COSMETIQUE DE L'ENNEMI
- Par hervegautier
- Le 04/08/2014
- Dans Amélie Nothomb
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N°778 – Août 2014.
COSMETIQUE DE L'ENNEMI - Amélie Nothomb – Albin Michel.
Cela commence d'une façon un peu bizarre dans un aéroport où un homme d'affaires, Jérôme Angust attend son avion et est interpellé par un Hollandais qu'il ne connaît pas, Textor Texel. Dans ce genre de lieu de passage les conversations qu'on y tient sont d'ordinaire d'une banalité affligeante. Là non et Texel confie à Angust avoir dans son enfance perpétrer par jalousie et avec la complicité de Dieu, le meurtre d'un élève plus brillant que lui. Il s'agit bien entendu d'un crime hypothétique qui pour lui est l'occasion de développements où se mêlent la culpabilité et les croyances religieuses et personnelles quelque peu naïves. Pour Angust, cet échange devient vite insupportable puisque Texel s'accroche à lui comme la moule à son rocher. Son véritable but est de le rendre malade sans qu'on sache très bien pourquoi il l'a choisi. L'épilogue peut fournir une réponse si on y veut en voir une.
Je poursuis sans grande conviction l’exploration de l’œuvre d'Amélie Nothomb, à cause sans doute de sa notoriété littéraire. Cela au moins me permet de me faire une idée de ses livres et peut-être de pouvoir en parler. Ce roman est certes facile à lire, son écriture est fluide et agréable mais je suis resté, un peu comme à chaque fois, sur ma faim. Les aphorismes sont parfois originaux, sur le hasard, sur Dieu, sur l'amour, sur la culpabilité, sur l'existence d'un ennemi intérieur qui nous pousse à tout détruire autour de nous. J'ai personnellement peu goûté l’évocation du viol ni les développements qui vont avec, quant aux meurtres, ils tiennent, à mon sens, davantage de l'acte gratuit que de la véritable illustration d'une pulsion. Quant aux propos sur le jansénisme et sur Pascal... ! La fascination que semble éprouver Texel pour la mort m'a paru assez superficielle et pour tout dire pas crédible du tout. Cette absence de crédibilité, qui ne peut à elle seule se justifier par le fait que nous sommes dans une fiction, revient souvent dans les romans d'Amélie Nothomb. J'y vois, en ce qui me concerne, une explication pour le manque d’intérêt que je ressens à chaque fois. Les dialogues, même si parfois ils ne manquent pas d'intérêt, débouchent souvent dans une impasse à cause de la passivité voire de l’énervement d'Angust plus préoccupé par le retard de son avion que par les propos de son interlocuteur. J'avoue que j'aurais été à sa place j'aurais ressenti ce même manque d'intérêt devant ce fâcheux. Quant à la conversation qui se déroule entre ces deux hommes, même après que Telex eut révélé la vraie raison de leur rencontre, j'ai du mal à en imaginer l'authenticité, entre injures, harcèlements, mystification et invitation au meurtre à cause du sentiment de culpabilité. Que le dédoublement de la personnalité existe et que chacun d'entre nous ait sa part d'ombre, cela ne fait pas de doute, que l'on porte en soi des pulsions criminelles, pourquoi pas, que l'inconscient soit un des moteurs de nos actes, sans doute, mais quand même les fantasmes sont du domaine de l'imaginaire, quant au suicide, même s'il reste un mystère pour les autres et même pour les proches, j’ai du mal à lui donner ce genre d’explication, mais après tout je laisse à l'auteur son point de vue. Cela donne, comme à chaque fois ou presque un livre qui n'a pas réussi à assouvir la passion que j'ai pour la lecture, et je trouve cela dommage. C'est peut-être tout simplement la marque de l'auteur que d'écrire ainsi. C’est peut-être la mienne, celle d'un simple lecteur, que de ne rien comprendre à sa démarche mais franchement je n'aime guère.
©Hervé GAUTIER – Août 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
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