Nous voulons tous être sauvés
- Par hervegautier
- Le 21/07/2023
- Dans Daniele MENCARELLI
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N°1762– Juillet 2023
Nous voulons tous être sauvés – Daniele Mencarelli – Globe.
Traduit de l’italien par Nathalie Bauer.
Qu’est-il arrivé à Daniele, vingt ans ? Il a , sans raison, quitté son travail et vandalisé l’appartement de ses parents, manquant de tuer son père, sans doute à cause de la coke qu’il a auparavant sniffée ? Une sorte de « pétage de plombs » ! C’est sa manière à lui d’exprimer son malheur et sa solitude face au monde extérieur. Résultat, il s’est retrouvé hospitalisé d’office, c’est à dire sans son consentement, dans un établissement psychiatrique autrement dit, enfermé pour huit jours, dans la touffeur de la campagne romaine, à la veille de la coupe du monde de football 1994. Les différents matches scanderont cette histoire. De cette période d’observation dépendra son avenir.
Il nous décrit donc cette semaine passée dans un univers quasi carcéral fait de brimades d’incompréhensions et de médicaments, enfermé dans une chambre collective malodorante avec des adultes ; c’est plutôt dépriment. Il est marqué par ce qu’on diagnostique chez lui comme une maladie mentale et il fait confiance aux soignants pour l’aider à en sortir. Il participe aux séries de tests, montre une volonté de guérir mais s’aperçoit très vite que cette démarche ne débouche sur rien. Au départ, il est terrifié par cet environnement mais rapidement il s’aperçoit que ces pensionnaires vont l’écouter et le comprendre. Il peut en effet parler de l’importance qu’a pour lui l’écriture qui, sous la forme de poèmes, représente un refuge, un exorcisme face à son inadaptation à la vie née d’une certaine nostalgie.
Il s’interroge sur le véritable sens de la folie née parfois simplement d’un fait banal, d’une fragilité et jette sur la thérapie et sur les médecins un regard critique. Chacun vit cette période à sa manière ce qui constitue une forme de salut mais la réponse médicale qui devrait être l’écoute, n’existe pas. En général, on ne prête pas d’importance aux fous parce qu’ils ne sont pas dans la norme, parce qu’ils sont dans leur monde et c’est ce que va découvrir Daniele pendant cette semaine. Quant à la guérison et au retour au quotidien ordinaire, ils sont décrétés parfois arbitrairement. Dans le cas de Daniele, il restera quoiqu’il en soit, un inadapté définitif à la vie.
C’est une approche de ce qu’on appelle la folie dans ses différentes facettes et son unique solution : l’enfermement avec une camisole chimique qui est quand même mieux que l’externement abusif qui est aussi la règle dans le traitement psychiatrique. Pour Daniele cela ressemblent à un enfer et la référence à Rimbaud, à sa saison en enfer et à sa formule « Je est un autre » n’est pas un hasard. Avec la covid nous avons appris que la médecine n’est pas une science exacte, la thérapie développée par les psys parait un peu approximative tant il est vrai que des expertises judiciaires pratiquées sur certains accusés pour analyser leur personnalité et leur maladie ont parfois donné des résultats contradictoires, affectant la manifestation de la vérité et qu’un patient peut parfaitement circonvenir son psychiatre.
C’est écrit comme on parle et j’attends quand même d’un livre qu’il soit bien écrit.
Au départ j’ai été assez réticent à lire ce livre à cause sans doute de l’univers qu’il décrivait. Au fil des pages mon intérêt a été suscité et j’ai poursuivi ma lecture avec une certaine curiosité.
Ce roman a été en Italie par le Prix « Strega Giovanni » qui est l’équivalent du Goncourt des lycéens
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