Aux portes du royaume animal.
- Par hervegautier
- Le 10/08/2016
- Dans Amy HEMPEL
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La Feuille Volante n°1061– Août 2016
AUX PORTES DU ROYAUME ANIMAL – Amy Hempel – Éditions Cambourakis.
Traduit de l'américain par Simone Manceau.
Il m'arrive de choisir mes lectures au hasard laissant à ce dernier le soin de me faire découvrir un auteur inconnu. Ce jour là, ce fut un recueil de nouvelles d'Amy Hempel, auteure américaine dont je ne savais absolument rien. D'autre part, j'aime bien l'univers des nouvelles, elles distillent une atmosphère parfois un peu mystérieuse à travers un thème traité et illustré souvent avec une étonnante diversité. La préface de Véronique Ovaldé faisait allusion à Chuck Palahniuk , auteur également américain, roi, selon elle, de « la fiction illimitée » et qui a permis, aux États-Unis de faire découvrir Amy Hempel. Grâce à cette « filiation », elle caractérise l'écriture de notre auteure par « la science de l'exagération et du mensonge », ce qui est un thème de réflexion intéressant et bien de nature à engager ma lecture. La préfacière voit dans l'écriture d'Amy Hempel une science délicate, la compare à des « conversations d’insomniaques ». Ses personnages sont presque toujours des femmes ce qui peut sans dénoter davantage d'êtres perdus, blessés, hantés par quelque d’obsédant. Cela dit, le phénomène de l'écriture est en effet complexe, combinant dans les proportions parfois étonnantes l'évocation du réel et les fantasmes les plus inattendus, l'imagination la plus décousue , le tout enveloppé dans un délire verbal... Reste la création qui, si on veut le voir ainsi, peut parfaitement être regardée comme un mensonge. L'inspiration, d'où qu'elle vienne, prend effectivement des libertés avec la réalité, avec la vérité objective, mais il n'y a rien là d'extraordinaire puisque c'est en quelque sorte son domaine privilégié.
Ma découverte a été totale, comme d’ailleurs ce genre d'écriture débridée qui caractérise ses seize nouvelles. On croit entrer dans une histoire, s'y intéresser, mais, rapidement, celle-ci part dans un autre sens qu'on a peut-être un peu de mal à découvrir au début puis à suivre ensuite tant le cheminement est compliqué et peut-être exagéré. Est-ce l'attrait de la nouveauté, peut-être aussi l'espoir un peu fou de découvrir un fil conducteur des textes lus, j'ai poursuivi ma lecture jusqu'à la fin parce que j'ai fait ce que je pouvais pour que ce livre ne me tombe pas des mains, histoire de voir combien de temps mon appétit de découverte allait durer. J'ai été intrigué par une phrase d'une des nouvelles où l'auteure fait dire à un de ses personnages «J'exagère pour que vous appreniez à me connaître plus vite ». Même après réflexion, cela ne me paraît pas forcément être un chemin de la connaissance bien fiable, à moins que … et cette façon de manier le mensonge, de camoufler ce qui peut être la réalité sous des dehors quelque peu exubérants est peut-être une manière de cacher une fêlure...
Je ne suis pas pour autant de ceux qui sont prompts à s'extasier devant une œuvre d'art au seul motif qu'ils n'y ont rien compris et qu'il convient, pour sortir du lot des amateurs parfois dubitatifs mais qui se veulent inspirés, de la porter aux nues. Mais quand même, je n'ai pas compris grand-chose à toutes ces histoires échevelées, je n'en ai pas retenu grand chose non plus à part peut-être le sentiment d'être passé à côté de quelque chose qui m'a complètement submergé par son mystère, son imagination créatrice et sa manière de les exprimer. Mais après tout on s'extasie bien devant les tableaux surréalistes même si j'ai du mal cependant à être de ces admirateurs !
Le livre refermé, il me reste un grand point interrogation sur l'auteure d'abord dont je n'ai sûrement pas été capable de goûter le génie créateur, sur moi-même ensuite, sans doute trop habitué par mes lectures à n'apprécier que ce qui est classique ou prétendu tel. Je ne sais pas.
Peut-être reviendrai-je vers cette auteur, peut-être pas ?.
© Hervé GAUTIER – Août 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com
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