le pasteur et ses ouailles
- Par hervegautier
- Le 28/10/2022
- Dans Andrea Camilleri
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N°1687 – Octobre 2022
Le pasteur et ses ouailles – Andrea Camilleri – Fayard.
Traduit de l’italien par Dominique Vittoz.
En Juillet 1945 on a tiré sur Mgr Peruzzo, l’évêque d’Agrigente (Sicile) qui en réchappa miraculeusement. Devant le mystère de cette agression une question restait entière : Qui a voulu tuer un homme d’Église plus engagé aux côtés des pauvres contre les grands propriétaires fonciers et le système latifundiaire que dans son rôle traditionnel de pasteur ? On évoqua une sombre vengeance personnelle d’un ex-délinquant devenu religieux du couvent de la Quisquina tout proche qui a toujours été un lieu marginal au regard des règles monastiques et dont la création remonte au XVII° siècle, l’ombre de la mafia ou du fascisme... Une enquête partisane d’un policier corrompu n’a pas, à l’époque, réussi à éclaircir cette affaire. Pourtant il semblerait que cette survie ne soit pas due uniquement aux prières de ses ouailles mais soit la conséquence directe d’un vœux quelque peu surréaliste de dix jeunes religieuses du diocèse.
Pour ce récit nous retrouvons Camilleri (1925-2019) dans un registre où on ne l’attend pas forcément, celui de l’historien, même s’il n’abandonne pas tout à fait son goût pour l’énigme. Oubliant pour un temps son emblématique commissaire Montalbano, il entreprend un travail d’historien mais aussi de méticuleux enquêteur, non pas tant sur la tentative de meurtre que sur la réalité des conséquences du vœux des dix jeunes cloîtrées. Devant une telle énigme il se pose une multitude de questions qu’il ne résout qu’avec des hypothèses où l’imagination le dispute à une solide recherche documentaire et dont il dit lui-même qu’elles ne sont pas étayées de preuves. Ce travail a au moins l’avantage d’étancher sa curiosité et son insatiable volonté d’expliquer ce mystère quelque peu mystique. Il met aussi en lumière d’intéressantes remarques sur le catholicisme et ses dogmes, comparé aux autres religions au regard du respect de la vie, du sacrifice personnel, de la charité. Ses remarques avisées sur l’espèce humaine sont d’une grande pertinence.
Il ne se départit pas de sa langue fleurie traditionnelle, vernaculaire et même quelque peu inventive qui a dû poser quelques difficultés au traducteur pour peu qu’il ne soit pas, comme lui, originaire de Sicile.
Comme toujours cela a été pour moi un bon moment de lecture.
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