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la feuille volante

NI A VENDRE NI A LOUER – Un film de Pascal Rabaté.

 

N°532– Juillet 2011.

NI A VENDRE NI A LOUER Un film de Pascal Rabaté.

 

Il est des œuvres dont on parle beaucoup à leur sortie, qu'on rattache à une parenté parfois prestigieuse ou originale mais qui, au bout du compte, sans vraiment décevoir, laissent un goût d'autant plus amer qu'on s'attendait à mieux.

 

Qu'avons nous ? Une petite station balnéaire un peu quelconque de Loire-Atlantique où vont se retrouver, l'espace d'un week-end des personnages aussi hétéroclites que cette période des vacances peut mettre en situation : un couple de retraités qui regagne sa maisonnette en bord de mer, deux familles qui campent, un supermarché vide dont les codes-barres sont le seul intérêt, un couple de punk avec chiens, un enterrement, un cadre en mosaïque à demi terminé par le défunt, une histoire de cerf-volant perdu qui provoque un adultère, un épisode sado-maso dans une chambre d'hôtel, un lapin à contre-emploi, deux golfeurs un peu imposteurs et, pour finir un spectacle franchement minable où un chanteur nous répète que « les vacances à la mer, c'est super ! ». Le tout sans vraiment de dialogue, avec seulement des bruits de fond ou des onomatopées et sur une musique entrainante et épisodique. C'est donc une mosaïque de personnages qui ne se rencontrent pratiquement pas, une succession de saynètes indépendantes les unes des autres où les gags fleurissent sans, à mon sens, jamais convaincre vraiment.

 

Le décor, les personnages, le scénario (s'il y en a un), l'absence de dialogue (ce qui n'en fait pas pour autant un film muet), évoquent Jacques Tati[« Les vacances de M. Hulot » (1953)]. C'est sans doute pour cela qu'on a qualifié ce film de génial, même si de son vivant Jacques Tati n'a pas vraiment convaincu dans ce domaine et qu'on a attendu qu'il soit mort pour s'intéresser à son œuvre cinématographique et pour lui trouver du génie ! Tati s'était approprié un phénomène récent, les vacances populaires, l'avait traité avec cet humour décalé qui faisait son originalité. Mais ici, il me semble que, malgré une touche de tendresse, les gags sont parfois un peu trop forcés et caricaturaux, parfois un peu trop répétitifs aussi. Le comique existe pourtant, c'est indéniable, mais c'est plutôt une succession de cartes postales animées, burlesques et dérisoires, mais sans la poésie que la spectateur était en droit d'attendre eu égard à la filiation annoncée de ce film. Pascal Rabaté se différencie de Tati en ce sens qu'il actualise son message par la prise en compte de l'échangisme, genre amour de vacances, le phénomène sado-maso, le camp de nudistes ou l'homosexualité punk. Pourtant je m'attendais à une sorte de fresque sociologique, une peinture de la société française comme aimait à le faire l'auteur de « Mon oncle ». Seule peut-être l'émotion prévaut autour de la mort de l'époux ou de la prise en compte un peu furtive de la fuite du temps à travers le dessin de la petite fille qui a grandi et qui est maintenant devenue une femme.

 

Le film est cependant servi par un choix d'artistes dont le talent n'est pas assez mis en valeur par le parti-pris de l'absence de dialogue. On pouvait s'attendre à ce que le comique, voire l'émotion, naissent de de l'expression ou de la seule situation. C'était une volonté louable, mais cela ne fonctionne pas toujours, malheureusement. J'ai assisté à une sorte d'exercice de style un peu décevant et sans réel rythme où le comique que j'aime tant chez Tati n'était pas vraiment au rendez-vous.

  ©Hervé GAUTIER – juillet 2011.http://hervegautier.e-monsite.com

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