sur la dalle
- Par hervegautier
- Le 09/06/2023
- Dans Fred VARGAS
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N°1753 – Juin 2023
Sur la dalle - Fred Vargas – Flammarion.
Cela fait des années que je lis et apprécie Fred Vargas. Son dernier roman ne pouvait donc échapper à ma lecture attentive.
Louviec, petit village breton a la particularité d’avoir son fantôme, celui du Comte de Combourg mort en 1709, unijambiste. Après un long silence on entend à nouveau dans les rues la nuit le bruit de son pilon et de sa canne sur les pavés ainsi que les miaulements du chat qui l’accompagne. Il a aussi une autre particularité, celle d’abriter Josselin de Chateaubriand, dit « le vicomte », un descendant de l’auteur des « Mémoires d’outre-tombe », copie conforme de son ancêtre et qui constitue une attraction touristique du lieu. L’ennui c’est que deux meurtres ont été commis à Louviec, avec pour seul point commun de fraîches piqûres de puces sur les victimes, ce qui constitue une piste pour le commissaire Adamsberg qui, parce qu’il a antérieurement mené à son terme une enquête compliquée dans la région est amené à s’occuper de cette affaire en collaboration avec Matthieu, le commissaire local. Tous les soupçons se portent sur Josselin qui proteste de son innocence. Tout l’accuse, en effet, à l’exception du mobile.
Les assassinats se multiplient avec toujours un contexte un peu ésotérique qui convient bien à la Bretagne, terre de légendes. Il est aussi question de vieilles histoires d’adultères avec avortements, de luttes qui remontent à l’école primaire, de modus operandi à l’arme blanche, commun à chaque meurtre, une histoire un peu fumeuse d’héritage avec faux testament et retour au pays, depuis les États-Unis, d’un minable petit caïd qui règne sur une bande de tueurs, d’œufs plus ou moins fécondés, de piqûres de puces, le décryptage hasardeux des dernières bribes de paroles de certaines victimes, le rapt d’un enfant, le tout enveloppé dans les agapes dispensées par l’aubergiste local et arrosées de chouchen... En réalité, les indices sont bien minces, les impasses nombreuses, les supputations hasardeuses et nos commissaires un peu dubitatifs. J’ai eu le sentiment que ça partait un peu dans tous les sens et je m’y suis même un peu perdu.
J’ai aussi un peu regretté quelques incohérences. Certes la Bretagne est une terre de tradition qui accueille les superstitions les plus folles, mais quand même. En outre, pour un petit ville de 500 habitants qui en principe se dépeuple, je trouve qu’il y a beaucoup de commerçants et finalement pas mal d’animations… L’exiguïté de l’église m’a aussi paru étonnante dans ce pays voué aux calvaires et aux processions. Quant à l’intuition d’Adamsberg à la fin qui tient de la pirouette pour le moins inattendue, même si elle doit beaucoup aux dolmens et à leur symbolique mortuaire, j’ai eu quand même un peu de mal. Son interprétation psychologique, pour brillante qu’elle soit m’a semblé artificielle et seulement de nature à clore ces investigations au soulagement de tous les enquêteurs. 500 pages pour cela, ça m’a paru beaucoup. Le déplacement d’Adamsberg laisse la brigade parisienne aux mains du commandant Danglard et son absence dans cette enquête, sa personnalité et surtout sa grande érudition m’ont aussi un peu manqué,
C’est toujours un plaisir de lire Fred Vargas, surtout après un silence de six années mais je n’ai pas tout à fait retrouvé l’intérêt de j’avais eu à la lecture de ses précédents romans. Je l’ai pourtant lu jusqu’à la fin, mais, le livre refermé, je reste sur une déception.
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