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la feuille volante

LE BUREAU DES ASSASSINATS – Jack LONDON [1876-1916]– Stock.

 

N°332– Mars 2009

LE BUREAU DES ASSASSINATS – Jack LONDON [1876-1916]– Stock.

 

Deux protagonistes principaux dans cette drôle d'histoire écrite par Jack London, laissée inachevée et terminée par Robert L Fish, un spécialiste de l'auteur d'après ses propres notes et finalement publiée de manière posthume en 1963.

 

D'une part Yvan Dragomiloff qui dirige un syndicat d'assassins comme au meilleur temps de la prohibition américaine, de l'autre Winter Hall qui a recours aux services du premier. Jusque là, ça va et tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles comme on dit quand on a des lettres, sauf que, pour être un authentique thriller, cela ne peut se passer comme cela. Cette organisation criminelle veut bien exécuter ses victimes pour de l'argent, mais encore faut-il que ce meurtre soit justifié! C'est à dire que celui qui doit mourir doit avoir attenté à l'existence de la société en perpétrant des méfaits tels que leur auteur doit effectivement être éliminé... pour le bien de tous! C'est là une condition sine qua non sur laquelle cette organisation ne transige pas. On devrait d'ailleurs plutôt parler de « bureau des exécutions ». C'est déjà peu banal, mais là où cela se complique vraiment, c'est que cet Hall entend passer un contrat avec Dragomiloff... pour tuer ce dernier, et comme on est franchement en plein délire, ce contrat est accepté par celui-là même qui dirige cette association, autant dire qu'il va lui-même organiser son propre assassinat, tout en ayant notifié à son commanditaire son intention de ne pas cependant se laisser faire et de vendre chèrement sa peau. Cette idée l'enthousiasme même et quand l'autre s'en étonne, il lui déclare tout de go qu'il a accepté cela par goût de « l'aventure », pour rompre une routine devenue trop pesante! Et comme nous sommes en pleine fiction délirante, Dragomiloff accepte ce contrat parce qu'il le juge moral et répondant totalement aux critères mis en place par lui-même dans le cadre de ce bureau des assassinats. C'est donc Hall qui devient en quelque sorte le dirigeant par intérim de cette organisation composée, on le verra, non d'assassins comme on pourrait s'y attendre mais d'érudits plus obsédés par les idées, la logique et les engagements moraux que par le respect de la vie humaine. A leurs yeux, ces principes surpassent tous les autres, jusqu'à l'absurde!

Pour compliquer le tout, Dragomiloff n'est pas exactement celui qu'il prétend être et a usurpé une identité... et bien entendu l'amour va venir aggraver en peu plus ce cas qui n'en avait vraiment pas besoin, en la personne de Grounia, la « nièce » de ce dernier dont Hall va bien entendu tomber amoureux! Là, cela devient franchement cornélien! Cette traque mortelle va-t-elle déboucher sur la destruction totale du « bureau », puisque, après avoir longuement hésité, chacun de ses membres se met en chasse pour éliminer celui qui en est le chef...et bien souvent y laisse sa vie.

Voilà donc le décor planté qui est le point de départ de cette rocambolesque histoire pleine de rebondissements et d'interrogations intimes et existentielles de la part des membres de cette organisation qu'il faut lire jusqu'à la fin.

Je dois dire que j'ai eu du mal, au début, à entrer dans cet univers romanesque. J'ai, cependant, une attirance particulière pour Jack London, pas seulement à cause de son talent littéraire qui n'est plus à démontrer, mais surtout parce que il était l'archétype de l'autodidacte. Il a été tour à tour marin, chercheur d'or, ouvrier, vagabond et j'aurais toujours une tendresse particulière pour ses hommes à qui la vie a réservé ses troubles, ses bouleversements, ses chagrins aussi et qui les ont sublimé dans l'art. Leur expérience protéiforme a nourri leur écriture qui vaut bien celle des intellectuels patentés. Elle est authentique parce que, non seulement ils savent prêter au lecteur le dépaysement de leur aventure, mais aussi parce qu'ils le font avec un naturel que seul les créateurs de leur trempe sont capables de recréer!

 

 
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