Le bâtard de Nazareth
- Par hervegautier
- Le 07/09/2024
- Dans Metin Arditi
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N°1927 – Septembre 2024.
Le bâtard de Nazareth – Metin Arditi – Bernard Grasset.
Il y a l’Évangile qui notamment relate la conception divine de Jésus avec l’annonciation de l’ange Gabriel qui heurte à la fois le bon sens et la raison et ne peut être admis que par celui qui a la foi religieuse et la réalité beaucoup plus terre à terre d’une femme séduite hors mariage et qui met au monde en enfant naturel, un bâtard, un exclu, un mamzer, comme le sera sa propre mère. En revanche, que cet enfant soit plus intelligent, plus critique que les autres et mette en doute l’enseignement contraignant et culpabilisant du judaïsme, que cet homme tire de son dur métier de charpentier et de sa connaissance des plantes des gestes apaisants de guérisseur, qu’il ait été un professionnel sérieux et honnête, un homme respectueux des traditions mais aussi désireux de faire changer les choses, me paraît beaucoup plus crédible. Notre auteur insiste sur le paradoxe de Jésus qui à promis à son père, Joseph, de respecter la Loi juive et sa volonté de rapprocher les Juifs de leur religion, de la rendre moins doctrinale, moins ostracisée, plus humaine, plus respectueuse des femmes, sans pour autant créer une énième secte, ce qui serait, à ses yeux, une véritable trahison. Dès lors sa mission se révèle entre enseignement de tolérance, de pardon, d’amour du prochain et de guérisons et attire l’attention des foules et l’ire des rabbins. Pourtant sa connaissance de la loi et de l’histoire ébranle quelque peu ses juges après son arrestation.
Metin Arditi imagine la rencontre de Jésus et de Judas, un mamzer comme lui, attentif à son enseignement, subjugué autant par sa personne que par sa faconde et désireux de favoriser sa mission.
Ainsi l’auteur, écrivain francophone, redessine-t-il en de courts chapitres une vie de Jésus en bouleversant il est vrai un peu les choses, sans toutefois en changer l’épilogue, précisant aussi certains faits et interprétations. C’est en effet un roman, lu sans désemparer, parfaitement vraisemblable, agréablement écrit et en tout cas beaucoup plus passionnant que ce qu’on entend depuis longtemps entre l’eau bénite et l’encens. Il en profite, lui le séfarade, pour revisiter le judaïsme à travers l’enseignement de Jésus et de réhabiliter à sa manière le personnage de Judas, honni par le christianisme.
Ce fut pour moi un bon moment de lecture.
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