L'ARMEE FURIEUSE
- Par hervegautier
- Le 02/01/2016
- Dans Fred VARGAS
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N°1002– Janvier 2016
L'ARMEE FURIEUSE – Fred Vargas – Viviane Hamy.
Un été qu'on imagine caniculaire et deux meurtres qui bien entendu n'ont rien à voir l'un avec l'autre occupent le commissaire Adamsberg. Dans la police comme ailleurs on en apprend tous les jours mais est-ce l'effet de cette touffeur estivale mais une femme du côté de la Normandie prétend avoir aperçu « l'armée furieuse » dont le policier n'a jamais entendu parler. Il n'a pas trop de l’érudition du Commandant Danglard pour apprendre qu'il s'agit d'une troupe de chevaliers nordiques qui se saisissent de criminels impunis à la recherche d'une bonne âme pour réparer leurs forfaits. Selon le commandant, cette vision est annonciatrice de mort et donc de travail pour la police, mais cette légende date du XI° siècle et tous les chevaliers n'existent plus ! D'ailleurs Herbier, un individu peu recommandable, est trouvé mort et la maréchaussée locale, par crainte ou par facilité, penche pour le suicide. Le commissaire doit avoir un faible pour la Normandie puisqu'il s'y rend pour mener sa propre enquête même s'il n'est pas dans sa circonscription. C'est que, dans le même temps, à Paris, donc chez lui, un homme influent dans le domaine économique est retrouvé carbonisé dans sa voiture et les soupçons se portent sur un jeune délinquant multirécidiviste, Momo mais Adamsberg qui le connaît n'y croit pas et va risquer gros pour faire éclater la vérité. Et puis il y d'autres meurtres et d'autres tentatives ce qui égare et déroute les policiers, un assassin insaisissable , des indices et des traces qui disparaissent ...
Depuis que je lis les œuvres de Vargas, je fais la même remarque : son univers est vraiment à part, ce n'est pas un polar au sens strict du terme mais un authentique roman plein de références aux légendes et aux mythes mais aussi une études des rapports humains et de la condition humaine. Les personnages sont attachants, parfois énigmatiques, souvent seuls face à eux-mêmes encore que cette brigade ressemble à une grande famille solidaire, ce qui n'est pas pas forcément le cas dans le monde du travail ou dans le monde en général. Le lecteur parvient cependant parfois à explorer ses replis de leur âme et c'est plutôt réussi. L’étude de chaque personnalité est menée avec finesse quoique un peu dans l'ombre des principaux protagonistes mais j'aime bien que ces derniers soient marginaux par rapport à leur hiérarchie, soit originaux dans leur manière d'être ; le respect qu'ils se portent les uns les autres, la complémentarité et le dévouement dont ils font preuve sont presque rassurants. Certes il y a l'intrigue policière pour pimenter la lecture car il s'agit bien d'un triller mais c'est tout juste si elle n'est pas secondaire, presque accessoire, c'est fort bien écrit, à cent lieues du style traditionnel des polars et c'est heureux. L'érudition de certains passages ne me gêne pas, au contraire, à mon sens il rajoute de l'intérêt à l'histoire et, pourquoi pas nous apprend quelque chose. C'est que Fred Vargas est une conteuse qui s'approprie son lecteur souvent dès la première phrase et chaque enquête est une aventure ou le dépaysement le dispute à la découverte du coupable . Elle tient son lecteur en haleine jusqu'à la fin même si, pour ce roman en particulier, la lecture m'a paru parfois un peu difficile, égarée par des intrigues secondaires.
Hervé GAUTIER – Janvier 2016 - http://hervegautier.e-monsite.com
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