CHIEN DU HEAUME – Justine Niogret – Mnémos éditions.
- Par hervegautier
- Le 22/03/2011
- Dans Justine Niogret
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N°512 – Mars 2011. CHIEN DU HEAUME – Justine Niogret – Mnémos édition.
Nous sommes au Moyen-Age et Chien de Heaume est le nom d'une jeune femme, pas vraiment belle et même plutôt laide, devenue mercenaire par amour de la liberté. Elle n'échappe pas aux clichés convenus et n'est pas la dernière pour tuer et semer la terreur autour d'elle. En réalité, le lecteur apprend très tôt que l'objet de sa véritable motivation est seulement... son nom, qu'elle dit avoir perdu depuis son enfance. Elle n'a pour richesse qu'un médaillon et ses armes et plus spécialement une hache sur laquelle apparaît un décor de serpent. Elle les tient de son père et sa hache est semblable à celle que possède le Chevalier Sanglier mais ce dernier ne sait pas la renseigner. Pourtant elle est détentrice d'un secret. Elle a vu mourir son père dans un combat simulé qu'il avait lui-même provoqué avec sa fille. Ainsi, il a voulu l'initier à l'art de la lutte, comme un rite de passage, lui transmettre un savoir qui garantirait sa vie dans un monde hostile. Il a aussi choisi sa mort, volontairement, en préférant la hache qu'il allait lui léguer parce que la vie lui était devenue insupportable. Il a voulu entrer dans le néant en intronisant sa fille à une existence qu'il menait lui-même, celle d'un mercenaire, avide de sang et de batailles et qui serait dorénavant la sienne !
Dans sa quête qui la mène de château en château, elle va croiser des personnages tels qu'on se les imagine, batailleurs, violents, durs, à cent lieux de l'amour courtois et des troubadours. Le seigneur Bruec, le chevalier Sanglier, est l'un d'eux et une amitié va naître qui les aidera à se découvrir l'un l'autre.
L'auteur se livre ici à une véritable reconstitution historique où se mêle l'imaginaire. Elle transporte le lecteur dans un autre temps, une autre ambiance, dans un climat glacial, une terre inhospitalière, des châteaux froids et sombres. Rien ne manque dans ce décor que les mots accompagnent, les campagnes désolées et brumeuses, les paysans pauvres et superstitieux, les famines, les forêts mystérieuses qui abritent des enfants-fées et des necrebestes, les combats sans merci, les légendes et les monastères perdus, les champs de bataille et les animaux fabuleux, les morts violentes, l'exil, l'errance, la magie... En revanche, il n'y a pas d'érotisme comme on pourrait s'y attendre, même pas d'amours entre Chien et Sanglier, le peu d'appas de l'héroïne ne les suscite pas. Il y a en revanche beaucoup de sang et de violence.
Le narrateur qui est en fait un conteur, comme au Moyen-Age, raconte cette histoire, intervient parfois dans le récit pour une explication. Elle nous averti d'ailleurs « Les conteurs sont une race étrange... leur langue ne sait jamais se taire. On les aime... mais on les craint ... Eux peuvent couper les âmes avec un seul mot... (Ils) sont à la frontière de notre monde et de l'autre, celui où dorment merveilles et monstres et de là vient tout leur pouvoir. ».
Chien de Heaume est un personnage tourmenté, solitaire, désespéré même. Sa quête se décline à travers divers personnages qu'elle rencontre, du chevalier Sanglier à Orains et au forgeron Rehegir et le temps qui passe s'égrène à travers les saisons. On songe un peu à un personnage d'un BD « fantasie » (suivant la définition officielle : genre situé à la croisée du merveilleux et du fantastique qui prend ses sources dans l'histoire, les mythe, les contes et la science-fiction ») comme la couverture le suscite.
Le livre se lit rapidement et l'intrigue est passionnante. On a cependant l'impression qu'elle pourrait ainsi durer plus longtemps. Le thème de la quête, très en vogue à cette époque, entretient le suspense même si le lecteur reste un peu sur sa faim et si on peut déplorer le côté un peu trop gore.
©Hervé GAUTIER – Mars 2011.http://hervegautier.e-monsite.com
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