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la feuille volante

La petite Roque

N°1827 – Février 2024.

 

La petite Roque - Guy de Maupassant – Le livre de poche

 

Ce sont neuf contes où notre auteur évoque la nature humaine, ses passions, ses failles, ses remords. Avec « La petite Roque » qui donne son titre au recueil, il met l’accent sur la culpabilité qui pourrit la vie d’un homme au point qu’il se donne la mort pour ne pas connaître l’opprobre des tribunaux. Dans les textes qui suivent, Maupassant analyse les passions amoureuses, surtout chez les femmes, entre volonté de séduction, de possession et envie de succomber à des yeux trop bleus ou à un bel uniforme, de profiter de l’occasion, du moment furtif, du vertige de l’illusion, celles qui bouleversent une vie ou la pourrissent par les regrets qu’elles portent en elles, celles qui donnent des amours malheureuses à la suite de l’égarement d’un instant, celles qui suscitent les humiliations infligées pour un plaisir furtif, celles qui bafouent la fidélité conjugale pourtant jurée, celles qui finalement enfantent la solitude, les souffrances, les rides et la résignations, que le temps qui passe, avec l’oubli et la tristesse, ne guérit pas. Au bout du compte, la désillusion est tellement grande que souvent, soit par dépit, soit par obligation, ceux qui auparavant mordaient la vie à pleines dents éprouvent le besoin de se retirer de ce monde si décevant, gouverné bien souvent par des conventions qui vont à l’encontre des sentiments.

Témoin de son temps aussi, il évoque ces pauvres filles, des servantes, séduites et abandonnées, souvent enceintes, victimes des hommes à une époque où les moyens contraceptifs étaient inexistants et qui doivent se battre seules. De cette évocation de la condition humaine, je retire, un peu comme à chaque fois, une impression de solitude chez les différents personnages.

 

Je note que nombre de ces contes ont pour cadre soit le terroir normand qui était familier à Maupassant, plus volontiers lié sous sa plume au travail, à la misère, aux relations sociales très marquées, aux enfants, souvent illégitimes, aux curés de campagne, au patois, à l’argent durement gagné, à la roublardise, au climat humide, soit le Midi de la France où il fit quelques séjours et qui apparemment lui laissèrent des bonnes impressions et souvenirs et qu’il associe à la richesse, au beau langage, à l’insouciance, aux rencontres mondaines, au célibat, aux rentes confortables, aux mariages arrangés, à la lumière chaude et sans l’ombre d’une soutane…

 

C’est toujours un plaisir pour moi de lire Maupassant, tant son style est à la fois simple et poétique.

 
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