la feuille volante

Le dernier thé de maître Sohô

N°1983– Mai 2025.

 

Le dernier thé de maître Sohô - Cyril Gely - Arléa.

 

Nous somme en en 1853 et le Japon s'ouvre au monde, notamment par le commerce. Ibukii est une jeune femme qui veut bousculer les traditions et devenir samouraï, une carrière pourtant exclusivement réservée aux hommes. Elle refuse de vendre du saké comme son père. de se marier avec Matsuo à qui elle est très attachée, c'est à dire renonce à un avenir à la fois confortable et lucratif. Avec l'évolution des choses, la volonté de l'empereur, le Japon a cessé d'être un pays traditionnel de guerriers pour se tourner vers la modernité, vers l'avenir où les samouraïs n'ont plus leur place et trahissent parfois leur idéal pour survivre. Apprendre la voie du sabre suppose le déguisement d'Ibuki en garçon et son départ pour la lointaine maison de Sohô, un vieux maître samouraï, retiré du monde et qui se consacre à la méditation. Le long trajet effectué par Ibuki à pied, par tous les temps, a quelque chose d'initiatique.

C'est une rencontre de deux personnages que rien ne prédisposait à se croiser et qui vont faire ensemble un parcours exceptionnel, l'un respectant l'autre, avec ce jeu subtil du travestissement de la jeune fille sans qu'on sache vraiment jusqu'à quel point le vieil homme en est dupe. Il s'ensuit tout un apprentissage ésotérique pour Ibuki et un retour à la vie pour Sohô où il est question de sabre, de code d'honneur mais aussi de thé, toute une philosophie, tout un paradoxe aussi puisque le premier prend la vie et le second la donne. Ces deux destins complices, se réaliseront chacun à leur manière, mais dans une sorte de halo lumineux où l'expérience de l'un enrichie la connaissance de l'autre dans un monde qui s'efface et un autre qui naît .

C'est bien écrit avec des phrases courtes et une narration agréable, dans un style très japonais. J’ai lu ce roman comme un conte poétique qui se déroule hors du temps. J'ai apprécié autant le dépaysement que le décor traditionnel, la documentation spécifiquement nippone avec un intérêt tout particulier pour les différentes catégories de thé et la cérémonie de leur préparation dont l'auteur parle avec plaisir et l'écriture du "jiseiku", un poème à forme fixe (cinq vers et trente et une syllabes) et que le samouraï écrit avant de quitter la vie. j'ai aussi aimé l'épilogue où l'attachement de de Sohô à Ibuki perdure par-delà la mort du vieil homme, à travers les saveurs du thé.

Ce fut pour moi un bon moment de lecture.

 
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