure n'y être pour rien, reste cloîtré dans son appartement avec Gino et ne fait confiance qu'à Enzo, rebaptisé « conciliateur », pour débrouiller tout cela. Mais voila, nous sommes en Italie et dans ce pays, il y a un personnage incontournable, « la Mamma » et Enzo en a une lui aussi, évidemment, qui l'appelle quotidiennement au téléphone depuis la Calabre où elle vit, autant dire du bout du monde ! Objectif de tout cela : marier enfin son fils de 37 ans. Et pour faciliter son projet, elle a des espionnes qui lui rendent des comptes précis au quotidien, jusque dans les moindres détails.
Ces trois moments semblent étrangers les uns par rapport aux autres Que nenni ! Nous sommes en Italie, je crois l'avoir précisé déjà, et que serait ce pays sans le foot-bal, la cuisine, la chanson, la mafia et ses « repentis » et bien entendu l'amour. Quant au quartier de San Salvario, il est le carrefour de pas mal d'ethnies et de religions et cette histoire de cochos va miner la paix sociale.
C’est aussi pour l'auteur, d'origine algérienne mais Italien d'adoption, de critiquer cette société italienne qui s'est faite elle-même d'apport de différentes provinces de ce pays sur lequel lorgnent, maintenant les immigrés de toutes nationalités.
C'est ironique, plaisant à lire [la traduction y a sans doute sa part], parfois même cynique, il y a dans ce texte toute la comédie italienne contemporaine que nous aimons. Je trouve cependant l'épilogue un peu décevant.
Hervé GAUTIER – Juillet 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
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