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la feuille volante

Le fruit le plus rare ou la vie d'Edmond Albius

N°1989 – Juillet 2025.

 

Le fruit le plus rare ou la vie d’Edmond Albius – Gaëlle Bélem – Gallimard. 'h

 

Au XIX° siècle dans la lointaine ’île Bourbon (la Réunion), la rencontre improbable entre Edmond, un nourrisson noir orphelin et fils d’esclaves et Ferréol Bellier-Beaumont, un veuf propriétaire terrien , passionné de botanique et d’orchidées. Une adoption s’en suivra qui viendra égailler la vie de son père de substitution et être pour ce dernier le prétexte à une éducation horticole. Ce geste menace le vieil homme de l’exclusion de la communauté des Blancs, pire peut-être Edmond qui est analphabète veut être botaniste, se passionne pour l’insémination de la vanille qui a tenu en haleine bien des chercheurs européens. C’est pourtant lui qui, en s’inspirant des citrouilles, entre pistil et étamine, pollinise à la main les fleurs du vanillier... à l’âge de 12 ans ! 

Notre auteure remonte le temps et explore la géographie pour nous conter l’histoire de la vanille, cette liane énigmatique venue du Mexique avec les conquistadors et que les botanistes européens veulent depuis longtemps faire fructifier, en vain. Évidemment Ferréol s’y intéresse et Edmond aussi qui découvre ainsi une épice nouvelle à l’arôme délicat et aussi le fruit le plus rare qu’on déclinera à l’infini de l’autre côté de l’équateur.

 

C’est bien écrit, bien documenté, poétique, humoristique, pertinent aussi et donc agréable à lire, avec, en prime, une avalanche de formes, de couleurs et de senteurs, des fleurs et des arbres aux noms latins et exotiques. Le texte prend parfois l’allure d’une fable où se mêlent des bribes de l’Histoire en marche qui bouleverse à la fois le quotidien et les espérances d’un peuple devenu libre mais tout aussi asservi qu’avant. Pour Edmond, on cherchera à s’approprier sa découverte , il connaîtra l’injustice, la trahison, la solitude, le deuil, la misère, une vie longue et triste qui se terminera dans le plus complet dénuement en ce mois d’août 1880, sans la moindre reconnaissance pour ses travaux.

 

J’ai lu sans désemparer ce roman avec l’intérêt de celui qui apprend quelque chose et apprécie le texte qu’il lit . Je suis toujours attentif à ceux dont le travail et le talent font revivre des hommes oubliés par l’Histoire comme ce fut le cas d’Edmond Albius dont le nom nous est cependant parvenu malgré l’amnésie qui est l’apanage de l’espèce humaine

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