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la feuille volante

Nature morte

La Feuille Volante n°1032– Avril 2016

NATURE MORTE– Louise Penny – Actes Sud.

Traduit de l'anglais (Canada) par Michel Saint-Germain.

Three Pines est un petit village québécois bien tranquille où il ne se passe rien. Pourtant un jour d'automne, le dimanche de Thanksgiving, on y retrouve le cadavre de Jane Neal, 76 ans, enseignante à la retraite et peintre du dimanche. Cela a beau être la période, il est rapidement évident que ce n'est pas un accident de chasse. Le plus étonnant est sans doute que le meurtre a été commis avec une flèche qui n'a cependant pas été retrouvée. Jane était bien la dernière personne qu'on aurait voulu assassiner, elle connaissait tout le monde, on l'aimait bien au village et elle dirigeait une association locale liée à l'église anglicane. C'est bien ce que s'est dit l'inspecteur-chef Armand Gamache de la Sûreté du Québec à qui a cette enquête a été confiée. Il est assisté de l’inspecteur Beauvoir et de l'agente Yvette Nichols. Certes, quelques jours avant, il y avait eu une sélection pour une exposition de peinture et une toile de Jane avait fait scandale, mais quand même, on n'exécute pas quelqu'un pour un tableau !  Quoique ! C'est vrai que si elle avait peint tout au long de sa vie, elle n'avait jamais voulu qu'on vît ses œuvres et « Jour de foire », sa toile sélectionnée pour l'exposition, à la fois innocente et naïve dans sa facture, était la première ainsi révélée au public. Elle comportait peut-être un message ? Il y a des investigations policières et tout le village y passe. Le lecteur fait ainsi connaissance de ses habitants entre un couple d'homosexuels, des artistes Clara et Peter, amis de Jane, un rentier, des adolescents … le lecteur pénètrent ainsi leurs secrets intimes mais ils sont tous, aux yeux de Gamache, des suspects potentiels. On soulève des questions d'intérêt, d'héritage, de trahison, de malveillance, de vengeance , bref tout ce que la condition humaine a de plus sordide, avec cette évidence contenue dans l’Évangile de Matthieu X, 36 «  On aura pour ennemis les gens de sa famille » 

Au long de ce roman, on s'attend à ce que l'auteur de ce meurtre bien mystérieux soit un chasseur étranger à cette commune ou peut-être un enfant du pays. On balance entre l’accident de chasse et un tir intentionnel ou bien encore une vengeance d'adolescents que Jane aurait réprimandés… Certes j'ai apprécié d'en apprendre un peu plus sur les coutumes et le mode de vie québécois, sur cette rivalité ancestrale entre les communautés anglophones et francophones, j'ai goûté l'humour de l'auteure et ses descriptions de la nature mais surtout il m'a semblé qu'il y avait beaucoup de longueurs, des pistes volontairement embrouillées ce qui entretient certes le suspens, mais je me suis un peu ennuyé à la lecture de ce roman. De plus cet inspecter Gamache ne me plaît guère non seulement j'ai eu un peu de mal à suivre son raisonnement mais surtout je n'ai guère apprécié son attitude à l'endroit de l'agente Yvette Nichols, sa subordonnée.

C'est vrai que dans ce petit village tout le monde s'observe et on connaît facilement les secrets de l'autre. La thématique du tableau renfermant un mystère était plutôt une bonne idée, mais je m'attendais à autre chose. Je respecte infiniment le travail d'écriture et de recherche de l'auteur mais j'ai quand même été un peu déçu.

Je voudrais cependant noter la dernière phrase des « remerciements » qui m'a paru émouvante, même si elle n'a rien à voir avec cette intrigue : « Il fut un temps dans ma vie où je n'avais aucun ami, où le téléphone ne sonnait jamais et où j'ai cru mourir de solitude. Aujourd'hui, je sais que la véritable bénédiction n'est pas d'avoir fait publier un livre, mais d'avoir autant de personnes à remercier »

Ce roman a été adapté sous forme d'un téléfilm canadien en 2013.

 

© Hervé GAUTIER – Avril 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]

 
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