la feuille volante

aurais-je été sans peur et sans reproche?

N°1974– Avril 2025.

 

Aurais-je été sans peur et sans reproche? Pierre Bayard - Les Éditions de Minuit.

 

Après avoir lu 'Aurais-je été résistant ou bourreau?" et "Aurais-je sauvé Geneviève Dixmer?", ouvrages fondés sur une expérience personnelle supposée, l'auteur qui nous affirme être le descendant du chevalier Bayard (1473-1524), s'interroge à nouveau. Aurait-il été digne de cette devise attachée à son nom et dont tous les potaches de ma génération ont gardé la mémoire, de même que 1515 et l’adoubement de François 1°en tant que chevalier par ses soins.

Sur sa descendance, pourquoi pas? Un saut fictif dans le passé pour le rencontrer, pourquoi pas? Il présente Bayard comme un soldat dévoué et soumis à son roi pour qui il se bat au point de lui sacrifier sa vie, ce qu'il fera. Cette obéissance est absolue et peut contrecarrer les préceptes religieux et l'amitié. Cela ne signifie par pour autant qu'il n'a pas connu la peur puisque dans les combats au corps à corps qu'il pratiquait, l'instinct de conservation est souvent baptisé à tort "courage!

Sur le parcours du chevalier, tout entier voué aux guerres d'Italie qui furent nombreuses (pas moins de 11), meurtrières, absurdes, faites de retournements d'alliances et inutiles, c'est à dire une vie consacrée à tuer des gens qui ne lui avaient rien fait et qui appartenaient à la même religion que lui alors que l’Évangile le lui interdisait et que de nombreuses voix d'humanistes s'élevaient contre la guerre, on peut effectivement s'interroger. Pour éclaircir cette démarche, l'auteur met en scène un frère cadet du chevalier devenu bénédictin, un "personnage-délégué" dont notre auteur revêtira la robe de bure notamment pour se faire l’écho des qualités d'empathie reconnues du chevalier, de sa biographie, mais aussi en l’interpelant, ne s'interdisant pas de changer éventuellement le cours des événements, modifiant la vie de son ancêtre confronté à un choix obéissance et même le cours de l'Histoire. Il observe aussi toute les difficultés liées à l’anachronisme, c'est à dire à la façon de penser nécessairement différente à la Renaissance et de nos jours.

Reste la question posée qui sert de titre à l'essai et je ne suis pas sûr d'avoir tout compris. On est à la fois dans l'utopie, dans l'anticonformisme, dans les univers parallèles mais l'auteur s'attache à montrer que le chevalier partageait nombre de nos doutes d'aujourd'hui malgré l'anachronisme. La démarche littéraire de Pierre Bayard est un exercice de pensée, c'est à dire le recours à une situation fictive différente avec saut dans le passé à la rencontre de ce valeureux chevalier. C’est, comme d'habitude, une brillante démonstration d'un intellectuel érudit notamment en histoire, d'autre part que notre auteur veuille prendre la défense de celui qu'il présente comme son ancêtre est légitime, même si, le livre refermé, je n'ai pas été vraiment convaincu.

 

 

 

 
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