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la feuille volante

FAIRE L'AMOUR.

 

N°908– Mai 2015

 

FAIRE L'AMOUR. Jean-Philippe Toussaint – Les éditions de Minuit.

 

La première phrase ne peut passer inaperçue « J'avais fait remplir un flacon d'acide chlorhydrique, et je le gardais sur moi, avec l'idée de le jeter un jour à la gueule de quelqu'un… ou dans sa gueule à elle, dans son visage, en pleurs depuis quelques semaines ». Le ton est donné, celui de la violence contenue, de l'envie de faire mal, pas vraiment en accord avec le titre. C'est en effet le récit d'un amour qui n'existe plus, qui a duré 7 ans, avec au début des choses que l'on dit qui ont déjà été dites par des milliards d'autres gens et pourtant, nous savons tous que faire rimer amour avec toujours, c'est pour les mauvais poètes et surtout cela n'a rien de vrai, sinon cela se saurait ! Alors quand on a pris conscience que cette union ou que cette aventure n'avait que trop duré et qu'on devait unilatéralement y mettre fin, les idées les plus folles nous traversent la tête et parfois s'y installent, ainsi cette bouteille d'acide. On est loin des serments du début et même il y a urgence !

 

Les voilà donc à Tokyo, elle pour présenter sa collection de robes dont on se demande si le défilé va finalement avoir lieu, et lui pour accompagner Marie. C'est sans doute la ville choisie pour cette rupture un peu comme si, si elle en se produisait pas dans un lieu extraordinaire, il lui eut manqué quelque chose pour être définitive.

 

Il y a certes des scènes chaudement érotiques ( ce qui donne sans doute son titre à ce roman?) qui ne m'ont pas laissé indifférent, Marie devant être une belle femme sensuelle, mais cela ne laissait pas vraiment présager la fin de cette liaison. J'avoue que j'ai un peu perdu le fil de cette histoire, entre un tremblement de terre et une escapade du narrateur à Kyoto chez son ami Bernard.

 

Je n'ai sans doute rien compris, mais il me semble que contrairement à ce qui était dit dans les premières pages, je n'ai pas vraiment eu l'impression qu'il voulait se débarrasser de Marie. Dès lors, je n'ai pas bien compris la présence du flacon d'acide qui ne le quitte pas. Il doit d'ailleurs y avoir une symbolique particulière dans le fait de vider le contenu de cette bouteille sur une fleur fragile après en avoir menacé un inconnu. Cela ouvre largement la porte à nombre d'interprétations mais j'avoue que j'y ai été très imperméable !

 

J'avais déjà lu des œuvres de Jean-Philippe Toussaint (La Feuille Volante n º 405 et 879) Dans l'une d'elle (« La vérité sur Marie »), il était déjà question d'une Marie, comme ici. C'est sans doute la même puisqu'il semble qu'avec « Fuir » nous sommes en présence d’une trilogie. Elle doit sans doute incarner pour l'auteur l'éternel féminin ou est-elle la figure d'une femme qui sans cesse est destinée à lui échapper, entre amour et désamour entre volonté de faire durer une liaison qui, il le sait, part à vau-l'eau et va se terminer?

 

Le style est fluide et le roman se lit facilement même si l'histoire en m'a pas vraiment emballé , après tout lire la fin d'un amour, d'une rupture n'est pas enthousiasmant.

 

En tout cas je reste sur une impression bizarre, un peu la même à chaque fois que je lis un roman de Jean-Philippe Toussaint.

 

©Hervé GAUTIER – Mai 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

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