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la feuille volante

Franco di Mare

  • Barnaba il mago

    N° 1495- Août 2020.

     

    Barnaba il mago (Barnabas le magicien)- Franco di Mare – Rizzoli.

     

    Nous sommes à nouveau dans le petit village imaginaire de Bauci sur la côte amalfitaine. Un jour du rugueux hiver où, en principe tout est désert, Carmelita, la marchande de quatre saisons a vu un homme avec deux grandes valises s’introduire dans la maison fermée depuis longtemps de Fasulo et bientôt s’affiche sur la porte une plaque « Barnabas, magicien ».

     

    Bauci est un petit village et bien sûr la nouvelle en fait vite le tour et depuis le café Arturo qui comme partout est, selon Balzac « le parlement du peuple », tout le monde est rapidement au courant, le curé, Don Balo et bien sûr le maire Leonida Vinciguerra. Ce fait n’est pas aussi important que lorsqu’une statue a été érigée sur la place de l’église (« Il caffé dei miracoli » de Franco di Mare), mais quand même ! Un magicien, c’est aussi un mage qui lit dans les astres, peut même inventer des choses qui n’existent pas pour embobiner les gens, peut leur faire des révélations, leur dévoiler leur avenir, leur présent, pénétrer leurs secrets les plus intimes, alors forcément ça déplaît au curé et ça peut même menacer l’autorité du maire dans ce microcosme où tout le monde se connaît et bien sûr s’espionne. Évidemment on ne se prive pas pour le solliciter. On parle même de miracles et bien sûr pour le curé, le mage est l’incarnation du démon qu’il faut exorciser !

     

    L’intéressé s’appelle en réalité Ghislandi Pierluigi. et même si on veut voir en lui un charlatan, il a bel et bien un don de divination. Il n’empêche, une telle profession exercée par un étranger qui vient s’installer dans un petit village tel que Bauci ne peut pas ne pas susciter la curiosité et attirer l’attention, de l’adjudant Mannino, même s’il n’y a aucune plainte déposée contre lui. Mais notre carabinier n’est ni Maigret ni Nero Wolf et le mage sait comment circonvenir notre gendarme lors d’une visite de courtoisie en lui permettant notamment de résoudre rapidement une enquête qui traînait depuis des mois. La présence de ce mage à Bauci ne passe donc pas inaperçue et le plus étonnant dans tout cela c’est qu’il ne demande rien pour chaque prestation. C’est donc difficile de la prendre en défaut comme le souhaite le maire. Bien entendu la presse s’en mêle et les habitants se pressent chez le mage.

     

    L’idée de départ n’était pas mauvaise mais il y a quand même quelques longueurs et j’ai été un peu déçu par la fin que je n’ai pas vraiment comprise. Livre lu dans le texte italien pour le plaisir et aussi parce que, à ma connaissance, il n’y a pas encore de traduction française.

     

    ©Hervé Gautier mhttp:// hervegautier.e-monsite.com

     

  • Casimiro Rolex

    N° 1424 - Janvier 2020.

    Casimiro Rolex - Franco di Mare - Éditions Cairo

     

    Cette histoire se déroule à Naples, une ville mythique où, dit-on, on peut être vivant le matin et mort le soir. Elle parle Casimiro Loconto, plus connu sous le nom de "Casimiro Rolex" qui, avec son ami Gennaro et son scooter vole les montres de luxe aux touristes. C'est un napolitain, un minable voleur mais qui vit une existence amère, à la limite du crime et de la survivance, entre le bien et le mal, entre la vie et la mort. Il ne peut changer pour un travail plus rentable et régulier parce que la "saison" des Rolex ne dure que l'été. Il ne reste plus que les vieux et les retraités, mais ce n'est pas intéressant. Il ne peut pas non plus devenir comme ce voleur de Tonino'o Zar qui se ballade en Mercedes avec une femme merveilleuse.

    Avec son frère Tonino qui a fait tous les métiers mais qui est actuellement au chômage, ils ont décidé de devenir voleurs de sacs et de valises dans les trains et particulièrement dans le " Naples-Milan". Mais tout n'est pas aussi simple et il y rencontrent des hommes encore plus tordus qu'eux et ils doivent bien se rendre à l'évidence que l'équipe de petits truands qu'ils font ensemble n'est pas très efficace. Casimiro est un peu vantard et même carrément bluffeur pour ne pas perdre la face devant son frère et devant les autres, mais il est vraiment un scélérat. Ces deux compères réussissent à cacher la réalité, inventant une histoire extraordinaire où ils ont eu un comportement de héros, Rien que cela! Mais Casimiro est marié et il aime sa femme et sa famille, cherchant pour eux le meilleur. Pour autant c'est un pauvre malchanceux et à la fin les choses ne vont pas à son avantage. Le métier qu'ils ont choisi est dangereux parce que, à force de jouer avec le feu on finit par se brûler.

    C'est le troisième roman de cet auteur, mais nous sommes encore loin de l'atmosphère de Bauci, cette petite cité imaginaire de la côte Amalfitaine que l'auteur met en scène dans ses livres suivants.

    J'ai lu avec plaisir ce petit roman en italien parce que, à ma connaissance il n'y a pas de traduction française mais aussi parce que c'est une belle langue.

     

    ©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com.

  • Il caffè dei miracoli


     

    La Feuille Volante n° 1410Novembre 2019.

    Il caffè dei miracoli - Franco di Mare - Rizzoli

     

    Nous revoilà à Bauci, ce village imaginaire sur la cote amalfitaine.

    On vient d'ériger, sur la place de l'église, juste devant la porte de l'édifice religieux, une statue en marbre du sculpteur Fernando Botero, à la fois plantureuse et surtout nue et ce quelques jours avant la fête de la sainte locale, sainte Euphasie, avec la procession qui, en présence de l'évêque, passera évidemment devant cette statue et son immense derrière. C'est "la Maja tropical" en hommage à Goya. Le tout évidemment avec l'assentiment du maire, Rocco Carillo et dans le cadre du Festival de l'art de cette année. Il n'en faut pas plus pour mettre hors de lui le curé, Don Enzo, qui exige son enlèvement. Il n'en est évidemment pas question puisque, pour le maire, c'est un geste politique qu'il partage d'ailleurs avec David Ferrigno, un professeur d'art qui doit tout au maire et qui veut faire de lui son conseiller culturel et donner à sa ville un intérêt supplémentaire. On envisage tout, depuis son enlèvement, trop coûteux, son déplacement de façon à lui faire tourner le dos à l'église pour que les fidèles qui en sortent ne voient pas sa nudité, son enveloppement façon Christo comme le suggère Elvira Neri, une belle femme célibataire qui travaille à Rome comme chef de la division des biens culturels et dont tous les hommes sont amoureux. Cette statue c'est, comme on dit, un hommage à Goya, l'auteur de la "Maja desnuda" qui ainsi deviendrait la "Maja vestida". Après tout Bilbao, petite ville espagnole a bien été transformée et connue mondialement grâce au musée Guggenhiem! Pourquoi pas à Bauci? C'est une idée qui plaît bien au maire et qui l'arrangerait politiquement et le rendrait célèbre. il pourrait même devenir sénateur! Ce serait simple si l'opposition locale ne risquait de faire capoter le projet parce que son chef a depuis longtemps un différent personnel avec le maire. On pourrait même faire financer ce musée par la communauté européenne comme le suggère Elvira Neri.

    Les discussions entre le curé et le maire rappellent celle de Don Camillo et de Pepone et, pour corser le tout, on vient de trouver un petit bébé abandonné au pied de la statue. Il y avait déjà le café du village où s'étaient produit des miracles, la présence de cette enfant mystérieuse ravive cette idée.

    Cette histoire, c'est avant tout une histoire de femmes, la statue d'abord, mais aussi Elvira, Carmelina, Doll et sa petite fille, et aussi la signora Ballarin, mais là c'est une autre histoire... Dans ce village tout le monde se connaît et tout se sait, surtout dans ce café! Apparemment c'est un roman léger et distrayant, sans prétention mais il est aussi le miroir de l'espèce humaine avec sa multitude de personnages, leurs faiblesses, leurs fantasmes, leurs petitesses.

    J'ai bien aimé ce roman, plus intéressant à mon avis que "il toerema del babà" du même auteur. Je l'ai lu en italien parce que, à ma connaissance, il n'y a pas de traduction. Je l'ai même lu parfois à haute voix, ce qui, pour moi qui suis Français et amoureux de cette langue, m'a permis d'en goûter la musicalité.

     

    ©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com.

  • Le théorème du baba

    La Feuille Volante n° 1397Octobre 2019.

    Il torema del babà (le théorème du baba) - Franco di Mare - Rizzoli.

    Nous sommes à Bauci, une ville imaginaire de la côte amalfitaine et Procolo Jovine tient, sur la place centrale, "Le Liborio", un restaurant célèbre pour toutes ses recettes traditionnelles locales depuis les spaghettis agrémentés à l'infini comme les aiment les Italiens, l'aubergine à la parmesane, jusqu'au baba. Nous sommes peu de temps avant Noël et Procolo va se surpasser pour cette occasion en s'inspirant des recettes de grand-mère, en respectant scrupuleusement la tradition et les ingrédients authentiques. Tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes si, de l'autre coté de la place, là où il y avait avant une parfumerie, n'était venu s'installer un chef qui pratique la cuisine moléculaire, et ce avec la bénédiction du maire. Il n'en faut pas plus pour mettre la pagaille dans ce petit microcosme et ce d'autant plus que cet individu, Jacopo Taddei, un milanais, la cinquantaine conquérante, est non seulement beau à faire tourner la tête des femmes, spécialement celle de Rosa la belle épouse de Procolo, mais est aussi renommé pour ses exploits culinaires inventifs qui l'ont rendu célèbre à la télévision. Il a même le front d'ouvrir son établissement "Experience", juste en face de celui de Procolo et promet "des voyages émotionnels dans la cuisine". La guerre est donc déclarée.

    J'ai bien aimé ce roman qui, sous couvert de relater une histoire apparemment simple et bien ordinaire soulève bien des questions. La cuisine, même traditionnelle, reste une expérience de chimie et de physique que, même Procolo, ne peut nier mais, non seulement la venue d'un étranger est de nature à bouleverser cette petite ville, mais, avoir la mauvaise idée de promouvoir un cuisine moléculaire est vraiment ce qu'il ne faut pas faire, évidemment selon Procolo. Il va sans dire qu'on va chercher à l'éliminer par tous les moyens. C'est, certes une occasion de réfléchir sur la venue d'un étranger avec des idées nouvelles dans ce petit coin d'Italie, sur la peur du changement et des différences, sur la tolérance, mais c'est aussi l'occasion pour l'auteur de croquer d'autres personnages hauts en couleurs comme le prêtre sénégalais Don Assane, le conseiller Ludovico Percuoco, le professeur Alceste Buon et bien entendu Rosa, qui sont autant de miroir de l'espèce humaine. C'est en tout cas à Procolo que revient la conclusion de cette plaisante histoire.

    C'est un agréable roman écrit avec ironie et simplicité, léger et agréable à lire, lu en italien pour la beauté de la langue mais aussi parce qu'il n'existe pas à ma connaissance de traduction. Je dois dire que cette écriture a bien facilité ma lecture, malgré quelques expressions napolitaines. Ce roman déborde de recettes de cuisine, ce qui est bien normal mais aussi de sentences pleines de sagesse.

    Je ne connaissais pas Franco di Mare, journaliste à la RAI mais aussi animateur de télévision. Il est l'auteur de nombreux livre

    ©Hervé Gautier.http:// hervegautier.e-monsite.com


     

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