Notre vie dans les forêts
- Par hervegautier
- Le 26/06/2019
- Dans MARIE DARRIEUSSECQ.
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La Feuille Volante n° 1359 – Juin 2019.
Notre vie dans la forêt – Marie Darrieussecq – P.O.L
Le concept de dystopie, une utopie qui a mal tourné, avec tout ce que cela peut impliquer pour un romancier, et le titre qui laissait entrevoir un roman écologique bien dans l’air du temps, étaient de nature à retenir mon attention, susciter mon intérêt et ma lecture.
Pourtant je n’ai pas compris grand chose à ce roman, à ces moitiés qui sont les réservoir d’organes, à ces robots qui contrôlent tout, à cette Viviane qui s’appelle aussi Marie, tout comme sa « moitié » qui fuient dans la forêt et tentent d’y survivre avec d’autres congénères. C’est un peu comme un retour aux sources puisque la vie, au début, s’est déroulée et développée dans la forêt. Elle rédige une sorte de journal sur sa vie de maintenant et de celle d’avant quand elle était psy. Elle souhaite que ce manuscrit lui survive, ce qui est bien le rôle de l’écriture puisque nous sommes tous mortels et simplement de passage dans ce monde. Il est donc bien légitime de vouloir y laisser une trace. Je n’ai guère vibré à cette histoire de « cliqueur », bref je ne suis pas du tout entré dans cette fiction qui s’est vite révélée pour moi sans le moindre intérêt et le livre a failli me tomber des mains plusieurs fois.
Les romans fantastiques et avant-gardistes, fort nombreux, qui parlent d’une société future, plus ou moins déshumanisée sont, a priori intéressants parce qu’ils décrivent quelque chose qui peut parfaitement nous menacer ou nous bénéficier et, bien souvent, ne sont qu’une anticipation de notre vie à venir. Certains se sont même révélés étrangement prémonitoires mais l’homme a parfois joué aux apprentis sorciers en se persuadant, ou faisant semblant d’y croire, qu’il participait à l’évolution et au progrès de l’humanité. On met en avant les soins apportés à l’homme et la nécessaire sécurisation de sa vie face à la violence du quotidien pour y trouver une justification. C’est aussi un terrain d’exception pour la fiction et l’imagination créative d’un romancier. L’auteure mène sa réflexion et semble attirer notre attention sur les méfaits de la science et sur les problèmes éthiques du clonage, des réservoirs d’organes en vue de leur implantation sur les êtres humains malades, de la robotisation, des OGM, de la pollution et des multiples agressions dont nous faisons et feront l’objet et les questions que cela ne manquera pas de poser au fur et à mesure du progrès. Les transplantations pourtant actuellement fortement suscitées par les pouvoirs publics peuvent parfaitement ouvrir un débat sur un allongement immodéré de la vie comme on nous le promet pour les décennies à venir, une sorte de négation de la mort qui pourtant fait partie de la condition humaine... Tout cela est gentiment angoissant, glaçant même et peut faire débat d’autant qu’on peut parfaitement imaginer que ce progrès sera réservé à ceux qui en auront les moyens et forcément pas à tout le monde. Pour autant je n’ai pas accroché.
Le style est brut et parfois abrupt, haché, avec beaucoup de digressions et la narratrice s’adresse directement au lecteur comme pour le mettre en garde sur les dérives du monde qui le menace. Quand même ça doit tenir à moi mais je suis passé complètement à côté de ce roman tant l’ennui et le désintérêt étaient grands pour moi. Ça me fait toujours plus ou moins le même effet avec les romans de Marie Darrieussecq que j’ai lus. Elle est une auteure que je lis davantage pour pouvoir en parler parce qu’elle est médiatisée et pouvoir ainsi me faire une idée de son œuvre, mais ma lecture est souvent sans grand intérêt. Malgré tout, malgré mon incompréhension, je me dis que, pauvre de moi, j’ai dû encore une fois passer sans le savoir à côté d’un chef d’œuvre. Bref, une déception, un peu comme à chaque fois !
©Hervé Gautier.http://hervegautier.e-monsite.com
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