NIORT – Portrait de ville – Jean Pierre Andrault - Christophe Gauriaud.- Geste Editions.
- Par hervegautier
- Le 30/03/2009
- Dans Editions locales
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N°281 – Octobre 2007
NIORT – Portrait de ville – Jean Pierre Andrault - Christophe Gauriaud.- Geste Editions.
A quoi reconnaît-on qu'un homme, Jean Pierre Andrault, aime sa ville natale? Au fait qu'il lui consacre un livre où il en parle avec faconde. Peut-être, mais beaucoup d'ouvrages ont déjà été publiés sur Niort et les esprits chagrins ne vont pas manquer de penser que ce ne sera jamais qu'un volume de plus sur le même sujet. Et puis est-ce nécessaire d'être né dans une ville pour la célébrer ainsi avec des mots et des images? Cette ville, un peu oubliée en Poitou-Charentes, que beaucoup de Français ont du mal à situer sur la carte, existe pourtant, entre Poitiers, aristocrate et universitaire et La Rochelle, historique, maritime et touristique... C'est une ville moyenne où il fait certes bon vivre, mais qui ne fait pas rêver, au point que les Niortais eux-mêmes ne sont pas tendres avec leur cité.
Et puis il y a les vieilles idées bien ancrées jusque dans les dictons, des certitudes puisées dans l'histoire ou les petites histoires, des lieux communs entretenus depuis longtemps et selon l'un d'entre eux elle serait, un peu paradoxalement « une ville à la campagne », une « planète »où vivraient des êtres différents, sans qu'on sache vraiment pourquoi ils le sont, une ville qui vivrait au rythme lent de son fleuve et où régnerait une sorte de langueur, gage d'un art de vivre original et peut-être exceptionnel. Mais tout cela ne suffit pas. Le Poitou est un pays de légendes et Rabelais n'a pas oublié notre ville. Niort se mire depuis toujours dans l'eau, celle de la mer d'abord, mais il y a longtemps, et maintenant celle plus calme de la Sèvre. A quelques distance la quiétude du Marais Poitevin, par sa « fraîcheur d'aquarelle », invite au farniente et à la rêverie, à la nonchalance, à la pêche à la ligne où à la peinture...
Pour les amateurs d'histoire, la ville a pourtant donné de grands noms à la France dans bien des domaines. Rurale à l'origine et célèbre par ses foires, elle est devenue ville de garnison puis a su être industrielle, prospère, ouvrière mais aujourd'hui n'est plus qu'une riche ville administrative où souffle l'esprit mutualiste et associatif, peuplée de « cols blancs »où la culture ne serait qu'un vernis. Son habitat présente une grande diversité de styles depuis les quartiers ouvriers jusqu'aux demeures d'aristocrates ou de riches commerçants et aux réalisations plus contemporaines. Son urbanisme hésite entre grandes artères, rues médiévales, impasses ombreuses et passages secrets souvent dissimulés à la vue des passants. L'histoire l'a façonnée, alternativement anglaise, française, catholique, protestante, favorable à l'Empire ou au roi, elle est maintenant modérément républicaine, socialiste et laïque. L'Eglise, le temple et la loge maçonnique ont longtemps lutté pour leur influence. La géographie inscrit la vieille ville sur deux collines jumelles et dans un méandre de la Sèvre, ce qui fait d'elle une cité pittoresque et quelque peu indolente.
L'auteur parle opportunément de « tropisme niortais ». Tient-il à la douceur de son climat océanique, à l'ensoleillement quasi méridional, aux couleurs chaudes de calcaire et de tuiles qui dominent et serpentent dans la ville, à cet art de vivre qui existerait ici plus qu'ailleurs peut-être?
Les photos de Christophe Gauriaud ont des couleurs chaudes et dans un style agréable, technique, poétique parfois, et malgré un flot inévitable d'informations, Jean Pierre Andrault nous invite à revisiter cette ville qui est aussi la nôtre, nous incitant à lever les yeux, en nous attardant sur le détail d'une façade, l'originalité d'un haut-relief, la présence d'une enseigne, insistant sur un détail inattendu, autant de petites touches de patrimoine qui rendent cette cité attachante à qui sait la regarder.
Il fait le « portait » de Niort, comme on décrirait une personne, avec délicatesse, attention et amour.
Hervé GAUTIER - Octobre 2007.
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