Ils vont tous bien
- Par ervian
- Le 18/06/2025
- Dans Cinéma italien
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N°1986 – Juin 2025.
Ils vont tous bien (Tutti stanno bene) - Un film de Guiseppe Tornatore (1991)
Matteo Scuro (Marcello Mastroianni) est un veuf sicilien de 74 ans, obscur( comme son nom l'indique) retraité de l’État-civil qui vit dans un monde peuplé de souvenirs et de questions naïves. Avec Angela, sa femme décédée mais à qui il parle constamment, ils ont eu cinq enfants à qui ils ont donné des prénoms de personnages d'opéra à cause de la passion de Matteo pour cet art. Ils ont tous réussi et font la fierté de leur père mais la vie les a dispersés dans toute l'Italie et ils ne se manifestent que très rarement, trop occupés sans doute. Il les a, encore une fois, invités à un repas familial comme il le fait chaque été, mais personne n'est venu. Il décide donc de leur rendre visite, sans les prévenir, pour leur faire une surprise.
Ce voyage qui sera probablement le dernier pour Matteo est une dure prise de conscience de la réalité. Non seulement la réussite de ses enfants n'existe pas comme il le croyait ainsi que le souligne le rôle de sa fille Tosca (Valeria Cavalli). Il prend conscience que les choses ont changé sans qu'il s'en rende compte, les villes sont devenues bruyantes, spectrales, les habitants individualistes, violents, indifférents, pressés, à l'images de ces gares où les gens se figent, où les oiseaux viennent mourir dans la fontaine de Trevi. Cette évidence va petit à petit lui s'insinuer en lui, avec sa rencontre imprévue dans un train avec une vieille dame apaisée et clairvoyante (Michèle Morgan) qui l'aidera sans doute à accepter les choses avec lucidité avant de mourir, même s'il ne comprend pas tout ce qu'il voit. Il finira par réunir sa petite famille autour de lui, mais pas vraiment comme il l'aurait voulu et restera, ou fera semblant de rester dans cet ancien monde plein de nostalgie en confiant à son épouse la conclusion de son voyage. "Ils vont tous bien" lui dira-t-il, alors qu'il n'en est rien.
Il y a une dimension symbolique à travers le voyage qu'effectue Matteo venu du sud avec ses valeurs familiales et le contexte de pauvreté. Ses enfants ont émigré vers le nord et ses grandes villes à la recherche d'une vie meilleure, pas forcément au rendez-vous.
Après le succès de "Cinema paradiso", ce troisième film du même réalisateur s'inscrit, sur une musique d'Ennio Morricone, dans la nostalgie du changement irrémédiable des choses qu'on ne maîtrise pas mais qu'on peut seulement constater, impuissant. Ce film est aussi un hommage à Frederico Fellini et Ettore Scola. C'est un des derniers rôles de Mastroianni, décédé en 1996, qui campe ici un vieil homme, à la fois solitaire et déphasé mais avec une dimension à la fois pathétique et poétique
Ce film date de 1990 et a été remastérisé récemment.
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