Bienvenue chez les Ch'tis - Un film de Dany Boon.
- Par hervegautier
- Le 29/03/2009
- Dans cinéma français
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N°321– Décembre 2008
Bienvenue chez les Ch’tis – Un film de Dany Boon.
Dans ma mémoire cinématographique de plus en plus mauvaise le personnage du facteur avait acquis ses lettres de noblesse grâce à Jacques Tati.
Le nord, que je ne connais toujours pas et où je n’ai jamais mis les pieds restera définitivement évoqué par la chanson de Pierre Bachelet autant que par celle du plus que méridional Enrico Macias et celle de Jacques Brel, évidemment ! C’est que j’ai depuis toujours mes racines au sud de la Loire, cette frontière qui coupe inégalement la France en deux à bien des points de vue… et je dois dire que, ne serait-ce que du point de vue climat, cela me va bien ! Bref, sans l’exagération viscérale de Michel Galabru, cette région, pour moi, c’était un peu cela !
Ce film fait un peu dans les idées reçues. Les facteurs alcooliques, il y en a partout, c’est même plus qu’une institution. Cela pourrait nourrir la velléité de certains technocrates désireux de supprimer le Service Public. Après tout, François, le préposé-héros de « jour de fête » n’était pas vraiment sobre. Quant au décor, les corons, les terrils, les pavés et les champs de betteraves… Tout cela n’était pas vraiment attirant. L’épisode de Bergues, l’ancienne ville minière, le montre bien !
Reste la chaleur humaine, le sens de l’accueil, le sens de l’hospitalité traditionnel et proverbiale, cela j’en avais entendu parler.
Le film, en fait une somme de gags, c’est l’histoire un peu banale d’un receveur des Postes du Midi qui, à la suite d’un subterfuge grossier qui se retourne contre lui, se retrouve muté disciplinairement et pour deux ans dans le département du Pas-de-Calais. Il y arrive « à reculons », comme on pénètre à regret dans un territoire étranger dont on ne connaît ni la langue, ni les coutumes, ni les habitudes culinaires, ni même les autochtones qu’on prend un peu pour des extra-terrestres. Forcément, quand on vient du pays du soleil, le ciel plombé et les températures hivernales en dessous de 0, cela n’attire guère ! Tout cela fait de lui un « célibataire géographique » dont la Fonction Publique a le secret.
Pourtant, il doit bien y avoir une alchimie dans ces contrées éloignées et soi-disant inhospitalières puisque, le moment d’acclimatation passé, celui qui avait peur de s’ennuyer non seulement ne voit plus le temps passer mais surtout va avoir recours à des grossières idées reçues pour décourager son épouse de le rejoindre. Cela se fait pourtant et elle aussi tombe sous le charme, et cela dure trois ans. Enrico qui s’y connaissait n’a pas dit autre chose « Les gens du nord ont dans les yeux le bleu qui manque à leur décor…ont dans le cœur le soleil qu’ils n’ont pas dehors »… Mais ils repartent vers le sud, parce que, même s’ils finissent par aimer cette région… ils la quittent, même si c’est avec beaucoup de regrets! « Quand un étranger vient vivre dans ch’nord, il brait deux fois : quand il arrive et quand il repart ». Dont acte !
Ce que je retiens, ce n’est pas tant le côté comique indéniable, mais le côté humain, l’émotion aussi, parce que cela reste, à mon sens, un film bouleversant comme l’est la dernière image, Kad Mourad au bord des larmes tombant dans les bras de Dany Boon. Il n’y a plus de rapports hiérarchiques entre les hommes au contraire, il naît même entre eux une complicité authentique.
C’est peut-être moins marquant, mais une des dernières phrases adressées par un agent des Postes à son directeur sonne quand même comme un reproche, non seulement il part mais, lui aussi est bien comme les autres, il vient ici pour faire sa carrière puis, la mutation ou l’avancement obtenus, il s’en va. Et le charme tissé par cette histoire, la complicité sont rompus.
C’est un véritable hymne à sa région que nous offre Dany Boon, mais c’est aussi l’invitation pour chacun d’entre nous à aimer l’endroit où il vit, parce que nous avons la chance d’habiter un beau pays aux multiples visages que bien des gens nous envient. On le savait déjà, mais il n’y a pas que Paris en France ! C’est une façon de voir le bon côté des choses, l’invitation à rire de soi, même si on n’est jamais très loin de la caricature, une manière d’être tolérant, et cela, ça me plaît bien ! Quoi d’étonnant qu’au palmarès des hommes de l’année Dany Boon, qui a reçu chez lui une ovation digne des joueurs de foot vainqueurs de la coupe du Monde, passe devant tout le monde, hommes politiques compris !
Alors, merci Biloute !
Hervé GAUTIER – Décembre 2008.http://hervegautier.e-monsite.com
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