Muses
- Par hervegautier
- Le 18/07/2019
- Dans Olivia Costantino
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La Feuille Volante n° 1367 – Juillet 2019.
Muses – Olivia Costantino – Éditions La Tengente.
Les trois nouvelles qui forment ce recueil sont un monologue intérieur, une sorte de soliloque de personnages qui prend en compte la solitude au terme d’un parcours personnel. Ce vieil homme qu’est devenu le personnage du premier récit a beaucoup aimé les femmes mais il n’est plus ce que nos amis italiens appellent un « donnaiollo ». Il mesure maintenant le temps passé, la vieillesse qui s’invite dans son quotidien et il n’est plus que l’ombre de lui-même. Il a certes toujours une attirance pour les femmes, surtout les jeunes, mais ces dernières se détournent de lui et il en souffre. Il envie ses copains qui sont morts jeunes parce qu’ainsi ils n’ont pas connu la décrépitude de la vieillesse. Sent-il la présence d’une femme, même vieille, auprès de lui, sans la voir son imagination se déclenche, dérape et ça le fait bander. Il tombe amoureux facilement. C’est à l’aune de cet exercice d’imagination qu’on mesure toute l’étendue et le poids de sa solitude. Jadis il a été un séducteur et aussi quelqu’un d’important socialement mais maintenant il n’est plus rien, ne vit qu’a travers ses souvenirs, n’a plus que son imagination. Les femmes ne sont pour lui que des fantômes, des objets de fantasmes et il attend la mort. Heureusement pour lui tout n’est peut-être pas perdu.
La deuxième nouvelle est d’une autre nature mais illustre aussi la solitude, celle de l’écrivain devant la page blanche. L’écriture comme toute manifestation créatrice est complexe, une véritable énigme. Elle se manifeste comme un besoin mais cesse de l’être sans raison apparente. On peut tenter d’en explorer le phénomène, mais rien n’est sûr. Ici notre écrivain a débuté son parcours à la mort de sa mère, en a été lé déclencheur mais c’est le départ de son épouse qui a interrompu le phénomène qui reprendra sans crier gare, peut-être à la suite d’une rencontre improbable avec un marginal, parce que l’écriture tient de l’alchimie.
Amalia est une petite fille qui a été opérée du cœur et qui attend son cinquième anniversaire. Ses parents sont séparés et en plus de sa douleur physique elle souffre de cette séparation. Elle voit bien ce qui se passe dans le monde des adultes et comprend bien qu’on l’abandonne un peu. Elle explore ses souvenirs d’enfants et tresse des rêves pour l’avenir. En alternance, sa mère écrit sa solitude à elle malgré la perspective d’un autre amour. Elle confesse sa solitude mais aussi une forme de culpabilité définitive pour avoir abandonné égoïstement sa fille. Elle le fait avec des mots de grande personne qui font écho à ceux de sa fille qui n’est qu’une enfant.
Attendre l’autre c’est avouer qu’on est seul, que celui qu’on attend ne viendra peut-être pas. On l’espère comme une sorte de panacée mais l’expérience montre souvent qu’il représente aussi, surtout s’il est proche, la trahison, la destruction de sorte que cette solitude peut aussi être une qualité de vie. Sartre disait « l’enfer c’est les autres » et on peut donner à cet aphorisme une explication philosophique mais le sens commun lui préfère la formule plus basique « On est mieux seul que mal accompagné ». La solitude est souvent présentée comme un fléau de notre société et contre lequel il faut se battre mais la vie en couple, vécu comme un remède, se résume souvent, après quelques années de vie commune, a deux solitudes juxtaposées ou chacun accumule les secrets que l’autre évidemment ne partage pas.
Quant à l’écrivain, la page blanche est pour lui autant un défi qu’une invitation et les meilleures créations artistiques naissent souvent dans le silence et la solitude.
Dans la troisième nouvelle il est question de douleur et, malgré l’hôpital et les soignants qui entourent et soulage Amélia, elle est seule face à sa souffrance. Elle a aussi ‘intuition de la mort et quoiqu’on en dise là aussi, face à la Camarde on est seul.
Je ne suis que très peu entré dans l’univers de ces trois nouvelles pourtant pertinentes dans leur présentation.
©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com
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