l'impossible retour
- Par hervegautier
- Le 04/12/2024
- Dans Amélie Nothomb
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N°1947– Décembre 2024.
L’IMPOSSIBLE RETOUR - Amélie Nothomb – Albin Michel.
Amélie Nothomb publie son habituel roman annuel.
Le thème de ce roman est un voyage au Japon qu’Amélie Nothomb est amenée à faire, en 2023, invitée par la photographe Pep Beni qui a gagné un prix qui est un voyage au Japon. Elle lui servira de guide à travers le pays. Amélie, fille de diplomate a vécu une partie de son enfance dans ce pays où elle a effectué plusieurs voyages ensuite. Elle a pour lui une véritable vénération et c’est donc une sorte de retour qu’elle effectuera. C’est l’occasion pour le lecteur d’accéder à la culture, à l’art de vivre, à la beauté, à la discipline, à la politesse nippone que retrouve avec plaisir l’auteure mais ce qui tranche avec la psychologie occidentale un peu brute incarnée par Pep. C’est pour Amélie l’occasion d’évoquer la personnalité de son père, ancien ambassadeur de Belgique au Japon, féru de culture nippone, décédé depuis, dont elle était très proche et qui lui a légué sa profonde fascination pour ce pays. Ce retour sur son passé ne se fait pas sans une bonne dose de nostalgie, mais , bizarrement, le retour à Tokyo où elle a pourtant vécu, correspond à un amnésie totale des lieux pourtant jadis fréquentés et c’est à la fois une vraie redécouverte mais aussi la manifestation du « syndrome de Stendhal » tant elle aime ce pays. Elle attribue oubli à la personnalité de son père.
Sa démarche intime avec le Japon se complète avec la relecture d’un roman de Huymans, « à rebours ». Ce thème me paraît très intéressant parce qu’il est, à mon sens, très humain dans son paradoxe même. Qu’un lieu où on est né, où on a passé sa jeunesse ou simplement qui s’est imprimé dans notre mémoire lors d’un moment fugace d’une sensibilité extrême est finalement très ordinaire tout comme l’est notre volonté d’y passer le reste de notre vie. Que ce lieu se dérobe et devienne une impossibilité définitive pour soi, me paraît certes frustrant mais assez commun, un peu comme tout ce qu’on veut réaliser pour soi et qui est constamment voué à l’échec sans que nous y puissions rien.
J’ai déjà écrit dans cette chronique que je goûtait modérément les romans d’Amélie Nothomb mais que je les lisais simplement pour être capable d’en parler puisque leur auteure fait partie du paysage littéraire. J’aime également son style fluide qui procure une agréable lecture. J’ai apprécié « Stupeur et tremblements » ainsi que « Premier sang » .Ici, sans être déçu, je ne suis que peu entré dans son voyage.
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