la feuille volante

Jean-François PAROT

  • l'énigme des Blancs-Manteaux

    La Feuille Volante n° 1261

    L’énigme des Blancs-Manteaux – Jean-François Parot – JC Lattès.


     

    J'aurais donc, par le plus grand des hasards, lu en dernier l'un des premiers romans de Jean-François Parot consacré au commissaire Le Floch. Je les ai certes lu avec beaucoup de plaisir comme en atteste les commentaires recueillis dans cette chronique, mais je n'ai pu me défaire, tout au long de cette lecture, de la désagréable certitude que cela serait la dernière fois puisque son auteur vient malheureusement de nous quitter.


     

    Nous assistons donc à la naissance « littéraire » de Nicolas le Floch qui, il ne le sait pas encore, est promis à un bel avenir puisqu'il va rencontrer tous ceux qui le côtoieront et l'aideront dans son office. Venant de sa province bretonne, il débarque à Paris et dans sa vie personnelle autant que professionnelle, cet épisode correspond à une page qui se tourne. Il est d'emblée mis dans le bain de son métier de policier, qu'il n'a cependant pas choisi, et rencontre M. de Sartine, lieutenant général de Police, à qui il a été recommandé et qui sera son mentor mais restera un personnage énigmatique. Le hasard va lui faire rencontrer divers personnages qui compteront dans sa future vie et notamment son fidèle inspecteur Bourdeau à qui Sartine lui-même a demandé d'exercer une particulière attention pour qu'il ait toujours la vie sauve. Nicolas va ainsi passer sans transition et pour les besoins de l'enquête, des écuelles immondes des tavernes malfamées des bas-fonds de Paris aux soupers fins de l'aristocratie.

    C'est peut-être la période du carnaval mais bien des gens disparaissent autour de lui, qu'il est chargé de retrouver et la rue des Blancs-Manteaux où il loge momentanément, chez le commissaire Lardin, est elle-même le lieu de la disparition énigmatique de celui-ci. C'est que Sartine, en grand connaisseur de l'espèce humaine se méfie de ses policiers qui peuvent se laisser corrompre, mais pas de Nicolas le Floch. Il fait pourtant, après une période d'observation, confiance à ce jeune homme qui lui paraît prometteur et digne d'intérêt, nous en saurons plus tard la raison. Bien entendu les enquêtes qui lui sont confiées seront jalonnées d'assassinats, d'adultères, de trahisons, de mystérieuses rencontres, de bordels et d'épouses perverses, de suspicions, de chantages et de corruptions mais aussi de concours amicaux durables. C'est à ce prix qu'il deviendra un zélé serviteur de son roi à qui il sera présenté mais aussi fera son apprentissage de policier et d'homme, les turpitudes et la pègre qu'il rencontre dans la capitale étant à cent lieues de sa vie bretonne paisible et studieuse. La résolution de l'affaire qui lui a été confiée contribuera à faire de lui le futur « commissaire aux affaires extraordinaires » du Châtelet.

    J'ai eu à nouveau plaisir à arpenter, par procuration, les rues de ce Paris du XVIII° siècle qui me plaît tant, à goûter les plaisirs culinaires qui accompagneront ses aventures policières, à me replonger avec intérêt dans le contexte social et culturel de l'époque et dans l'histoire elle-même, la vraie, qui entoure ce personnage de fiction.

    © Hervé GautierJuillet 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]

  • Le Prince de Cochinchine

    La Feuille Volante n° 1259

    Le prince de Cochinchine – Jean-François Parot – JC Lattes.

     

    En cet automne 1787, c'est une ambiance de fin de règne pour Louis XVI avec le déficit record du budget, les troubles dans le pays, la disette dans les campagnes et l’effondrement de l’État. Nicolas le Floch qui a rejoint ses terres bretonnes pour la naissance de son petit-fils est convoqué à Paris sans qu'il sache exactement par qui, et échappe à deux agressions. Dans la Capitale, les choses ont changé mais Nicolas voit dans cette convocation mystérieuse l'ombre de Sartine qui, bien que retiré des affaires, continue à s'intéresser à la marche du royaume et y imprimer sa marque. Le commissaire se trouve en possession d'un papier qui porte des idéogrammes orientaux qu'il ne comprend pas et qu'il confie à son ami de jeunesse, Pierre Pigneau de Behaine devenu évêque in partibus aux missions étrangères et chargé de négocier un traité commercial avec le roi de Cochinchine. Les ennemis de la France souhaitent avant tout faire échouer ce projet et c'est à cause de sa réputation de probité autant qu'à son amitié avec l'évêque qui a fait appel à lui que Nicolas doit cette volonté de l'éliminer. Il va se trouver malgré lui pris dans un piège machiavélique assez incompréhensible et devra, avec l'aide de son fidèle Bourdeau, déjouer les pièges tendus par une mystérieuse secte orientale, la Triade, ainsi que les différentes trahisons inspirées parfois par de vieilles rancœurs et haines qui sont le propre de l'espèce humaine, sera accusé à tort d'assassinat, embastillé (sur l'ordre du lieutenant criminel soi-même, c'est à dire son supérieur hiérarchique), enlevé, torturé avec le but évident d'attenter à sa vie autant que de faire capoter ces négociations prometteuses qui s'inscrivent néanmoins dans un contexte d'affaiblissement croissant du roi.

    Pluton, son fidèle chien, tient dans cette aventure un rôle non négligeable où le mystère s'épaissit de jour en jour avec des témoignages oscillant entre rétention d'informations, propos vagues et suppositions malveillantes. D’imbroglios en rebondissements, de marivaudages en fausses pistes, d'assassinats en trahisons, le marquis de Ranreil n'aura jamais autant mérité son titre de « commissaire aux affaires extraordinaires » qu'au cours de ces investigations. La naissance de son petit fils a peut-être asséné à Nicolas un coup de vieux mais son esprit reste en éveil et il demeure toujours aussi attentif au charme et à la beauté des femmes. Tous ces événements sont sujets à questionnement pour le commissaire tant leur déroulement est pour le moins bizarre, la diplomatie s'y mêle à l'intrigue, le vol et les meurtres aux coteries politiques que l'insécurité de l'époque et les scandales liés à la reine favorisent, le tout face à l'incapacité grandissante d'un roi qui trouvait sans doute dans la régularité des mouvements d'horlogerie qu'il affectionnait l'image d'une société à laquelle il aspirait. Que pouvait faire dans tout cela Le Floch puisqu'on avait, par des moyens grossiers, cherché à le mettre en cause personnellement et à attenter à sa vie ?

    A l'occasion de ce roman haletant, le lecteur constatera les idées révolutionnaires de Bourdeau, admirateur de Rousseau, contre notamment la vénalités des charges, l'abolition des privilèges et en faveur de l'égalité de tous les citoyens, que la double origine de Le Floch ne peut ignorer. Le bouillonnement des idées inspirées par les Lumières, la volonté de changement exprimée par le peuple donne l'opportunité de passes d'armes entre les tenants de la royauté et ceux pour qui un changement de la société est inévitable. Ce sera également l'occasion de croiser de grandes figures de l'époque comme l'ambigu Restif de la Bretonne, déjà connu de Le Floch, la fascinante Olympe de Gouges et bien entendu Pierre Pigneau de Behaine, (1741-1799) authentique missionnaire devenu évêque et diplomate qui a contribué à la présence française dans le royaume d'Annam et dont Jean-François Parot, alors consul général à Saigon en 1983, a obtenu des autorités le transfert des cendres en France.

    J'ai apprécié, comme toujours et avec le même plaisir de le lire, les notes culinaires, la langue, l'érudition et le style de Jean-François Parot qui vient malheureusement de nous quitter.

    © Hervé-Lionel – Juillet 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]

    La Feuille Volante n° 1259

    Le prince de Cochinchine – Jean-François Parot – JC Lattes.

     

    En cet automne 1787, c'est une ambiance de fin de règne pour Louis XVI avec le déficit record du budget, les troubles dans le pays, la disette dans les campagnes et l’effondrement de l’État. Nicolas le Floch qui a rejoint ses terres bretonnes pour la naissance de son petit-fils est convoqué à Paris sans qu'il sache exactement par qui, et échappe à deux agressions. Dans la Capitale, les choses ont changé mais Nicolas voit dans cette convocation mystérieuse l'ombre de Sartine qui, bien que retiré des affaires, continue à s'intéresser à la marche du royaume et y imprimer sa marque. Le commissaire se trouve en possession d'un papier qui porte des idéogrammes orientaux qu'il ne comprend pas et qu'il confie à son ami de jeunesse, Pierre Pigneau de Behaine devenu évêque in partibus aux missions étrangères et chargé de négocier un traité commercial avec le roi de Cochinchine. Les ennemis de la France souhaitent avant tout faire échouer ce projet et c'est à cause de sa réputation de probité autant qu'à son amitié avec l'évêque qui a fait appel à lui que Nicolas doit cette volonté de l'éliminer. Il va se trouver malgré lui pris dans un piège machiavélique assez incompréhensible et devra, avec l'aide de son fidèle Bourdeau, déjouer les pièges tendus par une mystérieuse secte orientale, la Triade, ainsi que les différentes trahisons inspirées parfois par de vieilles rancœurs et haines qui sont le propre de l'espèce humaine, sera accusé à tort d'assassinat, embastillé (sur l'ordre du lieutenant criminel soi-même, c'est à dire son supérieur hiérarchique), enlevé, torturé avec le but évident d'attenter à sa vie autant que de faire capoter ces négociations prometteuses qui s'inscrivent néanmoins dans un contexte d'affaiblissement croissant du roi.

    Pluton, son fidèle chien, tient dans cette aventure un rôle non négligeable où le mystère s'épaissit de jour en jour avec des témoignages oscillant entre rétention d'informations, propos vagues et suppositions malveillantes. D’imbroglios en rebondissements, de marivaudages en fausses pistes, d'assassinats en trahisons, le marquis de Ranreil n'aura jamais autant mérité son titre de « commissaire aux affaires extraordinaires » qu'au cours de ces investigations. La naissance de son petit fils a peut-être asséné à Nicolas un coup de vieux mais son esprit reste en éveil et il demeure toujours aussi attentif au charme et à la beauté des femmes. Tous ces événements sont sujets à questionnement pour le commissaire tant leur déroulement est pour le moins bizarre, la diplomatie s'y mêle à l'intrigue, le vol et les meurtres aux coteries politiques que l'insécurité de l'époque et les scandales liés à la reine favorisent, le tout face à l'incapacité grandissante d'un roi qui trouvait sans doute dans la régularité des mouvements d'horlogerie qu'il affectionnait l'image d'une société à laquelle il aspirait. Que pouvait faire dans tout cela Le Floch puisqu'on avait, par des moyens grossiers, cherché à le mettre en cause personnellement et à attenter à sa vie ?

    A l'occasion de ce roman haletant, le lecteur constatera les idées révolutionnaires de Bourdeau, admirateur de Rousseau, contre notamment la vénalités des charges, l'abolition des privilèges et en faveur de l'égalité de tous les citoyens, que la double origine de Le Floch ne peut ignorer. Le bouillonnement des idées inspirées par les Lumières, la volonté de changement exprimée par le peuple donne l'opportunité de passes d'armes entre les tenants de la royauté et ceux pour qui un changement de la société est inévitable. Ce sera également l'occasion de croiser de grandes figures de l'époque comme l'ambigu Restif de la Bretonne, déjà connu de Le Floch, la fascinante Olympe de Gouges et bien entendu Pierre Pigneau de Behaine, (1741-1799) authentique missionnaire devenu évêque et diplomate qui a contribué à la présence française dans le royaume d'Annam et dont Jean-François Parot, alors consul général à Saigon en 1983, a obtenu des autorités le transfert des cendres en France.

    J'ai apprécié, comme toujours et avec le même plaisir de le lire, les notes culinaires, la langue, l'érudition et le style de Jean-François Parot qui vient malheureusement de nous quitter.

    © Hervé-Lionel – Juillet 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]

  • LA PYRAMIDE DE GLACE

    N°892– Avril 2015

    LA PYRAMIDE DE GLACE Jean-François Parot – JC Lattès.

    Nous sommes en février 1784 et il fait froid, un froid qui fait augmenter le prix des denrées de première nécessité et active la colère populaire même s'il y a, dans les villes, un élan sporadique de solidarité des plus riches vers les plus humbles. Dans les campagnes, les loups sortent des forêts, terrorisent le peuple et on cherche vainement des raisons à ce changement climatique exceptionnel. A Paris, le bon peuple qui, quelques années plus tard s'élèvera contre l’autorité royale et la personne du roi (et celle de la reine) témoigne son attachement à Louis XVI en érigeant dans les rues des pyramides de glace et de neige en son honneur. Le dégel qui rend les rues de la capitale encore plus repoussantes et malodorantes, révèle, dans une de ces élévations éphémères, le cadavre nu d'une femme préalablement assassinée dans des conditions mystérieuses. Pourtant, le fait que cette jeune femme ressemble à s'y méprendre à la reine Marie-Antoinette est-il un signe des bouleversements à venir? Qu'elle ait été trouvée à proximité de la maison du président du Parlement de Paris est-il révélateur, tout comme cette mise en scène macabre ? Le libelle obscur qui accompagne cette découverte plonge les enquêteurs dans un abîme de réflexions. Voilà donc pour Nicolas le Floch, commissaire aux affaires extraordinaires du royaume, et pour ses habituels et parfois inattendus collaborateurs, une enquête qui promet d'être pleine de surprises. Comme d'habitude, ses investigations mettent à jour les vices et travers libertins de l'élite aristocratique de la société et cette enquête ne fera pas exception. Elle se déroule sur fond de mépris de la noblesse pour le peuple qu'anime un profond désir de changement, lui permet d'en rencontrer encore une fois les bas-fonds mais aussi des nobles dépravés qui ne reculent devant rien pour satisfaire leurs vices. Pour cela il croisera nombre de personnages qui apporteront leur pierre à la manifestation de la vérité mais aussi le mystificateur Cagliostro et Rétif de la Bretonne toujours aussi énigmatique mais qui a une connaissance très précise des mœurs et des gens de la haute société.

    A la cour, le roi se préoccupe davantage d'un vol de porcelaine de Sèvres prisée par la reine autour de qui les intrigues et critiques vont bon train. Louis XVI, malgré sa volonté d'améliorer le sort des plus pauvres, se caractérise par son incapacité à gouverner, sa naïveté naturelle, ce qui, malgré lui le coupe des masses populaires. Face à la montée de la contestation que les philosophes des Lumières ont largement inspirée, Nicolas est quelque peu tiraillé entre sa fidélité aux souverains, ses origines nobles et son aspiration naturelle qui le pousse vers le peuple dont son fidèle Bourdeau incarne bien cette volonté d'émancipation. Sartine, ancien lieutenant général de police et ami de Nicolas, même s'il a été remplacé par Le Noir, s'ennuie dans sa toute nouvelle retraite, mais continue à garder un œil sur les affaires du royaume et s’intéresse toujours de très près aux enquêtes du commissaire Le Floch. Il se pourrait donc bien qu'il ait sur cette affaire où la sorcellerie, la politique étrangère, le déficit grandissant du Trésor et peut-être ce fameux vol de porcelaine dont l'ombre plane de plus en plus sur cette enquête, des informations particulières, d'autant que les cadavres se multiplient et qu'un prince du sang pourrait bien y être compromis. Tout cela n'a évidemment pas échappé à ce grand serviteur du royaume.

    Cette enquête labyrinthique où se mêle crimes passionnels, intrigues politiques, affaire d’État, jusque dans l'entourage immédiat de Louis XVI entraîne comme toujours le lecteur dans un Paris fascinant et inquiétant. Les recettes de cuisine, le style à la fois agréable à lire, délicieusement suranné et plein de suspense de l'auteur contribue comme toujours à un dépaysement agréable et bienvenu.

    ©Hervé GAUTIER – Mars 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

  • L'AFFAIRE NICOLAS LE FLOCH

    N°866– Février 2015

    L'AFFAIRE NICOLAS LE FLOCH- Jean-François Parot – 10-18.

    Être bien en cours et commissaire de police au Châtelet, chargé des affaires extraordinaires, ne met pas Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil, à l'abri de tout, au contraire ; Il va d'ailleurs en faire l'amère expérience quand sa maîtresse, la capricieuse mais fort jolie Mme Julie de Lestrieux est retrouvée empoisonnée à son domicile. Cela tombe plutôt mal, il était chez elle le soir du meurtre et naturellement les soupçons se portent sur lui d’autant que les indices l'accablent et que la rumeur enfle, d'autant qu'il serait devenu son héritier par testament ! On veut sans doute compromettre un protégé du roi Louis XV et à travers lui menacer l'équilibre du royaume ? Il ne peut donc mener l'enquête que Sartine, Lieutenant général de police, malgré l'estime qu'il lui porte, confie à son fidèle ami l'inspecteur Bourdeau, tout en conseillant à Nicolas de se faire voir à Versailles et de faire la cour aux dames. C'est sans doute mal connaître le commissaire qui sur le conseil de son ami va au contraire se cacher sous un déguisement... pour mieux enquêter et tant pis s'il doit mettre de côté ses états d’âme et agir dans l'ombre pour faire éclater la vérité. Le mystère s'épaissit autour de cette mort et non seulement Nicolas apprend que sa maîtresse l'a sans doute trompé, qu'elle n'est pas exactement celle qu'il croyait, mais pas mal de personnages étranges gravitent autour de cette affaire et les domestiques, pourtant fidèles n'apportent aucune information fiable, pire peut-être l'un d'eux meurt empoisonné jusque dans la prison où il était incarcéré. C'est que, dans cette enquête comme dans les autres, les morts suspectes se multiplient, compliquant ainsi les investigations. A cause de cette affaire et un peu malgré lui il va pourtant voyager jusqu’en Angleterre pour une intrigue un peu rocambolesque où se mêlent pamphlets, politique, amours, espionnage, et croiser l'ombre énigmatique du chevalier d’Éon, celles de Mme du Barry et de Beaumarchais. Sa vie va être menacée avec complots et chantages, manœuvres machiavéliques, mais toujours ses amis veillent pour sa vie, son honneur et surtout son innocence.

    Dans cet épisode, Nicolas, confronté à des changements à la tête de l’État et à la promotion de Sartine son protecteur, est quelque peu dubitatif, les services qu'il a rendus au défunt roi ne suffiront pas assurer son avenir. Pourtant à titre personnel, il a tout lieu d'être satisfait : lui-même enfant naturel mais légitimé par son vrai père le Marquis de Ranreuil, va croiser un jeune homme maintenant adolescent, fruit de ses amours passées avec la Satin, ce fils qui lui tombe du ciel va suffire à lui rendre sa joie de vivre. Ces aventures un peu tumultueuses se passent dans une atmosphère de la fin du règne d'un monarque vieillissant et dans une ambiance délétère où le colère du peuple monte de plus en plus, annonçant une période plus mouvementée. Dans cet épisode, je n'oublierai pas Mouchette, la petite chatte qui ici entre dans la vie de Nicolas et mérite bien de figurer au rang de ses amis.

    Comme à chaque fois, j'ai apprécié cette fiction où l'auteur mêle avec bonheur des personnages historiques et fictifs, précise des points de l'Histoire et parfois aussi des faits avérés qui ont fait partie du quotidien de l'époque. J'ai aimé l’intrigue policière avec son suspens, l'étude des personnages qui, malgré la période révolue, sont l'image constante de la condition humaine. Le style, fluide, agréable à lire et qui, grâce à des artifices de vocabulaire et de grammaire parfois un peu surannés, transporte le lecteur dans ce XVIII° siècle qui m'a toujours fasciné. Encore une fois le dépaysement fonctionne en replongeant le lecteur dans cette période. Ce livre, comme les autres du même auteur dont cette chronique s'est déjà fait l'écho, m'a procuré un bon moment de lecture.

    ©Hervé GAUTIER – Février 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com

  • L'HOMME AU VENTRE DE PLOMB

    N°714 – Janvier 2014.

    L'HOMME AU VENTRE DE PLOMB – Jean-François PAROT – Éditions JC LATTES.

    Nous sommes à l'Opéra, à la première des Paladins de Jean-Philippe Rameau à laquelle assiste Mme Adélaïde, une des filles de Louis XV et au cours de laquelle le comte et la comtesse de Ruissec apprennent le suicide de leur fils. Sartine, Lieutenant Général de police et impénitent collectionneur de perruques et le commissaire Nicolas Le Floch, commissaire aux affaires extraordinaires, se rendent au domicile des malheureux parents. Ils leur faut non seulement faire face à la douleur mais aussi à l'infamie, les lois en vigueur disposaient qu'on les traitât comme les assassins d'eux-mêmes. Pour autant, le comte, submergé par le deuil mais peut-être aussi imbu de sa qualité de noble se montre cassant et irrespectueux à l'endroit des autorités policières chargées de cette enquête.

    Le Floch ne tarde pas à mettre en doute les évidences et son intuition lui indique d'emblée qu'il ne peut s'agir que d'un crime. Ses investigations tout au long de cette enquête ne feront que corroborer cette première impression. C'est qu'il n'a pas la tache facile, coincé qu'il est entre le rang du comte, attaché à la Maison du Roi et à Mme Adélaïde, les jésuites, les jansénistes, les philosophes, tout cela dans un contexte de guerre. Aussi bien cette mort sera considérée officiellement comme un simple accident. Puisqu'une difficulté n'arrive jamais seule, il est aussi chargé d'une affaire de contrebande mêlant à son insu le ministre plénipotentiaire de l’Électeur de Bavière présent à Paris et surtout du meurtre bien mystérieux de la comtesse de Ruissec, dame d'honneur de Mme Adélaïde et mère du vicomte, affaire qu'on souhaite en haut lieu voir classée au plus vite. Elle sera elle aussi considérée comme un banal accident. En outre, la confiance que lui témoigne le roi l'amène à connaître du vol d'un bijou dérobé à Mme Adélaïde, une affaire apparemment sans importance, à moins que ... Son enquête principale devient donc une action solitaire et risquée où il se perd un peu entre les ordres et les contrordres, même s'il croit pouvoir bénéficier de la protection de la marquise de Pompadour ! Les pressions sont tellement grandes que sa hiérarchie lui signifie de devoir faire son office de policier mais dans le plus grand secret puisque paradoxalement ces deux crimes n'existent pas ! On n'est guère pressé de faire la lumière sur ces deux morts suspectes qui sont pour Le Floch de plus en plus mystérieuses.

    C'est que, dans l'affaire de l’assassinat du vicomte de Ruissec il est rapidement évident, grâce à au diagnostique de ses amis Segmagus et Sanson que la victime a été exécutée... par ingestion de plomb, supplice qu'on réservait, en Russie, aux faux-monnayeurs. Notre commissaire comprend très vite que le deux affaires criminelles sont liées et qu'il ne fera sur elles la lumière qu'en recueillant le plus d’informations possible sur feu le vicomte, mais, bien entendu, dans la plus grande discrétion ! Ses investigations le conduisent à la Comédie-Italienne mais aussi à Versailles et l'amènent à s’intéresser au frère cadet du vicomte décédé, Gilles, promis à la prêtrise mais qui n'en n'est pas moins un énigmatique débauché ce qui laisse Le Floch entrevoir un probable fratricide d'autant plus que beaucoup de points restent obscurs à son sujet. D'autre part, les renseignements qu'il obtient sur le comte de Ruissec ne sont guère en faveur de ce dernier et tisse autour de lui un halo de doutes, ce qui renforce ses soupçons. Pourtant, lui aussi est retrouvé mort assassiné et sa mort donne à penser à notre commissaire qu'il existe une conspiration contre Louis XV et qu'on en veut à sa vie. Son enquête doit gêner bien des gens puisque les jésuites, par ailleurs compromis dans une affaire de banqueroute, organisent son enlèvement afin de faire, à leur manière, pression sur lui.

    Cette affaire qui se déroule entre octobre 1761 et février 1762 est passionnante. Comme toujours avec les romans de Jean-François Parot le lecteur est immergé avec force détails dans ce XVIII° siècle mouvementé avec ses coutumes, ses classes sociales, ses ragots, sa manière de vivre, son sens de l'honneur, ses complots réels ou supposés, entre hôtels particuliers et bas-fonds, théâtres à la mode et lupanars. Elle ne trouvera sa conclusion qu'après que bien des obstacles dressés opportunément durant son cours soient levés, entre volonté de vengeance, vol crapuleux, actions pour détourner le cours de la justice, calomnies, autant dire l'ordinaire de l'espèce humaine.

    Comme à chaque fois je note que notre commissaire ne regimbe pas sur la bonne chère, que celle-ci lui soit dispensée dans la taverne de la Mère Morel ou à la table sans doute plus distinguée mais non moins bien pourvue de son ami l'ancien procureur M.de Noblecourt. Lui qui rechigne encore à porter le nom de Ranreuil et son titre de marquis reste un policier qui est assisté dans sa tâche par son fidèle Bourdeau et accessoirement par La Paulet, maquerelle et tenancière de tripot, sur le coupable commerce de qui il ferme les yeux à condition qu'elle coopère à la manifestation de la justice. Le commissaire et l’inspecteur font une bonne équipe ce qui les amène à des escapades judiciaires où la procédure est parfois oubliée, mais ne font-ils pas partie de la meilleure police d'Europe ? Seul compte pour Le Floch son enquête qu'il entend mener à son terme sans trop de soucier des conséquences.

    A titre personnel, j'apprécie le style, le vocabulaire de l'auteur et l'ambiance qu'il instille dans ses romans où se mêlent personnages réels et de fiction. Ils sont toujours pour moi un bon moment de lecture.

    ©Hervé GAUTIER – Janvier 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com

  • LE NOYE DU GRAND CANAL – Jean-François PAROT

    N°543 – Novembre 2011.

    LE NOYE DU GRAND CANAL – Jean-François PAROT – JC Lattès.

    En cette année 1778, alors qu'à Paris on ne parle que de la venue de Voltaire dans la capitale et de la prochaine naissance de l'héritier du Trône, Nicolas le Floch, Marquis de Ranreuil et commissaire au Châtelet se voit confier une mission extraordinaire : celle d'être l'espion du Roi en surveillant le duc de Chartres, son cousin qui lorgne la charge d'amiral de la flotte et doit s'embarquer à Brest, à bord du « Saint-Esprit », pour aller guerroyer sur mer contre les Anglais. C'est un prince de sang mais aussi un libertin à la fois débauché, joueur et franc-maçon. Pour autant, la mission de Le Floch s'annonce mal. Pour les autres officiers, il sera en inspection, ce qui sera sa « couverture », mais en réalité il sera l'œil du Roi et celui de Sartine, ministre de la marine qui ne peut se résoudre à abandonner ses habits de Lieutenant Général de Police et qui entretient toujours une solide amitié avec Ranreuil. La bataille s'engage avec l'escadre anglais et le Marquis tente de protéger le duc qui revient sain et sauf. Pourtant notre commissaire a vent d'un complot et retrouve cette histoire de bijou volé à la reine au bal de l 'Opéra quelque temps plus tôt et qui menace de devenir une affaire d'État, sur fond de pamphlets et de diatribes contre la couronne. De plus, on attire son attention sur le rôle quelque peu trouble que joue le mystérieux mais authentique inspecteur Renard dont l'épouse est également lingère de la reine. Ce policier serait non seulement corrompu mais aussi séditieux, peut-être l'auteur ou le propagateur des libelles qui circulent contre la reine tout en lui fournissant éventuellement des livres licencieux. Quant à Rétif de la Bretonne, écrivain, polémiste, libertin et noctambule impénitent, il sert à l'occasion à Le Floch d'informateur, mais son rôle est trouble.

    On retrouve, noyé dans le grand canal des jardins de Versailles, un mystérieux personnage qui pourrait bien être Lamaure, le propre valet du duc de Chartres. On a découvert sur son cadavre une étrange partition musicale et le nom d' « Horace » revient de plus en plus souvent sans qu'on sache exactement ce qu'il signifie, pas plus d'ailleurs que le message sibyllin qui l'accompagne... Que doit-on penser de ce second cadavre découvert à la pompe de la Samaritaine, lui aussi accompagné d'un fragment d'une partition musicale ? Quel est le sens réel de ce « modus operandi » qui conduit le meurtrier à ne pas dissimuler le cadavre de ses victimes ? Que signifient exactement les propos désordonnés mais qui se sont révélés prémonitoires de La Paulet, vieille connaissance de Le Floch et aussi tenancière de lupanar ? Y a-t-il un lien entre le duc et le magnétiseur Mesmer dont on parle beaucoup ? Cet énigmatique personnage, authentique scientifique ou charlatan patenté, défraie la chronique de la cour par ses expériences. Des vols étranges y seraient liés. Que viennent faire ces castrats qui se retrouvent dans l'entourage du roi ? Tous ces faits sont compliqués par la mort bien étrange de l'inspecteur Renard qui prive le commissaire d'un acteur et d'un éventuel coupable autant que d'un témoin-clé dans cette affaire décidément bien compliquée. Quel est le rôle réel de Mme Renard, l'épouse de cet inspecteur qui elle-même se livre à des trafics illicites ? Que signifie l'enlèvement d'Aimée d'Arranet ? Chaque nouveau meurtre paraît non seulement au grand jour mais aussi est accompagné d'un rébus et d'un poignard de facture italienne qui se rattachent au bijou dérobé à la reine, à la personne des ducs de Chartes et de Provence et à l'ombre de l'Angleterre, ennemi héréditaire de la France. Dans cette affaire, la haine de la reine le dispute à la trahison, aux charges convoitées puis refusées par la couronne, aux cabales, aux complots et au jeu politique. Face à cette somme d'interrogations, le marquis reste partagé entre sa fidélité aux membres de la famille royale et sa volonté de la servir et à sa sagacité de policier, soucieux de l'ordre public.

    Malgré de nombreuses digressions parfois longues et compliquées, l'auteur mêle avec bonheur fiction et réalité historique, replonge, avec un art consommé du suspense son lecteur dans cette atmosphère alternativement festive et inquiétante du Siècles des Lumières, du Paris des bas-fonds et des intrigues de cour. C'est assurément un bon moment de lecture !

    ©Hervé GAUTIER – Novembre 2011.http://hervegautier.e-monsite.com

  • L'ANNEE DU VOLCAN – Jean-François PAROT



    N°657– Juillet 2013.

    L'ANNEE DU VOLCAN – Jean-François PAROT – JC LATTES.

    Nous sommes en Juillet 1783 et le vicomte de Trabard vient de mourir, tué en pleine nuit par son cheval, Bucéphale. Ce nom avait déjà été porté par le destrier d'Alexandre mais si ce cheval avait peur de son ombre, il semblerait bien que la monture du vicomte ait craint les pétards jetés dans son box nuitamment, ce qui pour le commissaire Le Floch est sans aucun doute le signe d'un assassinat camouflé en accident. D’autant que le cheval est présenté comme une bête fougueuse alors qu'il n'en n'est rien ! Quant au vicomte, pour être noble il n'en était pas moins quelqu’un de peu recommandable dont on n'aurait bien pu vouloir se débarrasser. Le vicomte et la vicomtesse vivent sous le même toit mais mènent deux vies bien séparées ce qui pourrait bien être une explication à cette mort mystérieuse, les domestiques, sous couvert de la fidélité à leurs maîtres, cachent des informations à nos policiers, les appartements de M. de Trabard ont été fouillés bien avant l'arrivée de la police et les nombreux détails qui s'accumulent lors de leurs recherches contribuent à épaissir le mystère qui entoure cette affaire et posent bien plus de questions qu'ils n'apportent de réponses. Le plus étonnant est sans doute que la reine qui fait mander Nicolas le Floch pour enquêter, entend être tenue exclusivement et personnellement informée des développements de ses investigations. Un cas de conscience pour notre « commissaire aux affaires extraordinaires » qui rend compte d'habitude au Roi lequel lui accorde toute sa confiance et à qui il est tout dévoué ! Autour du marquis de Ranreuil, ses amis le mettent en garde : cette affaire est grave et pourrait entraîner sa disgrâce, et pour faire pression sur lui, on le menace même de révélations sur sa vie privée !

    Il est aidé par son fidèle et efficace Bourdeau, toujours aussi critique au regard de la Cour. Il est ici l'expression d'un peuple qui gronde et auquel il appartient, même si ses fonctions policières l'amènent à protéger la royauté ! Certains de ses propos prennent dans ce récit une dimension prémonitoire. Plus les investigations avancent autour du vicomte de Trabard , plus le secret s'étend, d'autant que cette époque est troublée, que le roi a de moins en moins de pouvoirs, que les bases de la société se délitent, que des scandales éclatent, que l’État est en faillite à cause notamment des dettes faramineuses de la reine dans le remboursement desquelles le vicomte aurait pu jouer un rôle peu catholique, que le peuple fait de plus en plus entendre sa voix et ses revendications, menaçant l'ordre public, que circulent des pamphlets et des libelles, bref une atmosphère de fin de règne qu'un policier intègre ne peut que redouter ! Tout s'y met, même la terre qui ne cesse de trembler et ce volcan islandais qui répand ses vapeurs nocives jusque sur le royaume de France !

    Lors des investigations de Le Floch, le lecteur croise une franc-maçonnerie de plus en plus influente, l’énigmatique comte de Cagliostro, Restif de le Bretonne toujours aussi inattendu et insaisissable, l'ombre de Sartine, ancien ministre retiré des affaires mais toujours attentif aux choses de l’État, des faux-monnayeurs, des trafics en tout genre, des spéculations immobilières de la part d’ordres religieux qui ont pourtant fait vœux de pauvreté, des coteries où la galanterie le dispute à la corruption et à la volonté de nuire...

    Cette enquête est passionnante du début à la fin. Elle nous entraîne sous le règne de Louis XVI et nous dirige dans ce Paris du XVIII°siècle plein de mystères. Comme toujours je note les recettes de cuisine qui émaillent le récit, si détaillées et goûteuses que le lecteur a l'impression d'être invité parmi le commensaux. Comme toujours le texte est érudit et on y gagne toujours quelque chose qui ressemble à la connaissance de cette période passionnante et des gens qui y vivaient, petits ou grands !

    Un détail, et non des moindres cependant : je veux redire ici combien j'apprécie le style de Jean-François Parot, riche en tournures et en vocabulaire un peu surannés mais ô combien musicaux et distingués. C'est d'autant plus important à mes yeux qu'il est devenu presque banal d'écorcher au quotidien notre belle langue jusque dans les « sms » et que nombre de professionnels de la parole et de l'écrit qui sont censés en faire un usage correct ne cherchent même plus à la respecter. C'est plus fort que moi, mais j'aime qu'on serve correctement le français et c'est toujours pour moi un plaisir de lire de tels romans.

    © Hervé GAUTIER - Juillet 2013 - http://hervegautier.e-monsite.com









  • l'enquête russe

     

    N°550 – Décembre 2011

     

    L'ENQUÊTE RUSSE– Jean-François PAROT- JC Lattès.

     

    En cette année 1782, Louis XVI règne et l'action de la France en faveur des insurgés américains semble vouloir prendre un tour favorable au détriment des Anglais. Le tsarévitch Paul, le fils de Catherine II de Russie qui fait, en compagnie de sa femme le tour de l'Europe, séjourne incognito à Paris sous le nom de « Comte du Nord ». La Couronne voit là une occasion de se concilier, sur le plan international, les bonnes grâces de ce prince. A l'instigation de Sartine, impénitent collectionneur de perruques, ex- lieutenant de police, qui ne parvient toujours pas à se défaire de ses anciennes fonctions mais conserve en lui le sens de l'État, du service du roi et du secret, on met sur pied un projet en ce sens. Il s'agit de dérober au prince un objet précieux pour mieux le lui rendre ensuite et ainsi gagner sa confiance, sans, bien entendu, que la police soit compromise en cas d'échec et que le Roi lui-même n'en sache rien ! Le choix se porte sur une broche de grande valeur qui appartient à l'épouse du tsarévitch. Nicolas le Floch, marquis de Ranreuil, commissaire au Châtelet est évidemment chargé de cette mission délicate et surtout risquée puisque le « collaborateur » ponctuel, qui ne peut être qu'un malfrat, peut parfaitement disparaître avec son larcin. On choisit donc Dangeville, dit « la fouine », jeune et habile voleur promis à l'échafaud et engagé comme domestique dans la maison choisie par le tsarévitch. Il sera aussi les yeux et les oreilles de Le Floch. On va donc le manipuler, le circonvenir et lui promettre la vie sauve pour sa prestation. L'affaire se révèle plus délicate puisqu'il faut compter avec un grand nombre d'agents subalternes, parfois zélés et prévaricateurs, qui doivent cependant restés ignorants du projet, et surtout ne pas méconnaître les différents rouages de l'État et les hauts personnages désireux de ne pas perdre leur crédit auprès du monarque. Le secret devra donc entourer cette affaire pour ne pas qu'elle soit compromise malgré les inévitables dérapages et trahisons. Il a aussi quelques contradictions dans cette entreprise, d'autant que le Floch est tracassé par des états d'âme, chatouilleux qu'il est sur le plan de la probité et de l'honneur.

     

    Comme les choses ne sont jamais simples, le comte Rovski, ancien favori de la tsarine et qui vit en exil à Paris, est retrouvé assassiné. Une autre enquête s'ouvre donc, où il est question de favorites, de « dames galantes », de prostituées assassinées et affreusement mutilées, de bouges et de prédictions de « La Paulet », vieille amie de Le Floch et tenancière de lupanar, reconvertie sur ses vieux jours en pythonisse... Le tout sur fond d'impopularité de Marie-Antoinette surnommée « Madame Déficit », de conflit avec les Anglais et de menaces pesant sur la vie du tsarévitch. D'autre part et paradoxalement, la visite du couple princier ne passe pas inaperçue dans la capitale, Benjamin Franklin, l'ambassadeur des « insurgents », cultive le secret autour de sa présence en France et à l'hôtel de Rovski, on découvre des indices qui donnent à penser que les Américains ne jouent pas franc-jeu avec la France et que les Russes souhaitent procéder à une médiation qui mettrait en péril les intérêts français.

     

    Au cours de cette enquête aux multiples rebondissements qui met en scène « la meilleur police d'Europe », le lecteur croise l'espionnage, la fausse monnaie, les messages doublement codés au langage sibyllin, le secret et la raison d'État. Comme d'habitude les cadavres se multiplient autour de Le Floch et le mystère s'épaissit à chaque page.

     

    Dans chaque roman, il y a l'énigme et c'est déjà un plaisir de la suivre; elle tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin. Mais écrire une fiction, c'est aussi créer des personnages, leur donner une vie, leur prêter des sentiments et chaque volume de cette « saga  Le Floch » apporte au lecteur des détails qui enrichissent le portrait du héros. Il partage ses doutes, ses joies, ses espérances, son abnégation...

     

    Comme toujours avec Jean-François Parot, la lecture d'un de ses romans est un agréable moment, à la fois dépaysant et instructif, poétique parfois dans certaines descriptions. Ils ont déjà fait l'objet dans cette chronique de nombreux commentaires ( La Feuille Volante n° 536-537-538-542-543). J'apprécie l'ambiance du XVIII° siècle, la bonne chère, la richesse du vocabulaire, les mots et expressions à la saveur surannée autant que la pureté de son style. C'est là une heureuse manière de servir notre si belle langue française.

     

    Comme toujours je n'ai rien regretté... et j'attends le prochain.

     

    © Hervé GAUTIER - Décembre 2011.

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  • Le cadavre anglais

     

     

    N°542 – Octobre 2011

    LE CADAVRE ANGLAIS – Jean-François PAROT – JC LATTES

     

     

    Nous sommes à Paris en 1777, sous le règne de Louis XVI, pendant la période du carnaval. Le temps froid et la neige n'avaient, malgré tout, pas empêché le commissaire Nicolas Le Floch, Marquis de Ranreuil, de quitter, par hasard, sa permanence du Châtelet pour faire quelques pas à proximité de la prison de Fort-L'évêque où il avait trouvé la rue étrangement sombre et croisé un personnage énigmatique. Un prisonnier dont nul, même le directeur de l'établissement, ne savait rien, venait de se tuer en tentant de s'évader de cette geôle où il était emprisonné sur lettre de cachet. Les investigations du commissaire révélèrent rapidement que la victime n'était guère un quidam, qu'il avait en réalité été achevé d'un coup d'épée après une chute qui l'avait assommé et qu'il pouvait bien être anglais ! Voilà donc notre Marquis une nouvelle fois confronté à une énigme sur fond de combats pour l'indépendance américaine que soutient la couronne de France... et de fuite un peu précipitée du gouverneur de la prison !

     

    Cette affaire s'égare un peu avec pour décor les dettes de Marie-Antoinette, un cadeau original fait à la reine et qui est en réalité un objet volé dans un cabinet de curiosités de Frédéric, roi de Prusse, les intrigues de Cour, un phénomène atmosphérique à la fois bizarre et extraordinaire, le passé parfois tumultueux du commissaire... De dissimulations de cadavre en assassinat de témoin, de signature contrefaite en recherche d'un bouton d'uniforme perdu puis retrouvé, notre commissaire n'a pas trop de son adjoint et de ses traditionnels amis pour dénouer l'écheveau compliqué de cette affaire où se mêlent rebondissements et enlèvements. Au fur et à mesure du déroulement de ce roman, l'identité de cet Anglais mort semble une énigme de plus en plus indéchiffrable. Il y a aussi ce message sibyllin qu'il faut impérativement décrypter et cette histoire de montre et d'horloger qui pourrait bien ressembler à de l'espionnage industriel ou à une histoire d'agent-double... C'est que Sartine, alors ministre de la Marine souhaite faire résoudre l'épineux problème des longitudes qui permet de positionner correctement les navires en mer. En cela la France est bien entendu en concurrence avec l'Angleterre et les deux pays n'ont jamais entretenu de très bonnes relations ... Au bout du compte, le lecteur, tenu en haleine jusqu'à la fin par un sens consommé du suspense, verra que cet imbroglio se révèle petit à petit comme une affaire d'État où Éros danse avec Thanatos et où le mystère le dispute à la mystification.

     

    Sous forme d'éphéméride, l' auteur nous conte par le menu le déroulement de cette histoire un peu rocambolesque qui aurait parfaitement pu passer inaperçue mais que le hasard et le dévouement à la Couronne du Marquis ont suffi à compliquer.

     

    Je n'y peux rien, je suis amoureux du Siècle des Lumières et de Paris et j'apprécie d'avoir, dans chaque roman, des informations sur la vie de cette époque, qu'elles évoquent le potins, l 'histoire ou la vie des quartiers. J'aime aussi les expressions populaires, même si on ne les emploie plus aujourd'hui, les recettes de cuisine qui enrichissent le récit...

     

    Encore une fois, ce roman a été un bon moment de lecture.

     

     

     

     

     

    © Hervé GAUTIER – octobre 2011.http://hervegautier.e-monsite.com

     

     

     

     



     

     

     

  • LE CRIME DE L'HÔTEL SAINT-FLORENTIN – Jean-François PAROT

     

    N°538 – Août 2011

    LE CRIME DE L'HÔTEL SAINT-FLORENTIN – Jean-François PAROT JC LATTES

     

     

    Nous sommes en 1774 et Louis XV vient de mourir. Jean Le Noir vient de succéder à Sartine en qualité de Lieutenant général de police. Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil est toujours commissaire au Châtelet et doit donc s'adapter à son nouveau patron qui se méfie de lui, ce qui l'inquiète quelque peu. De plus ses collègues voient d'un assez mauvais œil qu'il ait les faveurs de Louis XVI comme il avait auparavant celles de Louis XV. Il craint une pause dans sa carrière, une disgrâce peut-être ?

     

    Le Duc de la Vrillières, M. de Saint-Florentin, ministre de la Maison du Roi le charge pourtant d'éclaircir un meurtre qui a eu lieu dans son hôtel particulier. Une femme de chambre a été égorgée d'une bien curieuse manière tandis que le maître d'hôtel, Léon Missery, est retrouvé blessé à ses côtés. Il va donc enquêter dans cette maison où il sent une hostilité de tous, en compagnie de son fidèle Bourdeau et de Guillaume Semacgus, chirurgien de marine. Comme toujours ses investigations vont révéler des faits curieux, la victime, Marguerite Pindron, était parée de bijoux et de vêtements bien au-dessus de sa condition, auparavant elle avait menée une vie pour le moins dissolue et entretenait des relations amoureuses avec le maître d'hôtel, lequel n'était pas vraiment en odeur de sainteté... Il va révéler la présence d'un autre amant qui a laissé des traces de sang, un trafic de chandelles, la présence d'un espion anglais, des témoignages contradictoires...

     

    Pour autant, les intrigues de cour vont bon train et chacun cherche à retrouver sa place auprès du nouveau roi. Ainsi Nicolas est-il sollicité par Le Noir pour éclaircir une histoire d'épidémie de charbon qui décime les bovins et menace l'approvisionnement de la capitale. Sartine, nouveau secrétaire d'État à la Marine, dont il reste l'ami mais qui ne perd rien de ses anciennes attributions de policier, le met en garde contre le duc de Vrillières. Nicolas, souhaitant ménager ses appuis mais restant quand même un zélé serviteur de l'État et du roi va enquêter tout en tenant compte de tout ce qui lui a été dit. Cela l'amènera chez les marchands de bestiaux autant que dans la maison de filles de St Michel, un couvent où vit retirée une parente du maître d'hôtel, il subira un attentat contre sa personne, devra également enquêter sur d'autres meurtres, connaîtra les horreurs de Bicêtre et les lieux de débauches fréquentés par des aristocrates souvent intouchables... Il découvrira que l'objet qui a tué les deux victimes ne peut-être qu'une « main d'argent », prothèse que porte le duc de Vrillière mais qu'il prétend avoir perdu...

     

    Comme toujours, j'ai apprécié ce Paris du XVIII° siècle, les recettes de cuisine et les remarques pertinentes sur la qualité des vins autant que le suspense parcimonieusement distillé jusqu'à la fin, la pratique jubilatoire de la langue française, la richesse du vocabulaire qui transforment chaque roman de Jean-François Parot en un bon moment de lecture.

     

    Hervé GAUTIER – Août 2011.http://hervegautier.e-monsite.com

  • LE FANTOME DE LA RUE ROYALE – Jean-François PAROT

     

    N°537 – Août 2011.

    LE FANTOME DE LA RUE ROYALE – Jean-François PAROT – JC Lattès.

    Les enquêtes de Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet.

     

    Paris, le 30 mai 1770, c'est le mariage du dauphin et Louis XV veut que la fête se termine par un feu d'artifice sur la place qui porte son nom. Malheureusement les explosions provoquent un incendie et la panique s'empare de la foule venue en masse assister à ce spectacle. On relèvera des centaines de morts et de blessés. Nicolas Le Floch, marquis de Ranreuil, commissaire de police au Châtelet obtient de Sartine, grand amateur de perruques et actuel Lieutenant général de la police, le droit d'enquêter sur cette affaire où des erreurs ont été commises en matière de maintient de l'ordre, d'autant plus que cette responsabilité incombait à la compagnie des gardes de Paris. Durant son enquête, notre commissaire découvre le cadavre d'une jeune femme d'une vingtaine d'années tenant fermement dans sa main une perle noire. De plus, l'examen post mortem révèle qu'elle n'a pas été écrasée comme les autres victimes mais étranglée ! A l'évidence on a mêlé sa dépouille à celles des autres cadavres pour masquer ce qui est en réalité un assassinat. Tel est le point de départ de cette passionnante enquête policière menée dans ce Paris du siècle des Lumières où le lecteur aime à se perdre et à se retrouver. Il y rencontre les gardes de la ville aux nouveaux uniformes chamarrés qui montrent plus que de l'opposition à la police officielle, Sartine contre qui des libelles circulent dans la cité, tout un peuple de « mouches » et de domestiques, le fidèle adjoint Pierre Bourdeau, Sanson, le bourreau qui fait aussi office de légiste et Guillaume Semacgus, chirurgien de marine qui assistent le commissaire... Le lecteur y croise le quotidien des gens du peuple, des cabarets et des maisons de plaisirs mais aussi les intrigues de Cour...

     

    Les investigations du marquis vont le mener rue Royale, chez Charles Galaine, un maître pelletier chez qui vivait cette jeune femme, sa nièce, Élodie. Il loge chez lui, sur ordre du roi qui l'apprécie et à qui il fera personnellement ses rapports. Cette résidence forcée va l'amener à découvrir tout un décor où l'hypocrisie le dispute aux réalités les plus sordides. Témoins ce Naganda, personnage ambigu, indien Micmac au visage tatoué, fils de chef d'une tribu alliée à la France en terre d'Amérique, ancien élève des jésuites qui use d'un langage châtié et cite Saint-Jean en latin et Racine en français. Lui aussi loge chez Galaine, mais dans une soupente. Son personnages et ce qui lui arrive sont de nature à jeter sur lui les doutes les plus fondés. Il deviendra plus tard un espion du roi dans les territoires d'Amérique tenus par les Anglais, mais pour l'heure il fait partie des suspects. Notre commissaire va découvrir bien pire, une servante qui cache sa future maternité et qui, de lévitations en révélations [en état de transe elle parle allemand et latin avec la voix des morts et révèle à Le Floch des détails sur sa vie qui ne sont connus que de lui seul] donnera toutes les marques d'une possession du démon, au point que l'archevêque de Paris soi-même va dépêcher un exorciste auprès d'elle. Semacgus qui ne croit ni aux fantômes ni au diable, rappelle le marquis à plus de rationalité et préfère à tout cela la manifestation de l'hystérie. Une telle procédure qui évoque le Moyen-Age n'a pas sa place au siècle de Voltaire et des encyclopédiste, mais pour Le Floch qui a reçu une éducation de qualité chez les bons pères, il en va aussi de l'ordre public dont il est le garant. Quant à Élodie, elle n'était pas exactement la jeune fille rangée qu'il avait imaginé, des personnages sont escamotés, d'autres disparaissent pour réapparaitre, un attentat est perpétré par les gardes de la ville contre un ancien procureur mais visait en réalité notre commissaire, un monstre au visage blanc est évoqué, un reçu est découvert dans la maison de Galaine et qui date du jour du drame, un testament caché et retrouvé par hasard par une enfant qui en sait probablement plus qu'elle ne veut en dire. Comme si tout cela ne suffisait pas il y a un infanticide, une faillite annoncée, des dettes de jeu et des vêtements mis en gage, des chantages, des amours contrariées, un procès un peu long où notre commissaire prend des accents de procureur... Mais la vérité finit par éclater ...

     

    Jean-François Parot dessine peu à peu pour le lecteur la personnalité et l'histoire parfois intime de son héros mais aussi se livre avec bonheur à des descriptions évocatrices [ Je retiens particulièrement l'épisode de l'exorcisme et aussi le portait de l'archevêque de Paris dont les états d'âmes transparaissent sous les mots]. J'aime bien le texte de ce récit, l'érudition de son auteur, les notes qui suivent les chapitres...

     

    Je continue avec bonheur et passion à découvrir l'œuvre de cet auteur qui sert si bien notre belle langue française, replonge son lecteur dans le contexte de ce siècle des Lumières, le dépayse agréablement et distille un suspense de bon aloi jusqu'à la fin. C'est à chaque fois un bon moment de lecture.

     

     

     

     

    ©Hervé GAUTIER – Août 2011.http://hervegautier.e-monsite.com

     

  • L'HONNEUR DE SARTINE – Jean-François PAROT –

     

     

     



    N°536 – Août 2011.

    L'HONNEUR DE SARTINE – Jean-François PAROT – JC Lattès.

     

    Nous sommes en 1780, à Paris, sous le règne de Louis XVI, M. Edme de Chamberlin, ancien contrôleur général de la Marine, vient de mourir. Celui-ci, susceptible de détenir des archives intéressant la Couronne, Nicolas le Floch, commissaire de police au Châtelet, se présente au domicile de M. Jacques Bougard de Ravillois, fermier général et oncle par alliance du défunt qui résidait chez lui. Comme rien n'échappe au policier, il constate que Chamberlin a été assassiné, écrasé par la baldaquin de son lit préalablement scié. Poursuivant ses investigations, le Floch va de surprise en surprise : testament volé, documents disparus qui pourraient être compromettants pour les affaires de l'État, codicille caché dans un meuble à secrets puis découvert, objets précieux subtilisés, billes qui ne seraient pas exactement des agates en verre... Il y a aussi cette absence d'échelle qui aurait permis de scier la courtine et ainsi de perpétrer le meurtre ... La poursuite de l'enquête mène notre commissaire et son inspecteur, le fidèle Bourdeau, successivement chez M. La Borde, fermier général et ancien premier valet du roi et M. Saint-James, ancien trésorier des colonies, et nombre de gens avec qui le défunt étaient en affaires, parfois un peu louches. Tout cela le mène à Gabriel de Sartine, ministre de la Marine... Comme il se doit, s'agissant de personnages importants, on demande à Le Floch d'être des plus discrets !

     

    Sartine, était pour la cabale une cible de choix et représentait pour Necker, directeur général des finances, un grand dépensier puisqu'il voulait moderniser la flotte ... Mais il semble que les documents disparus avaient une grande importance d'autant que le défunt lui-même y voyait, selon certains témoins, une assurance pour l'avenir. Ils porteraient atteinte à l'honneur du ministre, opération financières consenties au profit de la Marine, dispositions secrètes ? Sartine semble beaucoup tenir à ces documents et ce d'autant plus qu'il envoie un homme à lui pour les récupérer, sait s'attacher des espions...Vient se greffer une histoire de vases chinois également disparus dans des conditions énigmatiques mais dont un exemplaire au moins réapparait, proposé à un collectionneur, Tiburce, le fidèle valet de Chamberlin, également assassiné dans les conditions bizarres ... Bref, une affaire banale au départ qui prend une ampleur inattendue sur fond de guerre contre les Anglais pour la libération du peuple américain, de secrets, d'espionnages, de rebondissements inattendus, de contre-temps regrettables, de chantages dangereux, des rébus, avec en plus une tentative de meurtre sur la personne du commissaire, des problèmes familiaux le concernant, des dettes de jeu, des haines familiales et les apparences hypocrites qui veulent donner le change, des secrets d'alcôves, des trahisons, des adultères et un intérêt royal pour cette affaire dont Louis XVI se tient régulièrement informé ...

    L'enquête policière trouvera sa conclusion, mais le jeu politique prendra le dessus, avec la perfidie habituelle et sa volonté de puissance et de nuisance qui s'exerce souvent contre les plus fidèles serviteurs de l'État.

     

    Le livre aura toujours pour moi une supériorité sur les séries télévisées ou sur les films, si bien réalisés soient-ils. Je ne connaissais pas les œuvres de Jean-François Parot. Je dois dire que j'ai apprécié de me retrouver dans ce Paris du XVIII° siècle, dans le quotidien du peuple autant que les intrigues de cour. J'ai goûté cette histoire policière passionnante du début à la fin, distillée dans un texte emprunt d'un vocabulaire riche et parfois délicieusement suranné, avec des phrases ciselées avec bonheur, des expressions qui valent leur pesant d'histoire. J'ai bien aimé aussi les propos sur le vin, les recettes culinaires qui émaillent le récit et l'apparition épisodique mais bienvenue de la chatte Mouchette, sans oublier le chien Pluton qui gagne ici ses galons de limier.

     

    Un texte fort plaisant et bien écrit, un bon moment de lecture et un agréable dépaysement que je souhaite renouveler.

     

     

    ©Hervé GAUTIER – Août 2011.http://hervegautier.e-monsite.com