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la feuille volante

Maylis de Kerangal

  • Naissance d'un pont

    N°1936– Octobre 2024.

     

    Naissance d’un pont – Maylis de Kerangal – Gallimard.

     

    Coca, une ville californienne imaginaire de nos jours. Son mégalomane de maire, John Johnson dit Le Boa s’est imaginé la doter d’un gigantesque pont suspendu à six voix jeté au-dessus du fleuve et d’un port. On vient du monde entier avec sa spécialité pour participer à cette réalisation sous la direction de l’architecte Georges Diderot mais aussi on recrute localement une foule de prolétaires qui édifieront l’ouvrage et dragueront le fleuve. Le projet attire aussi des ouvriers professionnels très pointus comme Sanche, grutier.

    Il y a beaucoup de personnages qui viennent sur ce chantier avec leur histoire, leurs fantasmes, leurs regrets, leurs espoirs et on comprend bien qu’on n’est pas ici dans un monde idéal ; Il y a de la violence, des règlements de comptes, des accidents, du sexe, de l’argent, de l’alcool...

    Il y a l’histoire de ce pont qui révolutionne cette région perdue que rien ne prédisposait à recevoir une telle réalisation, cette ville qui maintenant prend des proportions inquiétantes pour l’avenir. C’est en creux l’éternel débat entre la tradition et la modernité face aux indiens qui habitent ici depuis des siècles et défendent leurs terres, la réalité de la lutte des classes au sein même de ce chantier, le profit des actionnaires, les délais à respecter, la rentabilité contre le travail au quotidien avec ses dangers, la différence de vie entre la chaleur des bureaux où se prennent les décisions et le chantier dangereux et glacial. On n’échappe pas aux mouvements sociaux, aux grèves pour un meilleur salaire, aux interruption temporaires pour causes écologiques, à la fierté des ouvriers de participer à un tel chantier, à la violence, aux histoires d’amour incontournables et éphémères quand le monde du travail met en situation des hommes et des femmes ... Je suis entré dans cette histoire ainsi racontée, je m’y suis laissé entraîné non seulement pour connaître la fin de ce roman mais aussi pour faire plus ample connaissance avec cette auteure dont j’entends dire beaucoup de bien et donc pour pouvoir, à mon tour m’en faire une idée et en parler. Pourtant l’épilogue ne m’a pas convaincu ; Je m’attendais à autre chose un peu comme si la fin des travaux relâchaient soudain les tensions longtemps contenues, autorisaient toutes les folies. Certains ouvriers tournent simplement la page et envisagent un avenir immédiat et ordinaire, Sanche se lâchent complètement et Diderot changera de vie . Cependant c’est l’écriture qui m’a un peu arrêté. J’avais fait la connaissance de l’auteure avec la lecture de « Corniche Kennedy » dont je n’avais guère goûté le style décousu et le langage tortueux. Ici, même si c’est différent avec de nombreuses précisions parfois techniques, une expression foisonnante, compliquée, riche (parfois trop) et abondante, bruyante, un peu artificielle qui raconte froidement une fiction sans vraiment traduire des impressions éventuellement ressenties par l’auteure. Mon avis est don mitigé et j’ai même été un peu déçu.

     

     

     

     

  • Corniche Kennedy

    N°1934– Septembre 2024.

     

    Corniche Kennedy – Maylis de Kerangal – Gallimard.

     

    Une bande d’ados un peu paumés se retrouvent sur une corniche qui surplombe la mer Méditerranée à différents niveaux. Ils plongent, défiant la peur, le risque, la mort peut-être. C’est leur rituel leur façon de s’affirmer face à une société qu’ils fuient, face à l’interdit, face aux autres jeunes moins hardis, d’exprimer leur liberté, leur volonté d’être différents. On peut dire que c’est de leur âge. Sauf que cet exercice n’est pas du goût du maire qui a décidé de faire cessé cette manifestation d’entrave à l’Ordre public et a chargé le commissaire Sylvestre Opéra de les surveiller. Tel est le thème du roman.

    Le thème était intéressant mais j’ai rapidement été lassé par un style décousu, l’écriture tortueuse et sans grand attrait pour moi, peut-être conforme à ce qui s’écrit actuellement mais que j’ai eu du mal à apprécier, poursuivant cependant ma lecture jusqu’à la fin dans le seul but de découvrir une auteure inconnue.

    Je n’ai pas été convaincu par l’histoire non plus. Certes il y a cette aventure de ces jeunes gens et leur volonté de se démarquer mais je ne suis pas sûr qu’ils iront au bout de leur démarche, sauf à tomber dans la délinquance, la vraie, ce qu’il ne veulent sûrement pas. On est loin de l’idée de liberté du début. L‘idylle entre Eddy, le marginal chef de bande et Suzanne, bien différente de lui ne durera que le temps d’un été. Les épisodes de prostitution et de drogue sont peut-être inévitables mais m’ont paru un peu convenus, quand au commissaire, addict à la vodka et au tabac, rendu poussif par le diabète , il ne m’a pas paru convainquant non plus.

    Je suis peut-être passé à côté d’un bon roman, par ailleurs incarné au cinéma dans un film éponyme de Dominique Cabrera, mais je n’ai pas accroché, peut-être pas compris.