Trois jours à Berlin
- Par hervegautier
- Le 19/05/2020
- Dans Christine de Mazières
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N° 1466– Mai 2020.
Trois jours à Berlin – Christine de Mazières – Sabine Wespieser Éditeur
Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, les Berlinois de l’Est sont avertis que les autorités est-allemandes n’exigeront plus d’autorisations pour passer à l’Ouest. Dès lors, ils se répandent dans la partie occidentale, le mur dont on parlait tant depuis 1961, « le mur de la honte », était désormais ouvert, c’était la fin d’une époque, et le début d’une autre, des images de liesse de calme et de liberté, le rideau de fer qui se lézarde, Mstillav Rostropovitch qui joue du violoncelle, un véritable bouleversement !
A travers les « témoignages » de citoyens allemands vivant de chaque côté, de citoyens ordinaires, de dignitaires, de dissidents, de militaires de tout grade, décontenancés ou pleins d’espoir, de dirigeants, d’étrangers de passage ou de journalistes occidentaux, qui pour certains vont se croiser, l’auteure, en mêlant fiction et réalité, nous fait partager ce qu’on été les jours et ces heures qui ont précédé et suivi cette décision qui a surpris les Allemands de l’Est autant que les gouvernants, nous rend leur impression d’assister à un moment exceptionnel où l’Histoire s’écrit sous leurs yeux face à leur destinée individuelle. Bien sûr, face à la dette colossale de la RDA, au désastre économique, à la propagande, à la privation de libertés et aux mensonges d’État les choses ne pouvaient rester en l’état perpétuellement et il fallait faire quelque chose ; il y avait Gorbatchev et sa perestroïka porteuse d’espoirs, l’ouverture de la frontière avec la Hongrie, mais quand même cette décision d’exécution immédiate et sans délai, c’était une sacrée surprise, surtout pour les membres staliniens de politburo médusés et incrédules. C’était la fin d’un monde, celui de leurs privilèges et de leurs pouvoirs exorbitants, celui aussi de cette rupture entre eux et le peuple qu’ils étaient censés représenter et qu’en réalité ils espionnaient et asservissaient. D’un côté c’est la défaite, la trahison de l’idéal socialiste, la dévastation, l’inconnu, de l’autre la joie, l’espoir, la liberté, la fraternité, mais surtout l’absence de violence.
Pour donner à ce moment extraordinaire une dimension exceptionnelle, Christine de Mazières convoque l’ange Cassiel, l’ange des larmes, sorti d’un film allégorique de Wim Wenders, celui-là même qui a renoncé à l’éternité pour l’amour d’une femme et a été condamné à errer silencieux parmi les hommes .
©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com
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