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la feuille volante

LE GRAND EXIL

N°693– Novembre 2013.

LE GRAND EXIL – Franck Pavloff- Le Livre de Poche.

 

 

Dans ce roman qui se situe à Baňos de Agua Santa en Équateur les personnages qui s 'y croisent sont porteurs de symbole. Lucia tout d'abord, militante alter-mondialiste qui a fui sa famille mexicaine s’apparente à la liberté qu'elle offre aux émigrants sans rien leur demander en leur faisant passer la frontière vers les USA par les voie des airs en ULM et grâce à des relais à l'étranger. Elle tente ainsi de s'opposer aux passeurs avides d'argent, aux prêteurs sur hypothèques qui rackettent les candidats à l'exil. Elle se cache sur les flanc du volcan, bravant le danger et attend désespérément un moteur qui ne vient pas. Il y a aussi Tchaka, un gringo comme ont dit la-bas. On ne sait guère qui il est et ne cherche guère à se lier. Il est un mystère à lui tout seul et observe son environnement c'est à dire le volcan et son éventuelle irruption. Il s'est fait embaucher comme jardinier et cultive les orchidées avec amour. Lui ce serait plutôt la terre qu'il incarne. C'est aussi un poète qui sait parler avec des mots choisis et pendant des heures de l'éternelle histoire des fleurs, des abeilles, de la fécondation et de l'éventuelle découverte d'un hybride encore inconnu. Son employeur est un riche propriétaire de l'hacienda, Don Rodriguo, admirateur de sa famille, de sa lignée, sourd aux avertissements de Tchaka et qui préfère s'en remettre à la mère de Dieu et à sa protection. Enfin il y a Selmo, l'équatorien qui emmène les touristes voir les baleines en pleine mer tout en rêvant à Moby Dick et à la « Rayada » tout juste entraperçue. Il se retrouvera un peu malgré lui embarqué dans le projet un peu fou de Lucia. En toile de fond le volcan Tungurahua gronde et menace. On préfère faire confiance à la Vierge et à ses miracles, à la boisson aussi !

De son côté Tchaka réussit à convaincre Don Rodrigo de lui confier Manuelito, son petit-fils afin qu'il échappe à la mort. Il représente la vie qui continue.

 

C'est un roman engagé que signe ici Franck Pavloff puisqu'il choisit de parler des plus défavorisés, dénonçant les conditions de vie misérables des Équatoriens et des pièges dans lesquels il tombent pour échapper à la misère. Récit écrit sur fond d'émigration dans la crainte de la dénonciation , de l'échec, de la mort. C'est aussi l'histoire d'un pays dont les habitants ne vivent que pour cet exil dangereux et de ceux qui restent en tentant d'y survivre. J'ai apprécié les descriptions poétiques qui émaillent ce récit.

Le lien avec le titre est bien l'exil, celui de ceux qui vont devoir quitter leur pays pour un monde sensé être meilleur, celui de ceux qui vont devoir fuir le volcan pour sauver leur vie, celui aussi, tout intérieur, qui existe en chacun de nous.

 

© Hervé GAUTIER - Novembre 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com

 
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