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la feuille volante

Lettres sicilennes

N°1977– Avril 2025.

 

Lettres siciliennes (iddu) - Un film de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza -(sorti en avril 2025 en France)

 

La mafia est indissociable de l'Italie et particulièrement de la Sicile dont elle est le berceau. Elle a beaucoup inspiré les auteurs, surtout italiens.

Nous sommes au début des années 2000 Catello Palumbo (Toni Servillo) sort d'une longue peine de prison pour collusion avec la mafia. C'est un homme politique aguerri, ancien maire, ancien proviseur, rusé, mais il a tout perdu. Il est approché par les services secrets italiens pour aider à capturer son filleul, Matteo Messina Denaro (Elio Germano) surnommé Iddu(celui qu'on ne nomme pas), successeur de son défunt père, dernier chef maffieux en cavale depuis de nombreuses années. qui vit reclus chez une veuve (Barbora Bobulova) qui le protège parce qu'il a tué l'assassin de son mari, tout en continuant à se cultiver par la lecture, ce qui tranche sur l'analphabétisme traditionnel des maffieux, et à régler ses affaires sous des prête-noms. Il est ainsi devenu une sorte de fantôme propice à la légende. C'est pour Catello l'occasion unique de revenir sur le devant de la scène politique. Nous assistons donc à la lutte de deux personnalités de générations différentes, l'un qui collabore avec la police malgré les risques, l'autre qui se cache. Catello entame donc avec Matteo une correspondance faites de feuilles pliées et scotchées, les pizzini, d’où le titre du film, livrées par des intermédiaires dévoués. C'est un film inspiré de faits réels mais largement ouvert à l'imagination des auteurs.

Les réalisateurs qui avaient déjà traité de ce sujet (Salvo en 2013, Sicilian ghost story en 2017), mais pas vraiment de la même manière, nous offrent ici avec un scenario un peu confus et malgré un épilogue tragique, une comédie noire un peu burlesque avec suspens, sur un mafieux en cavale et son parrain, tous deux également égocentriques et orgueilleux où ils montrent que la mafia infiltre toutes les couches de la société, où tout le monde se méfie de tout le monde mais aussi où les femmes, même si elles sont reléguées un rôle domestique traditionnel ne se gênent pas pour critiquer les hommes qui les entourent. Une mention particulière pour la jeune et intègre policière (Daniela Marra) qui sera broyée par cette lutte contre la maffia qui la dépasse, face à une hiérarchie policière qui temporise.

Malgré la talentueuse prestation de Tony Servillo, célèbre acteur italien multi récompensé, et également celle de Elio Germano, le film m'a paru sonner faux. Le scénario est librement inspiré de la vie de Denaro, le plus recherché d'Italie, condamné plusieurs fois à perpétuité par contumace pour de nombreux meurtres, attentats, enlèvements et pour son rôle dans l'assassinat des juges Falcone et Borselino en 1992. Il est mort en hôpital-prison à 61 ans après 30 ans de cavale à cause d'un cancer qu'il soignait sous un faux nom dans une clinique privée de Palerme où la police le cueillit en 2023. Une vie et une fin tristes à la mesure de ce triste personnage.

Pour le film, je suis un peu déçu quand même.

 
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