la feuille volante

Volpone

N°1924 – Août 2024.

 

Volpone – Stefan Zweig – Petite bibliothèque Payot.

 

Cette pièce de théâtre est une adaptation très libre faite par Stefan Zweig de la pièce éponyme du dramaturge anglais de la période élisabéthain Ben Jonson que l’auteur de « La confusion des sentiments » trouva si drôle qu’il décida de l’adapter. Ce travail lui pris une quinzaine de jours et fut un succès immédiat et mondial. En France l’adaptation en a été faite par Jules Romains C’est une pièce en trois actes et en prose de 1925.

Cette œuvre caractérisée par une certaine drôlerie contraste avec l’écriture volontiers sombre de notre auteur. Pourtant, sous les apparences d’une comédie, c’est en réalité une critique de l’avarice et de la cupidité dont l’espèce humaine est coutumière ce qui lui donne une étonnante actualité.

Les personnages portent des noms d’animaux ce qui définissent leur caractère, un peu dans l’esprit de la commedia dell’arte ainsi qu’il est noté en didascalie, un peu le contraire des fables de La Fontaine ou du roman de renard

Nous sommes à Venise au temps de la Renaissance et Volpone, un riche Levantin, commerçant et célibataire est en parfaite santé mais joue les mourants pour éprouver la foule des notables de son entourage qu’il est en réalité désireux d’escroquer. Il se fait offrir des cadeaux somptueux par eux, sous forme de richesse et même la vertu d’une épouse, en leur faisant miroiter qu’ils seront ses uniques héritiers. C’est à la fois la critique de l’avarice et de l’envie. Il est aidé en cela par son serviteur, Mosca, qui a bien profité des leçons de son maître et se révèle aussi madré que lui. Cette forme de mise en scène qui révèle des serviteurs bien souvent plus malin que leur maître, sera reprise par plusieurs auteurs de théâtre. De plus l’épilogue a quelque chose de morale même si, le choix un peu extraordinaire qu’a fait Zweig en écrivant cette pièce drôle révèle non seulement une critique de la société et de l’espèce humaine mais peut-être une critique de lui-même, aristocrate de l’esprit, héritier d’une riche famille, une façon de rire de lui. Il y a, certes l’importance de l’argent, de la manipulation et du mensonge mais le véritable héros est moins Volpone que Mosca, valet aussi pervers que son maître et qui finit même par le dépasser en le ruinant, mais qui rachète cependant toutes ses fautes.

Il m’apparaît cependant que malgré son aspect quelque peu comique qui entraîne son lecteur avec lui, cette comédie est « grinçante » dans la mesure où elle est un des reflets de la nature humaine. C’est d’ailleurs un des aspects caractéristique de l’écriture de Zweig que d’en être le témoin et le dénonciateur . Il est en effet difficile de ne pas voir dans le personnage de Volpone, désireux de s’approprier l’argent et la femme de ses concurrents, autre chose qu’une image pas très reluisante de l’homme. On peut cependant envisager la dernière scène comme une sorte de rachat.

 

 

 
  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire