LE PAS DE L'ADIEU – Giovanni Arpino
- Par hervegautier
- Le 06/07/2011
- Dans Giovanni Arpino
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N°529– Juillet 2011.
LE PAS DE L'ADIEU – Giovanni Arpino [1985] – Belfond.
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer.
Nous sommes à Turin par une fin d'été étouffante d'un dimanche après-midi. Le rituel est toujours le même. Le vieux professeur Giovanni Bertola reçoit la visite de son ancien élève, Carlo Meroni, déjà vieux garçon, à cause ou malgré la quarantaine. Ensemble ils parlent à bâton rompu des mathématiques, de la science, de la marche du monde, de la vanité des choses, de la vieillesse, des femmes... Ou plus exactement, c'est bien souvent le vieil homme qui parle. Puis c'est l'immuable partie d'échecs que le vieillard perd toujours. Ainsi se passent les dimanches sous la houlette de deux vieilles demoiselles, les sœurs Rubino, férues de respectabilité, de musique classique et de propreté, et accessoirement logeuses, depuis de nombreuses années du vieux professeur. Ici, on ne déroge jamais aux habitudes, comme les évanouissements temporaires du professeur que celui-ci vit comme l'antichambre de la mort à cause de son artériosclérose. C'est que c'est bien de mort qu'il s'agit puisque Bertola se plaint d'être encore en vie et ne cesse d'invoquer « Mme Requiem ». Meroni désire ardemment assassiner le vieillard lors d'une de ses « évaporations » mais recule toujours. Bref, on est ainsi depuis longtemps, dans cet état attentiste ou rien ne se produit de ce qui est espéré... et le vieil homme encourage son disciple à le faire passer dans l'au-delà puisqu'il se sait condamné. Ce sont les termes du pacte conclu entre eux.
Voilà que dans cet océan d'habitudes surannées qui sentent fort le moisi derrière la cire et l'absence de poussière et qu'il ne faut surtout pas bousculer, apparaît Ginetta, nièce des vieilles filles. Cela ne fut pas pour déplaire au vieillard « sa silhouette lui apparut comme une minuscule et joyeuse virgule tombée sur la page du quotidien ». Elle apporte dans cette atmosphère grise « un éclair blanc » et voilà que le vieil homme se découvre des souvenirs de jeune Don Juan qu'il n'avait peut-être jamais été. La jeune femme est mal élevée mais sensuelle, pleine de vie et sa spontanéité bouscule la logique mathématique de Meroni . Dès lors, Bertola qui l'encourage à se marier, à profiter de la vie, voit dans la jeune fille une maîtresse possible pour le jeune homme. Effectivement, elle le deviendra mais Bertola disparaitra dans la nuit et des idées de suicide ou les prémices de la maladie d'Alzheimer s'emparent de ses proches. Sans vouloir se l'avouer ils pensent que cela solutionnerait la situation. Pourtant des rapports particuliers se font jour entre le vieil homme et la jeune femme qui saura ce qu'il faut faire.
Il ne faudrait pas oublier non plus parmi les personnages secondaires, Nino Zarra, un pizzaïolo au grand cœur avide de connaissances.
Je ne connaissais Giovanni Arpino (1927-1987) qu 'à travers un film éponyme adapté par Dino Risi d'un de ses romans (Parfum de femme – La Feuille Volante n° 350). Je n'ai pas été déçu. Malgré le thème axé sur la mort, ce roman n'est pas triste. Bien écrit, bien traduit, le style humoristique et poétique rend la lecture agréable et même captivante. Mais il reste que, malheureusement, cet écrivain, romancier, nouvelliste, journaliste est inconnu en France.
©Hervé GAUTIER – juillet 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
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