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la feuille volante

la transparence du temps

La Feuille Volante - N° 2013 – Septembre 2025

 

La transparence du temps – Leonardo Padura – Métaillé.

Traduit de ‘espagnol par Elena Zayas.

 

Mario Conde qui a quitté la police depuis vingt cinq ans va fêter ses soixante ans, pas vraiment au mieux de sa forme et combat comme il peut sa mélancolie avec du rhum, du café et des cigarettes tout en se livrant au commerce aléatoire de livres anciens. Un appel téléphonique lui fait reprendre contact avec Bobby, un ancien camarade de lycée devenu un marchand d’art et ... homo qui, se souvenant que Mario avait été flic dans une vie antérieure, le charge, au nom de leur ancienne amitié mais aussi, contre une confortable somme d’argent, de retrouver une mystérieuse statue de la Vierge noire dérobée avec beaucoup d’autres valeurs, des bijoux notamment, par Raydel, son amant indélicat. L’importance du montant proposé lui fait accepter cette mission qui lui permettra de sortir d’une gêne financière et, ce d’autant qu’il compte sur l’appui de son épouse Tamara, de ses traditionnels copains et de son chien. Faisant appel à son instinct, Conde s’aperçoit que cette statue, une vierge noire, présentée par son copain comme une relique familiale, avait en réalité une très importante valeur marchande et historique et peut-être même des pouvoirs miraculeux.

Ses investigations vont amener Conde a côtoyer l’extrême pauvreté de certains quartiers autant que le milieu plus riche des marchands d’art et la fuite des œuvres cubaines à l’étranger. Il porte ainsi sur cette île qu’il aime un regard désenchanté face aux promesses égalitaires non tenues du castrisme ce qui entraîne un exil massif des Cubains que déplore notre ex-policier. Cette recherche de statue est l’occasion de retrouver ses origines qui remonteraient au siège de Saint Jean d’Acre en 1291 avec peut-être le concours des chevaliers du Temple et qu’elle aurait voyagé jusqu’en Catalogne , autant dire un long voyage dans les siècles et c’est une occasion pour Conde de méditer sur la fuite du temps, sur la vieillesse qui s’empare peu à peu de lui. Le délabrement tout relatif de notre ami qui mesure ainsi les ravages d’une vieillesse à venir qu’il redoute n’est pas atténué par le somptueux destin d’anniversaire d’entrer dans la soixantaine. Il répond comme en écho à la dégradation d’un peu tout à Cuba, les routes, les bidonvilles le niveau de vie...pendant que les meurtres s’accumulent autour de cette statue

Comme à chaque fois, Padura glisse dans ses romans des critiques non voilées contre le castrisme qui le lui rend bien en l’écartant des médias nationaux alors qu’il bénéficie d’une bonne notoriété à l’international. Pour autant, et bien qu’il ait la nationalité espagnole et qu’il pourrait vivre dans ce pays, il reste à Cuba parce que, sans son île, il ne pourrait écrire.

Le style est, comme toujours agréable à lire, plein de nuances et d’érudition mais un peu long cependant pour maintenir l’attention jusqu’à la fin.

 

 

 

 

 
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