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la feuille volante

Monique s'évade

N°1950– Décembre 2024.

 

Monique s’évade – Édouard Louis – Seuil.

 

Monique , c’est la mère de l’auteur. Une nuit, alors qu’il était à l’étranger, il reçoit un appel téléphonique désespéré de celle-ci lui annonçant sa décision de quitter l’homme, coléreux, violent et alcoolique, avec qui elle vivait depuis quelques années. Elle avait quitté son père pour les mêmes raisons et se retrouvait dans la même situation à laquelle elle avait voulu échapper. Cette relation n’a malheureusement rien d’exceptionnel et j’y vois l’impossibilité à échapper à son destin, un peu comme si quoiqu’on fasse on se retrouve dans la même situation que celle à laquelle on avait voulu précisément échapper.

L’auteur se remémore sa jeunesse avec ses parents, son père, violent, dénonçant l’homosexualité de son fils, sa mère adoptant une attitude passive… Suit toute série de situations où cette malheureuse femme, livrée à elle-même, doit se débrouiller seule pour reconstruire sa vie dans la solitude, ses autres enfants adultes ayant par ailleurs des difficultés pour s’occuper de leur propre famille. L’auteur, ayant réussi socialement et financièrement, se considère dans l’obligation morale de sauver sa mère et d’organiser sa fuite. C‘est ce qu’il fait tout en notant des détails bien inutiles au demeurant.

C’est malheureusement la chronique quasi ordinaire des couples qui se désagrègent au fil du temps, quelle que soit la responsabilité de chacun des deux époux. L’actualité, le procès de Gisèle Pelicot, toutes choses égales par ailleurs, remet en lumière les intolérables violences faites aux femmes qui, par un effet de balancier et après avoir été longtemps occultées, reviennent sur le devant de la scène. L’homme a bien souvent le pire rôle et l’épouse, souvent sans qualification et dans un contexte de pauvreté, ne peut que subir une vie commune à laquelle elle ne peut échapper.

 

J’ai suivi le parcours créatif d’Edouard Louis qui a largement confié à son lecteur les épisodes de sa vie qui constituent globalement son œuvre littéraire. L’évocation de son enfance, dans un premier roman, n’a guère plu à sa mère et cela peut se comprendre. C’est sans doute ce qui a motivé l’écriture de ce présent récit biographique qui prenait ainsi une dimension d’absolution. Mais la littérature peut-elle tout dire ? Est-elle nécessaire pour que l’auteur trouve dans les mots, et sous couvert d’écrire une œuvre originale, une occasion de se déculpabiliser ou de se libérer d’obsessions intimes ? J’avoue que j’ai peu adhéré aux différentes remarques de l’auteur sur la fuite de sa mère, sur ses conséquences, sur la longue impossibilité d’y recourir, sur l’homme que Monique quittait. En revanche je le suis volontiers dans son hymne à la solitude, un peu comme si elle était le symbole du bonheur auquel chaque être humain aspire pendant son passage sur terre. Je le suis aussi sur la manière émouvante d’exprimer sa fierté au regard de l’attitude de sa mère.

Le livre refermé, j’en garde une impression mitigée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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