Oxymort
- Par hervegautier
- Le 17/12/2019
- Dans Franck Bouysse
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La Feuille Volante n° 1414– Décembre 2019.
Oxymort - Franck Bouysse - Geste.
Le livre refermé, une première citation me revient "Les Tueurs sont les nègres des honnêtes gens, ils réalisent leurs fantasmes". Ce roman qui n'est pas un polar, la présence de l'officier de police étant des plus anecdotiques, son enquête pratiquement inexistante, celle du sang non plus, mais c' est bel et bien un thriller avec l'idée prégnante de la mort et où le suspense est distillé jusqu'à la fin. D'emblée nous voyons un homme enfermé et menotté dans une cave humide, qui ne s'explique pas sa présence dans ce lieu et dont la vie est menacée. Le seul moyen qu'il trouve pour tenter d'expliquer cette situation est de refaire le chemin à l'envers, de remonter le cours du temps. Au fil des pages, son histoire s'éclaircit, il est professeur de SVT, a croisé la vie de Lilly, une jolie doctorante dont maintenant il partage la vie et qui a signalé sa disparition à la police. Son souvenir lui permettra de supporter les sévices de sa détention.
Des personnages viennent s'intercaler, des collègues de travail telle Suzanne surnommée par Louis "Mlle Bovary", Hubert, son voisin qui est bien entendu amoureux-fou d'elle, Muriel, une élève du lycée où il enseigne qui a fait une tentative de suicide. C'est elle qui a défini le terme "oxymore" a l'invite du sujet de devoir proposé par Suzanne " Est-ce qu'un silence peut-être assourdissant?" Ce silence qui a peut-être présidé au geste dramatique de l'adolescente a pour reflet l'amour surréaliste qui motive les actes désespérés mais meurtriers du tortionnaire-ravisseur de Louis. C'est un travers de l'espèce humaine qui amène ceux qui sont possédés par des fantasmes pervers à des actes insensés. C'est ce même silence qui règne dans la cave dans laquelle il est enfermé, ce même silence qu'on observe pour soi-même quand on remonte le temps et que ce voyage à l'envers dans son propre parcours nous donne parfois le vertige à force d'interrogations, ce silence aussi qui enveloppe les amours impossibles qu'on garde perpétuellement pour soi et qui n'aboutiront jamais, le silence de la mort dont l'image hante tout ce roman.
Au delà du jeu de mots que contient le titre de ce roman (oxymore- oxymort") et même si j'ai eu un peu de mal a entrer dans cette intrigue, j'ai apprécié la qualité de l'écriture, l'ambiance bien loin de celle des romans de ce genre, le suspens qui tient en haleine le lecteur... C'est un roman qui se lit rapidement.
C'est un roman qui tranche sur l'habituel registre de l'auteur.
©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com.
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