la feuille volante

Pour la beauté du geste

N° 1519 – Décembre 2020

 

Pour la beauté du geste – Marie Maher – Alma éditeur.

 

Ça commence par l’enterrement du père peu de temps après la mort de la mère. Cette fille unique y assiste avec un détachement mêlé de nostalgie. Pour cela elle est venue en voiture parce qu’apparemment elle vit à Paris, loin de ce village rural perdu. Comme elle n’a pas l’intention de démanger pour s’installer dans cette maison qu’elle n’a jamais aimée et qui est désormais vide, il va falloir la vendre. Dès lors, au contact de ces objets ayant appartenu à ses parents, tout son passé refait surface, les relations conflictuelles qu’elle avait avec son père, celles différentes qu’elle a eues avec sa mère, deux êtres qui ne se ressemblaient pas . Au fil de la lecture le lecteur sent que sa jeunesse n’a pas été simple et pas vraiment heureuse dans cette maison le long de la voie ferrée et elle l’a quittée à la première occasion. Comme beaucoup, elle est partie pour Paris, un exil intérieur à la fois vécu comme une libération et un défi pour elle, un déchirement mâtiné de fierté pour ceux qui restent. Monter à la Capitale est un symbole plein de promesses pas toujours tenues…

 

A l’aide de nombreux analepses elle se rappelle les différentes phases de l’accident qui coûta la vie à son père, avec toujours la présence d’un chien gris qui devait être celui de ses parents, à la fois un témoin muet de cet épisode et un espoir pour la suite. On la sent étrangère à cette famille et désireuse de tourner cette page au plus vite par la vente de la maison.

Le style est très ordinaire, sur le mode quotidien et anecdotique ; Il y a pas mal de longueurs, une foule de détails qui fait un peu perdre le fil du récit.

 

Ma lecture terminée j’ai réexaminé l’exergue dont j’ai toujours pensé qu’elle faisait, elle aussi partie du livre. Celle de Marguerite Duras me paraît révélatrice de ce récit. « Écrire ce n’est pas raconter des histoires. C’est le contraire de raconter des histoires… C’est raconter une histoire et l’absence de cette histoire». Je suis assez peu entré dans ce récit, mais ce que je retiens c’est le dernier chapitre intitulé « Lignes de suite », comme si, revenant quelques mois après dans ce village après la vente de la maison et la volonté de tout oublier, la narratrice redécouvrait ce qu’avait été sa jeunesse. Le passé, même s’il a été douloureux, recèle en lui des moments que l’écriture peut sublimer. Elle transforme les souvenirs, les éclaire, leur donne un sens parfois longtemps inexpliqué. Je retiens l’effet cathartique toujours possible de l’écriture.

 

 
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